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Cela faisait plusieurs mois que ce sommet se rapprochait. La dette publique française a franchi pour la première fois de son histoire le cap des 3.000 milliards d’euros au premier trimestre, s’établissant à 3.013,4 milliards d’euros, selon les chiffres publiés ce vendredi par l’Insee.
Dans le détail, la dette publique au sens de Maastricht a donc progressé de 63,4 milliards d’euros au premier trimestre. Cette hausse a été alimentée principalement par l’Etat (48,6 milliards) – qui porte l’essentiel des efforts des mesures prises en réaction aux différentes crises survenues depuis trois ans (Covid 19, énergie, inflation) – et par les administrations de Sécurité sociale (17,4 milliards).
Dégâts politiques
Au total, l’endettement public s’est établi fin mars à 112,5 % du PIB. C’est plus que le niveau atteint fin 2022 (111,9 %) et surtout bien d’avantage que celui attendu pour la fin 2023 (109,6 %). Traditionnellement, le rythme accéléré du programme d’émission de dettes alourdit cet indicateur en début d’année. Il devrait donc refluer par la suite.
Ce seuil symbolique des 3.000 milliards d’euros n’a aucune signification économique. Il peut en revanche provoquer des dégâts politiques, alors que le gouvernement cherche à renforcer sa crédibilité budgétaire. Raison pour laquelle le ministre des Finances Bruno Le Maire, et Gabriel Attal, ministre délégué des Comptes publics, préparaient les esprits depuis des mois à cet événement.
Ce nouveau sommet intervient en tout cas à un très mauvais moment pour l’exécutif. Il avait récemment échappé à une dégradation de la note française par Standard en Poor’s, mais ce passage des 3.000 milliards remet une pression forte pour enclencher un redressement des comptes publics.
Scepticisme de la Cour des comptes
Jeudi, la Cour des comptes avait montré un certain scepticisme quant à la stratégie adoptée par Bercy en la matière. L’objectif officiel est de ramener la dette à 108,3 % du PIB à l’horizon 2027. Ce seuil n’est pas jugé assez ambitieux par les sages de la rue Cambon, qui s’inquiètent du risque de décrochage de la France vis-à-vis de ses partenaires de la zone euro. En outre, même limité, cet objectif sera difficile à atteindre et réclamera un « effort inédit » sur la maîtrise de la dépense publique.
Courant juin, le gouvernement a livré de premières pistes d’économies – sur les dépenses de soin et les crédits du ministère du Travail notamment – en vue du projet de loi de finances pour 2024. Au total, il recherche 10 à 15 milliards d’euros d’économies pour enclencher un timide reflux du déficit et de la dette l’an prochain.
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