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(BFM Bourse) – Plusieurs sociétés ont communiqué ou ont été interrogées sur l’impact de l’adoption rapide de ces traitements. Les analystes ont, eux, phosphoré sur les implications de ce phénomène pour de très nombreux secteurs en Bourse.
Après ChatGPT sur la première partie de l’année, ce sont les grands invités surprises des dernières communications d’entreprises cotées: les médicaments anti-obésité.
Début octobre, le patron de Walmart, John Furner a déclaré à Bloomberg que certains de ces traitements conduisaient les consommateurs à réduire leurs paniers d’achats alimentaires « avec moins d’articles et un peu moins de calories ». Cette observation l’amenait toutefois à ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Le directeur général de Conagra, un groupe agro-alimentaire américain, a lui expliqué durant une conférence téléphonique avec des analystes que sa société s’ajusterait, si les besoins des ménages devaient évoluer avec l’adoption croissante de ces médicaments, rapporte CNN.
De façon surprenante, lors d’une conférence téléphonique organisée par Publicis à l’occasion de son activité du troisième trimestre, un analyste a demandé au président du directoire, Arthur Sadoun, s’il observait « une réaction négative » de la part de ses clients dans le secteur des biens de consommation et de la restauration en raison de l’essor de ces médicaments. Le dirigeant a répondu par la négative.
Le marché s’interroge ainsi sur les répercussions de ces médicaments qui concernent un large public , l’obésité demeurant un fléau qui touche 42% des adultes américains, selon le centre de prévention et de contrôle des maladies aux Etats-Unis. Dans une étude publiée au début du mois, Bank of America a projeté que 48 millions d’Américains pourraient avoir pris un médicament anti-obésité à l’horizon 2030, contre 1 million à l’heure actuelle selon leurs données.
C’est que l’engouement pour ces traitements reste récent. L’autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Administration, n’a autorisé qu’en 2017 les médicaments utilisant le sémaglutide, ce pour traiter le diabète de type 2, souvent lié à l’obésité. Le sémaglutide est une molécule qui « imite » le GLP-1, une hormone physiologique qui a plusieurs effets sur la régulation du glucose et de l’appétit et permet d’obtenir un sentiment de satiété.
« Ce n’est que lorsque le sémaglutide a été approuvé en 2017, avec une indication pour la perte de poids spécifiquement approuvée en 2021, et une étude ultérieure montrant une amélioration du risque cardio-vasculaire, que (ces médicaments, NDLR) ont véritablement attiré l’attention des foules », souligne ainsi Jefferies.
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Un immense marché pour la pharmacie
Si l’ozempic de Novo Nordisk ne possède qu’une indication dans le diabète de type 2, un autre médicament avec le sémaglutide, Wegovy (toujours de Novo Nordisk), est lui approuvé depuis 2021 aux Etats-Unis (et depuis 2022 dans l’Union européenne) pour le traitement de l’obésité. Le Mounjaro d’Eli Lilly est lui aussi indiqué pour le diabète de type 2 mais pourrait être approuvé pour traiter l’obésité à la fin de cette année, anticipe Bank of America.
Bien que l’adoption de ces médicaments soit encore à ses prémices, les prescriptions commencent à décoller. « Ces médicaments de plus en plus populaires agissent généralement en réduisant l’appétit des patients. Avec 1,7% de la population américaine à qui l’on prescrira un médicament à base de sémaglutide en 2023, soit une multiplication par 40 au cours des cinq dernières années, l’industrie alimentaire pourrait connaître de sérieux problèmes », relevait dans une récente note John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud.
Évidemment ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires et leurs prix ne sont pas accessibles à tous. Jérôme Berton, gérant chez Cité gestion, a expliqué vendredi sur BFM Bourse « qu’entre 20% à 40% des personnes souffrent de nausées, de vomissements, de diarrhées » et que les coûts de ces médicaments peuvent dépasser 1.000 dollars par mois aux Etats-Unis. Mais les analystes anticipent, sur ce dernier point, que la multiplication des traitements à base de sémaglutide devrait pousser leurs tarifs à la baisse dans les prochaines années.
Plusieurs bureaux d’études se sont interrogés sur les répercussions que la potentielle croissance de leur adoption pourrait avoir sur les groupes cotés en Bourse. Jefferies a récemment compilé une étude très dense où la banque américaine identifiait les conséquences de long terme avec environ 80 groupes perdants et 80 gagnants. Bank of America s’est livrée à un exercice similaire. Nous ne vous listerons pas toutes les implications possibles mais résumons celles qui ont retenu notre attention.
Le premier secteur concerné reste évidemment la pharmacie. Jefferies estime que les produits médicaux « GLP-1 » représenteront un marché mondial de plus de 150 milliards de dollars d’ici à 2031 avec plus de 100 milliards pour le traitement de l’obésité. Novo Nordisk et Eli Lilly concentreraient à eux deux 80% de ce marché, selon les prévisions de la banque, le reste étant partagé par d’autres acteurs, comme Pfizer ou Amgen. Bank of America, de son côté, estime que les revenus d’Eli Lilly tirés des traitements contre l’obésité pourraient dépasser 40 milliards de dollars en 2030.
Vers « une vague de remplacement » des garde-robes
Au-delà de la pharmacie, les analystes ont étudié les répercussions dans plusieurs autres industries. Dans l’alimentaire, Jefferies note que, selon une enquête, 70% des personnes ayant pris un traitement répliquant le GLP-1 mangent moins et ont un sentiment de satiété plus rapide, ce qui pourrait pénaliser certains groupes agro-alimentaires. Notamment ceux produisant des coupe-faim ou des produits à haute teneur en calories, comme Mondelez ou Hershey, ou Nestlé, quand bien même l’impact sur les volumes est impossible à quantifier, selon Jefferies.
Les producteurs de boissons sucrées, comme Pepsico ou Coca-Cola, peuvent également être pénalisé par la baisse de la consommation de calories, note Bank of America.
A contrario, des groupes spécialisés dans les produits alimentaires sains ont de quoi tirer leur épingle du jeu. Barclays a ainsi estimé lundi que Danone pourrait bénéficier de l’essor des médicaments « GLP-1 » car les consommateurs se tourneraient davantage vers des produits sains et protéinés comme les yaourts ou les aliments d’origine végétale. Or le groupe français possède « le portefeuille de produits le plus sain parmi les groupes alimentaires de notre couverture », a avancé la banque britannique.
Dans la même logique que pour l’alimentaire, les patients sous prescription de médicaments anti-obésité ont tendance à réduire leur consommation d’alcool, ce qui amène Bank of America à considérer que les alcooliers pourraient voir leur activité être pénalisée. Jefferies chiffre de son côté un potentiel impact de 4% sur la consommation d’alcool d’ici à 2031 mais explique avoir obtenu en réalité obtenu une fourchette de sensibilité, allant de -1% à -10%. « Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur la question de savoir s’il s’agit d’un changement radical dans la consommation, mais nous estimons que le débat est davantage axé sur les États-Unis que sur le reste du monde », considèrent les analystes de la banque.
Du côté des distributeurs, Walmart et Costco pourraient bénéficier d’une fréquentation accrue dans leurs pharmacies (des supermarchés aux Etats-Unis possèdent en effet un rayon pharmacie) grâce à la hausse des ventes de ces médicaments, qui, prévient toutefois Bank of America, possèdent de faibles marges. D’autres effets entrent en ligne de compte pour Walmart: une baisse des ventes alimentaires mais aussi une hausse des produits tels que des matelas de yogas ou des vêtements de sport…
Parlons justement du secteur de l’habillement. Bank of America estime que si des impacts à court terme doivent être exclus, les pertes de poids induites par l’adoption des médicaments anti-obésité pourraient à plus long terme « déclencher un cycle de remplacement des garde-robes » , avec 50 milliards de dollars de dépenses supplémentaires aux Etats-Unis d’ici à 2030, soit un gain de croissance annuelle moyen de 2%. Cette estimation se base notamment sur le fait que les consommateurs changent de vêtement après avoir perdu ou gagné deux tailles (américaines). Dressant un constat similaire, Jefferies cite parmi les potentiels gagnants de ce « supercycle » de rénovation des armoires Abercrombie & Fitch ou Urban Outfitters. Les équipementiers sportifs comme Nike peuvent aussi en profiter, tout en bénéficiant par ailleurs d’une demande accrue pour leurs chaussures de sport.
Moins de carburant pour les compagnies aériennes
Jefferies considère également que la perte de poids des personnes sous traitement sera positive pour…. les compagnies aériennes. Pour simplifier, la perte de poids de la population aux Etats-Unis serait synonyme d’une masse plus faible pour les avions et donc d’une moindre consommation de carburant, le plus important poste de dépenses dans le secteur. « Les efforts visant à alléger les avions ont porté sur tous les aspects: réduction de la quantité d’eau transportée, suppression des olives dans les salades, utilisation de chariots à boissons plus légers et d’assiettes et d’ustensiles plus légers », rappelle sur ce point Jefferies. En retenant une baisse de poids moyen de 4 kilogrammes par passager, la banque calcul que United Airlines pourrait économiser l’équivalent de 80 millions de dollars de facture carburant.
Plus largement, la baisse de l’obésité, maladie qui représente un frein pour certains voyages, « pourrait rendre plus de personnes enclines à voyager » et constituerait ainsi un vent porteur pour les loisirs à long terme.
Les secteurs intensifs en main d’œuvre, comme la restauration collective et donc Compass et Sodexo, pourraient voit leur marge brute être soutenue par une baisse des coûts liés aux dépenses de santé et à la maladie de leurs employés, qui représenteraient 5% du coût total de la main d’œuvre pour eux selon Jefferies.
Bank of America voit un impact négatif « modeste » sur les cigarettiers (comme Philip Morris), car la nicotine est vue chez certains fumeurs (des personnes jeunes et plutôt des femmes) comme une aide pour réduire leur appétit et perdre du poids. Les médicaments anti-obésité pénaliseraient donc les ventes de cigarettes, selon cette logique. Mais la banque américaine explique que la population en question n’a pas aisément accès à ces traitements…
Citons un dernier exemple: les assureurs. « D’une part, l’amélioration de l’état de santé entraînerait probablement une baisse des primes, étant donné qu’un plus grand nombre d’acheteurs d’assurance-vie pourraient prétendre à de meilleures catégories de souscription (c’est-à-dire à des coûts moins élevés), mais cet impact ne se ferait sentir que sur les nouvelles affaires », explique Jefferies.
Mais « en ce qui concerne les contrats en cours, les coûts bénéficieraient de la mortalité différée, ce qui permettrait aux assureurs vie de percevoir des revenus d’investissement plus élevés sur les réserves pendant de plus longues périodes », poursuit la banque. Cette dernière « s’attend également à ce qu’une population en meilleure santé entraîne une amélioration de la morbidité, ce qui pourrait réduire les coûts des sinistres dans des produits tels que l’invalidité et les soins de longue durée ».
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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