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Depuis lundi, contre un scan de votre iris par un « Orb », vous recevez passeport numérique et des cryptomonnaies worldcoin. BFM Crypto est allé à la rencontre des premiers curieux.
Après trois ans de développement, le projet mondial Worldcoin a vu le jour ce lundi. Il se présente comme un protocole « open-source », soutenu par une communauté de développeurs. Sa mission est « de construire le plus grand réseau identitaire et financier du monde », peut-on lire sur le site web du projet.
Quelques jours après son lancement, son fondateur Sam Altman a des étoiles plein les yeux. Sur Twitter, l’homme de 38 ans qui a fondé OpenAI (à l’origine de ChatGPT) a partagé une vidéo montrant une longue file d’attente. « Une personne se fait vérifier toutes les huit secondes maintenant », se félicite ce dernier. Ces personnes vont faire scanner leur iris par un « orb », une sphère métallique dotée de capteurs, conçue par Worldcoin. Contre un scan de quelques secondes, on obtient un passeport numérique (« Word ID ») et des cryptomonnaies (le token « wordcoin », WLD). Tout figure sur une application baptisée « Word App », sur laquelle il est possible de réaliser des paiements.
« Je suis approuvé humain »
Face à l’essor de l’intelligence artificielle et des robots, les adhérents au projet obtiennent la preuve qu’ils sont des êtres humains « uniques ». Le site de Worldcoin affiche le nombre de personnes faisant scanner leur iris en direct, qui sont déjà plus de 2 millions ce vendredi après-midi. Les fameux orbs sont disponibles dans 35 villes, dont Paris. BFM Crypto s’est rendu dans un café du Ve arrondissement de la capitale. Les deux personnes responsables de l’Orb sur Paris ont refusé de répondre à nos interrogations.
« Je viens ici pour tester le dispositif qui permet de vérifier qu’une personne est bien humaine et pas un robot. Aujourd’hui, les captcha sur internet qui permettent de différencier un humain et un ordinateur ne sont pas efficaces. Cela devient un réel fléau d’être confronté à des robots malveillants », confie un trentenaire travaillant dans la sphère publique.
Le scan « était assez rapide, cela m’a étonné », explique de son côté Alexandre, un jeune homme accompagné de ses proches. « C’est impressionnant, on obtient un orb unique avec une couleur unique. Moi c’est du bleu-vert, c’est peut-être dû au scan de mon iris. Voilà, je suis officiellement approuvé humain », dit-il fièrement.
Projet dystopique
Mais à peine lancé, Worldcoin fait déjà grincer des dents. Certains experts y voient un projet dystopique digne d’un scénario de science-fiction. C’est la première fois qu’un projet crypto propose d’échanger ses données biométriques contre des jetons. On rappellera que l’iris est une donnée biométrique personnelle au même titre que votre ADN.
« Partager ses données biométriques en échange d’une cryptomonnaie est une démarche très dangereuse, quelle que soit la sécurité mise en place par l’organisation qui les collecte », pointe Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET France.
Les personnes ayant décidé de confronter leur regard à celui de l’or font confiance à la société, qui assure préserver leur vie privée. « Donner son iris, c’est un grand pas », explique un autre volontaire. « Aujourd’hui, on met déjà un peu partout nos empreintes digitales, on les donne déjà à des applications ou même à nos banques quand on veut s’enregistrer. L’iris, c’est un plus. A part se faire arracher l’oeil, il n’y a pas de grand risque », précise-t-il.
Autre problématique liée aux données personnelles, un acteur privé détenant une partie de vos données biométriques pourrait, potentiellement, se faire passer pour vous. « Apple peut aussi se faire passer pour nous avec les Face ID, ils ont déjà toutes nos informations pour déverrouiller notre téléphone avec notre visage. S’il faut vivre dans la peur, autant rester chez soi », poursuit-il.
Black Mirror
Tout semble être une question de confiance… « C’est le créateur de Chat GPT qui a créé ce projet, ils ont de beaux objectifs », explique Alexandre.
« Partager mes données biométriques ne m’inquiète pas, il faut évoluer et grandir. Cela va nous apporter des choses positives. C’est une entreprise dans laquelle on peut faire confiance, ils ne peuvent pas faire grand-chose avec les données qu’ils prennent », considère-t-il.
Si les deux hommes ne paraissent pas inquiets sur l’utilisation de leurs données biométriques, ce n’est pas le cas de tout le monde. « Cela ressemble un peu à un scénario de Black Mirror. Tout ce qu’il s’est passé dans cette série peut arriver dans n’importe quel moment de la vie, c’est un aspect qui me fait un peu douter en partageant mes données biométriques », glisse une jeune femme. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) vient, en tout cas, d’ouvrir une enquête sur le projet Worldcoin, indiquant que la collecte de données biométriques « semblait discutable ».
Des AirPods en cadeau
Les moyens mis en place par Worldcoin pour développer son projet interrogent, certains évoquant une stratégie d’appât du gain avec des cryptomonnaies. L’an dernier, le MIT Technology Review a rapporté que Worldcoin avait testé son « orb » auprès de 450.000 personnes, la plupart situés dans des pays en développement.
« Lorsque les opérations ont commencé au Soudan en mars dernier, les opérateurs ont eu du mal à expliquer le concept des monnaies numériques à des gens qui n’ont même pas d’adresse électronique. Ils ont organisé un concours de cadeaux AirPod pour encourager l’inscription, qui a donné lieu à quelque 20.000 inscriptions », pointe l’enquête.
Les fondateurs de cette cryptomonnaie espèrent que worldcoin deviendra la monnaie numérique « la plus largement utilisée » dans le monde. Les utilisateurs tablent sur une richesse future en détenant cette cryptomonnaie, dont le cours augmenterait au fil des mois ou années. Quels sont ces autres cas d’usage? La cryptomonnaie a été conçue comme un « jeton utilitaire » avec des propriétés de gouvernance. Il sera possible par exemple d’utiliser cette crypto pour payer ou encore soutenir certaines initiatives du projet. À long terme, le jeton « peut également être considéré comme une réserve de valeur mondiale », peut-on lire sur le livre blanc de la cryptomonnaie.
« Mieux que le bitcoin »
Les personnes ayant scanné leur iris recevront des tokens ce lundi. La société leur a promis une « prime de bienvenue » d’un jeton, mais également des « subventions récurrentes », avec un premier versement de 25 jetons. « Notre projet peut « ouvrir une voie potentielle vers un revenu minimal universel financé par l’intelligence artificielle (IA) », assurent Sam Altman et Alex Blania. Les personnes interrogées par BFM Crypto ont indiqué qu’elles détenaient déjà des cryptomonnaies. La plupart ont espoir dans ce nouveau jeton.
« Ce qui m’a fait venir, c’est cette cryptomonnaie derrière ce projet. J’espère qu’elle sera mieux que le bitcoin », explique un espoir dans le revenu minimal universel promis par Worldcoin.
A l’inverse du bitcoin qui est une cryptomonnaie décentralisée, la cryptomonnaie worldcoin est une cryptomonnaie émise par une société privée aux contours flous. De nombreux membres de l’écosystème crypto s’inquiètent qu’une telle initiative, de par son opacité, porte un coup dur à l’industrie. Selon un membre de la communauté bitcoin souhaitant rester anonyme, le projet wordlcoin a toutes les caractéristiques d’une arnaque et « va très mal finir. »
Manipulation du cours
Le projet fait d’ailleurs face à une autre controverse. Aujourd’hui, le worldcoin peut déjà être acheté sur le marché primaire. La société a déjà mis en circulation 43 millions de tokens pour les particuliers et 100 millions de ce jeton pour les « teneurs de marchés ». L’offre totale de ce jeton est de 10 milliards.
Le cours du worldcoin vit déjà les montagnes russes après avoir atteint son plus haut niveau à 3,58 dollars ce lundi. Certains experts considèrent que le cours de la crypto serait manipulé par ses fondateurs, comme ce fut le cas du côté de FTX et de Celsius, deux géants des cryptos aujourd’hui en faillite.
« Selon la plateforme Glass Markets, « plusieurs portefeuilles de teneurs de marché contenaient 20 millions de jetons ou plus au cours des premières heures de négociation, ainsi que d’autres portefeuilles contenant des montants moindres », souligne un article de Blockworks.
Malgré l’ambition de convaincre le plus grand nombre de personnes de posséder ces jetons, les données sur la blockchain indiquent seulement 230.000 adresses détenant cette cryptomonnaie.
« Rapporter de l’argent »
Pour finir, le modèle économique de Worldcoin n’est aujourd’hui pas connu. Les investisseurs (dont Samuel Bankman-Fried, l’ancien patron de FTX qui a fait faillite en novembre) ayant mis au pot 250 millions de dollars pour mettre le projet sur pied en voudront forcément pour leur argent.
Interrogé par le Financial Times, Alex Blania, le co-fondateur de Worldcoin, a déclaré que la société ne pouvait pas communiquer sur ses ambitions commerciales, en raison du contexte aux États-Unis. Pour autant, le projet « rapportera de l’argent », assure Tiago Sada, chef de produit de l’entreprise. « Tous nos produits sont à but lucratif. Il y aura diverses expériences qui rapporteront de l’argent », indique ce dernier.
Face au manque d’informations de la société Worldcoin, il s’agira d’une question de confiance entre l’utilisateur et la société privée.
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