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Publié le 13 juil. 2023 à 7:21Mis à jour le 13 juil. 2023 à 11:24
Pour la quatrième fois depuis 2015, le Premier ministre indien, Narendra Modi, viendra en visite officielle en France. Il assistera en tant qu’invité d’honneur aux célébrations du 14 Juillet. L’après-midi, il s’entretiendra avec le chef de l’Etat français, avant un dîner de gala au Louvre en présence d’industriels, de sportifs et de représentants culturels parmi les quelque 200 convives.
Cette visite du leader indien intervient alors que le partenariat stratégique entre la France et l’Inde fête ses vingt-cinq ans. « Nous sommes à un tournant et nous sommes impatients de travailler à une feuille de route pour les vingt-cinq prochaines années du partenariat », a confié Narendra Modi lors d’un entretien exceptionnel aux « Echos » avant son départ pour Paris, insistant sur le niveau de confiance « sans égal » qui existait entre les deux pays.
« Outre les questions de défense, la visite sera l’occasion de marquer de nouveaux progrès, que ce soit sur la question des satellites d’observation, de la coopération en matière de vols habités, de lancements de satellites », indique-t-on à l’Elysée.
Des contrats dans la défense
Dans la défense, colonne vertébrale du partenariat franco-indien, plusieurs annonces sont attendues. New Delhi, qui cherche à muscler ses capacités militaires pour contrer son voisin chinois, pourrait notamment officialiser la commande de 26 Rafale Marine de Dassault, comme le révélait la presse indienne plus tôt dans la semaine.
Ces appareils sont destinés à l’« INS Vikrant », le tout nouveau porte-avions made in India. Une commande qui permettra à l’Inde de renforcer ses capacités de projection dans l’océan Indien. L’armée indienne a déjà commandé 36 Rafale à Dassault. Trois Rafale indiens défileront d’ailleurs au-dessus des Champs-Elysées vendredi.
Sous-marins Scorpène
L’Inde pourrait également commander trois sous-marins de classe Scorpène à Naval Group. Six vaisseaux de ce type ont déjà été construits sur le sol indien en partenariat avec le constructeur français et ont été mis en service par la marine indienne. Emmanuel Macron et Narendra Modi devraient par ailleurs évoquer l’accord entre Safran et Hindustan Aeronautics Limited (HAL) pour le co-développement d’un moteur destiné au futur avion de chasse indien.
Le dossier de la centrale nucléaire de Jaitapur figurerait aussi à l’agenda des discussions, mais il est peu probable qu’un accord soit trouvé, étant donné les blocages qui persistent autour du financement du projet.
Sur le plan culturel, de nouvelles initiatives sont attendues pour intensifier les échanges entre les sociétés civiles, que ce soit au niveau des entreprises, mais aussi et surtout de la jeunesse. « Emmanuel Macron avait fixé l’objectif, en 2018, de 20.000 étudiants indiens en 2025. Nous devrions terminer l’année avec environ 10.000 étudiants », indique l’Elysée.
Un partenaire devenu incontournable
L’Inde apparaît de plus en plus comme un partenaire incontournable pour les pays occidentaux. D’abord parce que le sous-continent offre un contrepoids à la Chine.
Pour la France, il s’agit également de choyer ce partenaire au nom du « de-risking » de la zone indo-pacifique. « Dans cette région complexe, nous continuons d’être une voix stable et raisonnable », fait valoir Amitabh Kant, le sherpa indien du G20. De son côté, l’Elysée insiste sur le fait que « l’Inde est un des piliers de notre stratégie indo-pacifique. C’est avec elle que nous voulons construire un projet qui repose sur la même ambition d’un espace libre, ouvert, où le droit international est pleinement respecté. »
De fait, la diplomatie française apprécie la lisibilité de la stratégie du géant asiatique et vante la relation spéciale entre la France et l’Inde, amorcée bien avant que ce dernier ne devienne le partenaire le plus recherché dans le « Sud Global ». Au sein du gouvernement indien, on accorde une grande importance à la relation avec la France. On se souvient notamment que Paris, contrairement à Washington, avait refusé d’imposer des sanctions à New Delhi après les essais nucléaires indiens de 1998.
Puissance économique
Dans les cercles du pouvoir indien, une expression revient sans cesse : « Amrit Kaal », soit « l’âge d’or » dans lequel l’Inde s’apprêterait à entrer. « Dans un monde de plus en plus désorganisé, l’Inde est appelée à jouer un rôle important », décrypte un haut fonctionnaire indien. Le pays serait ainsi sur le chemin pour retrouver « sa vraie place » sur la scène mondiale, comme nous l’a expliqué Narendra Modi.
L’Inde plaide d’ailleurs pour une refonte totale des instances onusiennes et souhaite être intégrée au Conseil de sécurité de l’ONU. Une demande soutenue par la France qui considère comme une anomalie cette absence au sein du « P5 ». « Cela prendra du temps, mais nous continuerons de faire pression », insistait Amitabh Kant. La France voit également dans l’Inde, troisième pollueur mondial, un partenaire indispensable pour tenir les engagements climatiques pris par la communauté internationale.
Quelques pierres d’achoppement
Il reste des pierres d’achoppement entre Paris et New Delhi, notamment la guerre en Ukraine. Au nom d’une amitié de plus de soixante-dix ans avec Moscou, New Delhi a refusé de condamner explicitement l’agression russe à l’ONU.
L’Inde a tiré profit des sanctions occidentales, puisqu’elle achète désormais des quantités phénoménales de pétrole russe à des prix défiant toute concurrence. « En achetant du pétrole brut à la Russie que nous raffinons pour le rediriger vers l’Europe notamment, nous avons stabilisé le marché pétrolier international », défend l’ambassadeur indien en France, Jawed Ashraf. « Si nous n’avions pas maintenu nos relations avec la Russie et acheté du pétrole russe à des prix raisonnables, nous aurions eu une inflation galopante en Inde », justifie Amitabh Kant.
« Nous avons une relation très importante avec la Russie, qui nous a supportés tout au long de notre histoire depuis l’indépendance. Nous ne pouvons pas changer de position vis-à-vis de Moscou du jour au lendemain. » Une position que Paris s’est résigné à accepter.
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