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Le marché de l’obésité fait saliver les investisseurs . Il pourrait atteindre 77 milliards de dollars par an en 2030 au niveau mondial, selon les dernières projections de Morgan Stanley. Voire plus de 100 milliards par an en 2031 selon le cabinet Jefferies, vu la demande mondiale pour la nouvelle génération de coupe-faim apparue en 2021 avec le Wegovy du danois Novo Nordisk .
Mais en attendant l’eldorado, c’est le chaos. Au détriment des diabétiques. Le battage médiatique lié au lancement du Wegovy a déclenché dès 2022 une pénurie de toute la classe d’antidiabétiques dont il émane. Ceux voulant perdre du poids sont encouragés par les réseaux sociaux comme Tik Tok , qui vantent les antidiabétiques comme aussi efficaces que le Wegovy. A commencer par l’Ozempic, son grand frère chez Novo. La pénurie d’Ozempic s’est répercutée sur les autres antidiabétiques de la même classe, dont celui prescrit aux diabétiques ayant des risques cardiovasculaires, le Trulicity de l’américain Lilly, et son nouvel antidiabétique, le Mounjaro.
Lilly veut rajouter dès que possible au Mounjaro l’indication de traitement de l’obésité. La frontière antidiabétique/coupe-faim est de moins en moins comprise du grand public et, aidé par des ordonnances de complaisance, le détournement d’usage des antidiabétiques s’aggrave, pénalisant les malades. Même en France, « la part de patients considérés comme en mésusage parmi ceux ayant perçu un remboursement d’Ozempic est passée de 0,7 % en mai 2022 à 1 % en septembre 2022 et à 1,4 % fin mai 2023 », a détaillé fin juillet l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Boris Johnson malade
En Angleterre, l’ex-premier ministre Boris Johnson, redevenu journaliste, a naïvement fait son édito dans le tabloïd « Daily Mail » le 16 juin en narrant sa tentative de perdre du poids avec l’Ozempic. Sans préciser comment il a eu l’ordonnance, sachant qu’il n’est pas diabétique. La vente en ligne, dans les pays anglo-saxons, aide à se le procurer. Mais elle pose un autre problème : les contrefaçons fleurissent. La France, bien contrôlée, y échappe. Mais ailleurs, les témoignages sur les réseaux sociaux de ceux qui se sont retrouvés aux urgences pour avoir voulu perdre quelques kilos se multiplient. C’était inévitable vu la cherté de ces produits. Aux Etats-Unis, le Wegovy s’affiche à 12.000 dollars.
Même après les récents rabais consentis sur l’Ozempic aux Etats-Unis par Novo, il faut pouvoir se le payer, sans être sûr du résultat. Il ne marche pas pour tout le monde, et les effets secondaires gastro-intestinaux sont fréquents. Boris Johnson a dû arrêter l’Ozempic tant il avait la nausée. L’agence européenne du médicament, elle, enquête sur des effets plus graves de cette famille d’antidiabétiques/coupe-faim appelée les « agonistes de récepteur GLP1 », après la remontée de 150 cas de pensées suicidaires et d’automutilations. C’est peu au regard des millions de patients. Mais faut-il courir le risque juste pour perdre du poids ? Pas sûr aux yeux des autorités de santé. « La revue d’Ozempic, Saxenda et Wegovy a commencé le 3 juillet et a maintenant été élargie à d’autres agonistes de récepteur GLP1 », indique l’organisme européen. Elle devrait s’achever en novembre 2023.
Eldorado ou mirage
Les investisseurs, eux, s’inquiètent à l’idée que les autorités de santé nationales n’acceptent pas le remboursement des traitements anti-obésité. Ils doivent être remboursables pour que le marché soit important. Mardi, le PDG de Lilly, Dave Ricks, a rappelé le coût élevé de l’obésité pour les systèmes de santé. De fait, l’obésité coûte 10,6 milliards par an à la France du fait des complications médicales liées. Lilly fait miroiter les économies que la perte de poids génère, en sus de l’amélioration de la qualité de vie.
Tant Lilly que Novo s’emploient à démontrer les bénéfices médicaux de leurs traitements de l’obésité. Pour qu’ils soient remboursables, il faudrait que les Etats-Unis ouvrent la voie, mais les assureurs santé privés américains renâclent. Ils en auraient pour une fortune, vu les 40 % d’obèses américains, même si les prix baissaient. Car ce sont des traitements à vie. Leur arrêt fait reprendre tout le poids perdu. L’obésité gagnant du terrain partout, y compris en France, où 17 % des 66 millions de Français sont en surpoids élevé, pas sûr que les systèmes de santé publics aient davantage que les assureurs privés les moyens de rembourser des traitements à vie de l’obésité. Sauf à les réserver, par exemple, aux obèses cardiaques. Le marché de l’obésité ne tournerait pas totalement au mirage, mais ce ne serait alors pas l’eldorado annoncé.
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