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Classique des vacances des locataires de l’Élysée, cette résidence d’été perchée sur une presqu’île de la Méditerranée est sous très haute surveillance. À la manœuvre: des gendarmes et des policiers en charge de la sécurité des chefs de l’État, contraints notamment d’utiliser des plongeurs pour sécuriser les baignades présidentielles.
Le soleil, la mer et le risque que les congés d’été du président tournent mal. « Brégançon est un casse-tête en version facile », nous explique Christian Prouteau, le fondateur du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR).
Pour protéger ce lieu qui accueille la pause estivale des chefs de l’État depuis 1968, tout repose sur cet organe qui compte une soixantaine de policiers et de gendarmes. Charge à eux de surveiller cette résidence de vacances tombée dans l’escarcelle des présidents depuis Charles de Gaulle, à quelques encablures du Golfe de Saint-Tropez.
« Ici, il faut toujours garder un œil sur la terre, la mer et les airs », résume ainsi le journaliste Guillaume Daret, auteur du Fort de Brégançon, histoires, secrets et coulisses des vacances présidentielles.
Gendarmes et « sonnettes »
Pour accéder à cette demeure bourgeoise, perchée sur une presqu’île, et construite autour d’un jardin biscornu, entre oliviers, cyprès et mimosas, il faut d’abord passer par un chemin de terre contrôlé par les « sonnettes ». Ces gendarmes sont chargés de repérer des mouvements suspects et de contrôler chaque personne qui veut accéder à Brégançon.
« Vous avez toujours dans l’équipe des « sonnettes » des gens qui connaissent très bien l’endroit, les voisins. Vous repérez rapidement si des mouvements vous paraissent suspects, si vous voyez toujours la même voiture », expliquait l’ex patron du GIPN et ex numéro 1 du GSPR Alain Le Caro sur France culture en 2018.
Le lieu, à forte valeur symbolique, est d’ailleurs régulièrement visé. Le courant avait ainsi été coupé par des opposants à la réforme des retraites le 15 mars dernier. Un rassemblement contre le pass sanitaire avait également été organisé à proximité en août 2021.
Des baignades estimées à 60.000 euros
Autre accès à sécuriser: la Méditerranée. « Quand le président veut aller se baigner, on sort toujours la grosse artillerie », explique Christian Prouteau en rappelant l’interdiction de mouiller dans la baie qui entoure le fort à moins de 300 mètres.
Au menu: des plongeurs qui vérifient en amont de la baignade qu’aucun objet explosif n’a été déposé dans la mer puis un passage en revue très minutieux des alentours. Lorsque le chef de l’État descend – après pas moins de 200 marches pour accéder à la plage creusée dans les rochers à l’arrière du fort – la sécurité se fait plus discrète.
« On est dans un moment de détente. On est évidemment présent mais il ne faut pas que le chef de l’État et sa famille aient l’impression qu’on soit collé à eux », justifie Christian Prouteau.
Un agent peut donc se baigner à proximité du président, tandis que d’autres vont être sur des Zodiac à plusieurs centaines de mètres. Cette organisation a un coût: environ 60.000 euros la baignade, selon l’ouvrage de Guillaume Daret. « Quand vous vous baignez, vous vous dites le coût du bain est élevé », reconnaissait même François Hollande.
Jacques Chirac photographié nu
De quoi pousser Emmanuel Macron à faire construire une piscine hors-sol en 2018 pour des raisons d’économie. Mais la manœuvre permet aussi d’éviter de photos prises depuis la plage qui sortiraient dans la presse, potentiellement embarrassantes.
Dans les rangs du pouvoir, personne n’a oublié la mésaventure de Jacques Chirac. En août 2001, le chef de l’État est photographié dans le plus simple appareil par des paparazzis. Le corrézien avait été interloqué par l’hélicoptère qui décollait du yacht du pilote de Formule 1 Michael Schumacher dans la baie de Brégançon. De quoi le pousser à dégainer ses jumelles pour regarder le spectacle, sans se soucier d’être vu.
« Éviter les photos, mission impossible »
Une aubaine pour les photographes. Si les clichés n’ont jamais été publiés, ils montrent la difficulté pour la sécurité.
« Éviter toutes les photos est quasiment mission impossible, depuis l’invention des téléobjectifs », avance le colonel Denis Roux qui a assuré la sécurité de François Mitterrand et de Jacques Chirac dans le livre Protèger le président.
Depuis cet épisode, plusieurs couvertures de magazine ont parfois mis dans l’embarras l’Élysée comme en 2017. Valérie Trierweiler, à l’époque la campagne de François Hollande, n’avait guère apprécié se voir en maillot de bain dans Voici et de Public (ces revues ont été ensuite été condamnées NDLR).
Un drone neutralisé au-dessus de Brégançon
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, on a pu apercevoir le chef de l’État sur un jet ski ou encore Brigitte Macron en train de promener Nemo sur la jetée ce samedi dans les colonnes de Nice-Matin.
« Il y a plusieurs lieux identifiés pour les journalistes comme La Cabasse, une pizzeria sur la plage du Cabasson à quelques centaines de mètres du Fort. L’avantage, c’est que vous ne pouvez pas vraiment planqué comme dans un appartement pendant des mois », avance Christian Prouteau.
Dernier endroit qui peut donner des sueurs froides au GSPR: les airs, en dépit d’une interdiction de survol. Avec dans le viseur: les drones. Les services de l’Élysée ont fait déployer ces dernières années un système de brouillage. En 2018, un engin volant avait d’ailleurs été observé avant d’être neutralisé et de tomber dans l’eau.
Une situation géographique avec des avantages
La situation du Fort de Brégançon sur un large promontoire avec une vue à 360 degrés sur la mer n’a cependant pas que des inconvénients. Elle permet aussi une certaine discrétion.
« Nous avions pu accueillir Abdelaziz Bouteflika, le président algérien qui avait atterri au pied de Brégançon en hélicoptère avant qu’une voiture ne vienne le chercher. C’est idéal pour la discrétion », sourit Paul Poudade, l’ancien chef du protocole de Jacques Chirac.
« Protéger les présidents contre eux-mêmes »
Les bains de foule font également partie du passage obligé, sans fouille des badauds en amont qui font le pied de grue dans l’espoir de voir le président.
« Il faut parfois protéger les présidents d’abord d’eux-mêmes quand ils aiment aller au contact », résume le colonel Denis Roux dans l’ouvrage Protéger le président. Emmanuel Macron affectionne, lui, l’exercice.
« C’est un équilibre subtil. Il faut évidemment donner un peu aux Français qui ont envie de voir des images de vous en train de serrer des mains pendant l’été. Mais c’est aussi un moment de pause avec vos proches », décrypte le journaliste Guillaume Daret.
Des bains de foule passés au scanner
Ces scènes aux allures d’images d’Epinal n’ont toutefois rien d’évidentes pour la sécurité des présidents.
« Tout est basé sur l’observation à ce moment-là. Vous devez scruter et faire jouer votre bon sens », explique Christian Prouteau qui cite un contre-exemple: le 14 juillet 2002.
Cette année-là, un jeune homme avait tiré sur Jacques Chirac lors du défilé sur les Champs-Élysées avec une carabine détenue dans un étui à guitare.
« En général, c’est le genre de petit détail qui accroche votre regard. Un vacancier qui attend le président avec une grosse valise par exemple ou avec un gros pull, c’est un peu étrange », synthétise le fondateur du GSPR.
Emmanuel Macron devrait passer les prochaines semaines à Brégançon avant de présider un Conseil des ministres à l’Élysée le 23 août.
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