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Le coup d’Etat est furieusement tendance en ce moment au Sahel. Cette bande semi-désertique traversant une douzaine de pays africains de l’Atlantique à la mer Rouge, a connu cinq coups d’Etat en trois ans : le renversement du président élu démocratiquement au Niger a emboîté le pas aux putschs du Mali et du Burkina Faso.
Une sinistre performance sans équivalent au monde actuellement, qui reflète l’instabilité politique, mais aussi économique et sécuritaire de cette région grande comme six fois la France. Y sévissent trafics d’êtres humains, d’armes, de cigarettes, de carburants et de drogues sur fond de conflits ethnoreligieux et de terrorisme djihadiste. Un terrorisme métastasé depuis la fin de la guerre civile algérienne en 1999.
Une région relativement pauvre
C’est parce que le Sahel est repère de djihadistes et plaque tournante de l’immigration clandestine en Europe que les Occidentaux s’y impliquent, en sus de l’intérêt qu’éprouve la France pour des territoires qui faisaient partie jusqu’en 1960 de son empire colonial (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Sénégal et Mauritanie, de même que les régions septentrionales de la Côte d’Ivoire et du Cameroun).
Mais, face aux Etats-Unis, qui disposent d’une base de drones au Niger, et à la France (dont les prétentions à être le « taulier » de la région ont été sévèrement battues en brèche par l’expulsion de ses soldats par ses ex-alliés burkinabés et maliens, en attendant le Niger), montent en puissance la Russie et la Chine . Le Royaume-Uni s’étant, prudemment, peu ou prou sorti du jeu, où entre depuis peu la Turquie.
Une rivalité géopolitique un peu étrange à première vue, car cette région à la croissance démographique hors de contrôle (5 enfants par femme en moyenne) ne regorge pas vraiment de richesses : de l’uranium, au Niger, certes, un peu de pétrole, des gisements de fer et de bauxite difficiles à exploiter en raison de l’insécurité ambiante et de l’instabilité juridique. En clair, il y a des coups à prendre et peut-être pas grand-chose à gagner, hormis de l’influence dans une cocotte-minute de cent millions d’habitants à trois heures d’avion de l’Europe.
La Russie arme mais ne commerce pas
Toujours est-il que la Russie y pousse ses pions, efficacement, auprès des putschistes du Mali et du Burkina Faso, en espérant sans doute récupérer le Niger après le départ des Français. Au point que certains ont vu la main de la fameuse firme de mercenaires Wagner dans le coup d’Etat de jeudi dernier à Niamey, alors que sa présence sur place n’est pas avérée.
Là, comme ailleurs en Afrique, ses leviers d’action sont les ventes d’armes et les contrats de services de sécurité, via Wagner, en s’appuyant de surcroît sur une vieille complicité idéologique et anti-impérialiste. Mais de commerce ou d’investissements, quasiment pas. La raison en est simple : l’économie russe et celles des pays du Sahel sont peu complémentaires, puisque fondées sur des exportations de matières premières, minières et pétrolières.
Pour la Chine, c’est l’inverse. Nul mercenaire tapageur, peu d’entrisme politique, ou militaire. Mais une politique assumée du carnet de chèques, via les exportations de produits industriels, ou des chantiers d’infrastructures.
La France partenaire commercial clé des putschistes
Ainsi, en se concentrant sur le commerce extérieur des trois pays dirigés désormais par des putschistes (Niger, Mali, Burkina Faso), assiste-t-on à un « mano a mano » franco-chinois, tandis que la Russie figure en queue de peloton. Selon les données 2021 du site de référence Trading Economics, la France est le deuxième fournisseur du Niger, comptant pour 15 % de ses importations, derrière la Chine (19 %), tandis que la Russie se classe au-delà de la quinzième place (0,4 %). En revanche, la Chine n’achète presque rien au Niger (0,06 % de ses exportations, pour être précis), alors que la France en est le premier client (23 %), grâce à l’uranium.
Au Mali, la Chine est le premier fournisseur (16 %) et la France quatrième (8 %), tandis que la Russie figure au treizième rang (1,4 %). Conformément à sa stratégie consistant à vendre beaucoup et acheter peu, la Chine n’est que le neuvième débouché (0,9 %) et la France treizième (0,44 %) d’un Mali privilégiant le commerce avec… l’Afrique du Sud et la Suisse.
Pékin est aussi le premier fournisseur du Burkina Faso (14 %) et la France troisième (8 %). La Russie apparaît enfin sur les écrans radars, au dixième rang, avec 5 % des importations burkinabées. Pour ce qui est des exportations du Burkina Faso, la France figure à un modeste huitième rang (0,8 %) et la Chine treizième (0,4 %), la Russie n’étant pas visible.
La Chine sur les talons de la France dans l’investissement
La configuration entre Paris, Pékin et Moscou est à peu près identique dans les autres pays du Sahel où l’ordre constitutionnel a été vaguement respecté ces dernières années, Tchad, Soudan, Mauritanie, ou Sénégal, seule démocratie de la région… sous réserve de la dissolution récente du principal parti d’opposition , le Pastef, et de la suspension de l’Internet mobile !
Autre volet, l’investissement direct, où, cocorico, la France figure encore au premier rang au Mali et au Niger, devant la Chine et les Etats-Unis et se classe deuxième au Burkina Faso, encore loin devant la Chine, huitième. Au Sahel, comme presque partout en Afrique, la Russie n’a pas investi un kopeck…
Les chantiers d’infrastructures, encore un match entre Pékin et Paris
Les chantiers d’infrastructures constituent un classique levier d’influence dans lesquels Paris, par sa politique traditionnelle de grands travaux, et Pékin, fort de l’adage « si tu veux prospérer commence par construire des routes », excellent, comme l’Italie ou la Turquie. La Russie, là encore, brille plutôt par son absence au Sahel. Toutefois, les réalisations chinoises, à l’image du troisième pont sur le fleuve Niger à Niamey, restent relativement modestes en comparaison de ce que Pékin réalise dans le Maghreb, ou en Afrique orientale.
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