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Publié le 27 oct. 2023 à 16:28Mis à jour le 27 oct. 2023 à 17:34
Un mois avant des élections locales et six mois avant les élections générales, les actions contre les leaders de l’opposition se multiplient en Inde. En l’espace de quelques mois, l’Enforcement Directorate (ED), l’agence gouvernementale chargée de la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, a convoqué ou bien procédé aux arrestations des leaders de l’opposition dans les Etats du Chhattisgarh, du Rajasthan, du Madhya Pradesh et du Telangana.
Jeudi, l’ED a perquisitionné le domicile de Govind Singh Dotasra, le chef local du Parti du Congrès au Rajasthan, dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent. L’agence a également convoqué le fils d’Ashok Gehlot, le ministre en chef du Rajasthan et figure emblématique du Parti du Congrès, pour violation de la loi régulant l’utilisation des devises étrangères. L’affaire serait vieille de douze ans.
Dans le Telangana, c’est la fille de Chandrashekar Rao, le ministre en chef de cet Etat du Sud, qui est visée par l’ED pour une implication présumée dans l’attribution illégale de licences de vente d’alcool dans la capitale, New Delhi. Des leaders de l’Aam Aadmi Party, un parti anticorruption, ont été arrêtés et placés en détention en début d’année, là aussi en raison de leur implication présumée dans une affaire similaire.
Une « instrumentalisation » des institutions
« Le timing, le but et l’intention de ces poursuites sont douteux », a réagi Sachin Pilot, l’un des leaders du Parti du Congrès, qui voit dans ces raids une instrumentalisation illégale des agences gouvernementales par le parti au pouvoir. « Le BJP sait qu’il est en train de perdre les élections locales, c’est pour ça qu’il procède à des raids sans aucune raison valable », a-t-il expliqué devant la presse jeudi. « Lorsqu’ils sentent qu’ils ne peuvent pas gagner via les urnes, ils utilisent les agences gouvernementales. »
Des élections locales sont en effet prévues au mois de novembre dans le Rajasthan et le Telangana, mais également dans le Madhya Pradesh et le Chhattisgarh, où des figures politiques d’opposition ont aussi été visées par des procédures judiciaires. Bon nombre d’observateurs politiques voient dans les opérations menées par les agences gouvernementales une tentative du Bharatiya Janata Party, le parti nationaliste hindou de Narendra Modi, d’affaiblir leurs adversaires en amont du scrutin.
Narendra Modi connaît quelques revers
Les élections locales de novembre sont un rendez-vous important permettant aux partis de prendre la température de l’électorat à six mois des élections générales de 2024, auxquelles Narendra Modi devrait se porter candidat pour un troisième mandat consécutif. Le leader hindou, très populaire au niveau national, reste favori dans les sondages et sera sans doute réélu au printemps prochain.
Mais sur le plan économique, la popularité de Narendra Modi a quelque peu été érodée par une inflation qui menace la sécurité alimentaire des ménages. Son parti, le BJP, a d’ailleurs connu quelques revers ces derniers mois.
Les nationalistes hindous ont notamment perdu au mois de mai l’Etat du Karnataka, désormais dirigé par le Parti du Congrès. Les derniers sondages prédisent par ailleurs la victoire du parti de Nehru dans le Rajasthan et la reconduction d’Ashok Gehlot à la tête de l’Etat. Ce serait un petit événement, car aucun des deux partis n’a gagné les élections locales deux fois de suite au Rajasthan depuis le début des années 1990.
Un « sale manoeuvre politique »
En Inde, la corruption des élus reste endémique. Et les partis d’opposition n’échappent pas à la règle. Mais aucun élu du BJP n’a été récemment visé par des enquêtes menées par les agences gouvernementales. « Pourquoi aucun leader du BJP n’a été perquisitionné ? », a chargé Mamata Banerjee, la ministre en chef du Bengale-Occidental, après les perquisitions chez le fils d’Ashok Gehlot, qualifiant l’affaire de « sale manoeuvre politique » orchestrée par le BJP.
En début d’année, c’est Rahul Gandhi, le principal opposant à Narendra Modi, qui fut visé par un procès en diffamation qui lui avait fait perdre temporairement son siège de député. Plus largement, les agences gouvernementales indiennes, dont l’ED mais aussi le Central bureau of investigation (l’équivalent du FBI américain) ainsi que le fisc, sont utilisées pour faire taire toutes les voix critiques, médias et « think tanks » compris. En quelques années, l’Inde a d’ailleurs dégringolé dans les classements de liberté de la presse.
« Modi s’est efforcé de soumettre les institutions susceptibles de lui résister », a écrit cet été le politiste Christophe Jaffrelot dans un article publié sur le site du Collège de France . Ce tour de vis autoritaire se traduit par la nomination de certains de ses proches à la tête des institutions censées être indépendantes du pouvoir exécutif, ce qui menace la séparation des pouvoirs et entraîne un affaissement généralisé des institutions.
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