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En réunissant cette semaine, à Belém, les dirigeants des huit grands pays qui abritent une partie de la forêt amazonienne, le président du Brésil, Lula, veut montrer qu’il a opéré une volte-face environnementale par rapport à son prédécesseur .
En quatre ans, la politique menée par Jair Bolsonaro a eu un impact désastreux sur l’immense forêt tropicale. Selon les chiffres de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), la déforestation annuelle moyenne en Amazonie a augmenté de 75 % entre 2019 et 2022. L’an dernier, 11.600 km2 de forêt ont ainsi disparu, après un record de 13.000 km2 en 2021.
Police de l’environnement démantelée
« Une déforestation à 95 % illégale », rappelle Catherine Aubertin, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement. Orpailleurs, acteurs de l’agrobusiness et, surtout, trafiquants de terres ont pu s’en donner à coeur joie en faisant fi des lois, les moyens des institutions en charge de la protection de l’Amazonie ayant été réduits drastiquement. « Bolsonaro avait totalement démantelé la police de l’environnement », explique la chercheuse.
Dès son accession au pouvoir, Lula a indiqué qu’il comptait inverser la tendance. Il a notamment présenté en juin un grand plan visant à éliminer la déforestation illégale de l’Amazonie d’ici 2030, passant par la saisie des zones exploitées illégalement, ou l’embauche de milliers de spécialistes chargés de surveiller la zone.
Une politique qui rencontre déjà quelque succès, semble-t-il, même s’il faudra attendre le bilan de l’année pour en juger réellement : selon l’INPE, les surfaces concernées ont baissé d’un tiers (à 2.650 km2) au premier semestre, par rapport à la même période de 2022.
Par ailleurs, les pays comme la Norvège et l’Allemagne, qui avaient gelé sous Bolsonaro les financements accordés au Fonds pour l’Amazonie (créé en 2008 par le Brésil et la Norvège et doté de plus de 650 millions de dollars), sont revenus à bord . Le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, les Etats-Unis et la Suisse ont annoncé ces derniers mois leur intention d’y contribuer également.
Une forêt émettrice de carbone
Le président brésilien doit toutefois se garder de tout triomphalisme. D’abord, parce qu’il est déjà un peu tard. Si, abritant certains écosystèmes exceptionnels, l’Amazonie reste un trésor incomparable pour la biodiversité, elle ne joue plus parfaitement son rôle de poumon de la planète. Alors que les forêts, en particulier tropicales, sont censées absorber du carbone, une étude scientifique publiée en 2021 dans la revue « Nature » a montré qu’entre 2010 et 2019, l’Amazonie brésilienne a émis plus de carbone qu’elle n’en a absorbé. En cause, la déforestation, mais aussi les incendies ou le réchauffement climatique.
Par ailleurs, la protection de l’Amazonie est loin d’être suffisante pour que le Brésil puisse se prévaloir d’une véritable politique en faveur de l’environnement et du climat. « La destruction des puits de carbone est tout aussi inquiétante dans le Cerrado, mais le sujet intéresse moins l’opinion internationale », relève Catherine Aubertin. Près de 11.000 km2 de savane y ont ainsi disparu l’an dernier, au profit notamment de la culture du soja.
La construction d’une route traversant l’Amazonie, ou les nouveaux projets d’exploitation des ressources pétrolières du pays, montrent également que le Brésil est loin d’être un modèle en la matière, souligne aussi la spécialiste. Lula n’a toutefois pas totalement les mains libres : le congrès, resté conservateur, a déjà freiné ses ambitions, en limitant les pouvoirs du ministère de l’Environnement en juin dernier.
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