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(BFM Bourse) – Sur le marché secondaire, le rendement à de l’obligation à 10 ans du pays hellénique est retombé autour de 4,13% tandis que, sur la même échéance, le taux du bon du Trésor américain frôle les 5%. Athènes a su mettre en place des réformes et des mesures qui ont lui ont permis de redresser ses finances publiques.
Aussi douloureuses et amères qu’elles ont pu être pour le peuple grec, la cure d’austérité et les réformes prises par Athènes depuis une quinzaine d’années (certes couplées à un fort rebond économique post-Covid) ont produit leurs effets.
Au point que la dette grecque est l’une des rares à voir sa valeur augmenter. Sur le marché secondaire, le rendement à 10 ans de la dette souveraine grecque s’établit désormais à 4,13% (*) contre 4,64% en janvier. La valeur des obligations évoluant en sens inverse de leur rendement, la dette grecque s’est donc appréciée sur l’ensemble de l’année, ce malgré les relèvements de taux de la Banque centrale européenne. Nous n’avons pas d’autres exemples en tête dans la zone euro…
Désormais, le rendement exigé par les investisseurs sur le marché est moins élevé que pour les Etats-Unis. Le taux de l’obligation américaine à 10 ans se situe en effet pas très loin de 5% actuellement.
« On le sait, la hausse des taux a été la plus forte aux Etats-Unis, traduisant la résilience de l’économie américaine, expliquée aussi par la dégradation du déficit public, et l’avalanche d’émissions de titres d’Etat », a expliqué en début de semaine Sebastian Paris Horvitz de LBPAM. Selon Bloomberg, les coûts que paie l’Etat américain pour honorer à la fois les intérêts et les nominaux de ses emprunts ont totalisé 652 milliards de dollars sur les neuf mois allant d’octobre 2022 à fin juin 2023.
Cela dit ,nous avons pris les Etats-Unis pour le symbole, mais l’Italie (4,86%) et le Royaume-Uni (4,61%) affichent également des rendements sur leurs titres à 10 ans supérieurs à ceux de la Grèce.
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« La bonne surprise de la zone euro »
Les efforts entrepris par Athènes ne sont pas passés inaperçus. « La Grèce a sans doute été la bonne surprise de la zone euro au cours des dernières années et les perspectives à court terme semblent bonnes », relevait en mai Capital Economics.
Le satisfecit le plus important est venu de S&P. La Grèce a vu sa note de crédit relevée la semaine dernière à « BBB- » par l’agence de notation, retrouvant ainsi au bout de plus de dix ans une note « investment grade », c’est-à-dire en catégorie investissement par opposition à « junk » l’autre catégorie. Comme le relève Bloomberg, d’autres agences moins connues (Scope ratings, DBRS) avaient déjà sorti la Grèce de cette catégorie « junk ». Mais S&P est la première du « Big three » à avoir effectuer ce mouvement.
Si la Grèce affichait encore un taux d’endettement colossal, l’an passé, de près de 180% du PIB, selon la Réserve fédérale de Saint-Louis, la trajectoire reste impressionnante, puisque ce taux s’élevait à 212% en 2022 et à plus de 200% en 2021. Et S&P anticipe cette année un ratio à 146%.
« Nous pensons que le gouvernement réalisera un excédent primaire (le solde budgétaire hors coûts de la dette, NDLR) d’au moins 1,2 % du PIB cette année, dépassant son objectif de 0,7%, même en tenant compte du coût budgétaire important lié aux récents incendies de forêt et inondations. Nous prévoyons un excédent budgétaire primaire moyen de 2,3% du PIB sur la période 2024-2026 », développe l’agence de notation.
Un secteur bancaire assaini
Plusieurs facteurs expliquent le retour en odeur de sainteté du pays auprès des marchés et des agences. Pour prendre le plus récent, les élections générales du printemps dernier avaient quelque peu soulevé des inquiétudes. Mais le parti conservateur Nouvelle Démocratie du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a remporté une majorité absolue à la Vouli, unique chambre du Parlement (158 sièges sur 300, selon Politico) en juin.
La Grèce a connu aussi une reprise post-Covid très rapide (+8,4% en 2020, +5,9% en 2021 et +2,5% en 2022, d’après le FMI). « Le PIB réel a retrouvé ses niveaux de 2019 au troisième trimestre 2021 et les dépasse aujourd’hui d’environ 6% », notait en mai Barclays.
« Cela reflète en partie l’énorme marge de manœuvre dont dispos(ait) la Grèce pour se remettre de la crise financière mondiale et de la crise de la zone euro, puisque son PIB est encore inférieur de 20% à celui du premier trimestre 2008 », relativise (un peu) Capital Economics.
L’essor du tourisme a évidemment contribué à ce regain d’activité. Selon plusieurs médias, les visites de touristes étrangers se sont élevées à 17,4 millions sur les huit premiers mois de l’année, soit 11% de plus que sur la même période de 2019.
Mais Athènes a également mis en place d’importantes réformes structurelles. « Par exemple, la part des prêts bancaires non performants (les créances douteuses qui risquent de ne pas être honorées, NDLR) a diminué, les taux d’imposition ont été réduits, la confiance des entreprises s’est améliorée (en partie grâce à la numérisation) et les finances publiques sont plus stables », énumère Capital Economics.
Concernant le taux de créances douteuses dans les prêts des banques, il se situe plus précisément sous les 5% actuellement contre 30% en 2020, d’après l’Autorité bancaire européenne, citée par Moody’s. Cet assainissement vital a été permis par un mécanisme appelé « Hercule » pour sortir les actifs toxiques des bilans des banques via un schéma de titrisation des créances garantie par l’Etat.
Le meilleur à venir?
S&P note de son côté que dès 2019 – un an après le retour de la Grèce sur le marché de la dette – les investissements directs à l’étranger ont repris, tandis que la confiance des entreprises s’est redressée, portée par les réformes sur le marché du travail, de la concurrence et sur le respect de la fiscalité. Ce après des années (de 2009 à 2015, selon l’agence) de dépression économique durant laquelle les gouvernements successifs ont réduit les dépenses de santé, d’éducation ainsi que celles liées aux infrastructures.
« La sortie de la crise de la dette puis de la pandémie de Covid-19 a galvanisé la reprise naissante de l’investissement et de la confiance dans l’économie. La numérisation rapide des services publics a permis de réaliser des progrès considérables dans la réduction de l’évasion fiscale et de dégager d’autres gains d’efficacité au sein du secteur public », développe S&P.
« Les bonnes performances du tourisme, du transport maritime et de l’industrie manufacturière au cours des dernières années, ainsi que les progrès réalisés par les banques dans la vente et la résolution de leur exposition (aux actifs non performants), ont stimulé davantage l’investissement », ajoute l’agence.
Le meilleur est peut-être à venir pour la Grèce. Après S&P, Fitch doit rendre son verdict début décembre. L’agence américaine note à « BB+ » la Grèce, soit la dernière étape avant la catégorie « investment grade ». Moody’s de son côté est à « Ba1 » depuis septembre, là encore le dernier échelon avant une notation en catégorie investissement de l’agence.
L’exemple du Portugal
Barclays notait en mai que si deux des trois agences attribuaient une note « investment grade » à la Grèce, elle pourrait se retrouver éligible dans les indices obligataires liés à ces notes dans la zone euro de Bloomberg et de la Bourse de Londres.
La banque cite l’exemple du Portugal. Après avoir été relevé dans cette catégorie par S&P en septembre 2017, le pays lusitanophone a réduit son spread (l’écart de taux) à 10 ans de 40 points (0,4%) de base avec l’Espagne. Puis de 10 points de base supplémentaires lorsque Fitch a suivi, trois mois plus tard.
« Mais surtout, l’écart s’est encore resserré d’environ 40 points de base dans l’intervalle, ce qui, selon nous, indique probablement que les marchés ont intégré l’inclusion dans les indices », précédemment évoqués, ajoute Barclays. La banque estime que la Grèce peut connaître un destin similaire.
(*) Les données sur les rendements obligataires ont été arrêtées jeudi soir.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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