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Le sort du Sahel se jouera peut-être jeudi dans la capitale du Nigeria, Abuja. C’est là que la présidence tournante de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) accueille un sommet de l’organisation devant décider de la marche à suivre vis-à-vis des putschistes au Niger.
L’incertitude est totale alors que l’ultimatum lancé à la junte il y a huit jours pour qu’elle rétablisse le président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet, a expiré dimanche à minuit. La Cedeao n’a pas mis à exécution sa menace de recourir à la force, en dernier recours, contre les auteurs du cinquième putsch au Sahel en deux ans et le septième en Afrique occidentale et centrale en trois ans. Trop c’est trop, ont jugé les dirigeants des Etats de la Cedeao qui estiment que cette vague de coups d’Etat peut s’étendre à chacun d’entre eux.
Une dernière chance pour les sanctions et la diplomatie
Si les armes n’ont pas parlé lundi matin, cela n’implique pas qu’une intervention militaire conjointe soit exclue. L’histoire regorge d’ultimatums expirant sans réaction immédiate, mais dont les menaces sont mises à exécution quelque temps plus tard.
Mais la Cedeao veut visiblement donner une dernière chance aux efforts diplomatiques, pour l’instant sans effets (le chef de la junte a refusé jeudi de recevoir sa délégation) et, surtout, aux sanctions économiques. Le Niger dépend massivement d’un approvisionnement extérieur en électricité.
Se pose aussi la question de la légalité d’une intervention militaire de la Cedeao, organisation purement économique. Elle pourrait invoquer le chapitre 7 de la charte de l’ONU qui autorise une intervention contre un pays menaçant la sécurité et la stabilité d’une région, bien que la situation au Niger et à ses frontières semble calme.
Les rapports de force militaire
La junte se prépare en tout cas à l’affrontement : elle a fermé dimanche soir son espace aérien. Et les juntes malienne et burkinabée, solidaires de leurs confrères en coup d’Etat, ont envoyé une délégation à Niamey pour témoigner de leur solidarité. En clair envoyer un message à la Cedeao selon lequel une intervention militaire du bloc pourrait trouver sur son chemin des soldats maliens et burkinabés en sus des Nigériens.
Les trois juntes excipent de l’échec des gouvernements civils dans la lutte contre les djihadistes, mais cela n’est pas confirmé par les faits. Selon Armed conflict location and event data project (ACLED), le nombre de civils tués dans le Sahel par des terroristes a augmenté depuis 2021, pour atteindre 7.800 au premier semestre, et se concentre sur… le Burkina Faso et le Mali.
Sauf coup de maître, par exemple neutralisation de la junte par des éléments aéroportés du Nigeria, une intervention militaire se traduirait vraisemblablement par des affrontements d’ampleur entre les armées des pays de la Cedeao, surtout du Nigeria mais aussi de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, et celle du Niger, appuyée peut être par le Burkina Faso et le Mali.
Les putschistes accusent, discours classique en Afrique, la France de mener une politique néocoloniale via la Cedeao. Ce bloc pesant pour un tiers de la population africaine, soit 412 millions d’habitants, compte, certes, huit anciennes colonies françaises, indépendantes au demeurant depuis 1960, dont les quatre pays suspendus de ses instances décisionnelles pour cause de putsch (Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée Conakry), mais aussi deux portugaises et quatre britanniques, dont le Nigeria, poids lourd d émographique, militaire et économique du continent.
Les rapports de force militaires
Les effectifs de l’armée nigérienne tourneraient autour de 25.000 soldats, dotés d’une centaine de blindés mais d’aucun char d’assaut. Niamey dispose toutefois d’une trentaine d’avions de combat et une quinzaine d’hélicoptères d’assaut. Le Mali compterait 21.000 soldats, dotés de dizaines de blindés délabrés, ainsi que de 6 avions de combat. Le Burkina Faso compte 7.000 soldats.
Sont en service au Nigeria, classé comme la troisième armée la plus puissante du continent, 145.000 soldats, 300 chars, une quarantaine d’hélicoptères d’assaut et une trentaine d’avions de combat. La Côte d’Ivoire aurait 30.000 soldats, équipés de quelques centaines de blindés mais d’un seul hélicoptère d’attaque. Près de 14.000 soldats servent au Sénégal.
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