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(BFM Bourse) – L’ex-filiale de Sanofi a suspendu ses objectifs pour 2024 après avoir arrêté sa production sur son site de Brindisi à la suite du constat de défaillances sur le contrôle qualité. Des objectifs pourtant seulement vieux de deux semaines.
Le cauchemar boursier continue pour Euroapi, et contrairement à Teleperformance, cette descente aux enfers n’est pas due à des facteurs externes.
Le spécialiste des principes actifs pharmaceutiques (API) – des molécules utilisées dans la composition d’un médicament et qui lui confèrent ses propriétés thérapeutiques – s’effondre de 26,21%, après avoir déjà perdu près de 9% le 5 mars, plus de 43% le 28 mars ou encore 59% le 10 octobre.
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Depuis son introduction en Bourse en 2022 à la suite de la scission de la société par Sanofi, le cours de Bourse a été divisé par plus de cinq, et la valeur a enchaîné les gadins boursiers. Ce qui est assez interpellant pour une valeur loin d’être une « smallcap », puisque la société pesait pour plus d’un milliard d’euros de capitalisation boursière il n’y a pas si longtemps.
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Nouveau problème sur un site
La chute de ce vendredi est liée à un avertissement sur résultats lui-même dû à l’arrêt d’un site de production à Brindisi, dans le Sud de l’Italie. Euroapi a expliqué que sa filiale italienne avait, à la suite d’un audit interne, constaté « des défaillances du contrôle qualité, imputables à de potentiels manquements au niveau local ». Ces impairs font l’objet d' »une investigation approfondie », a ajouté la société.
« La production restera suspendue jusqu’à nouvel ordre. Les autorités de santé compétentes ont été informées », indique également Euroapi.
Ce site italien produit 11 API et a généré des ventes de 63 millions d’euros, soit 6% des ventes totales, calcule Deutsche Bank. Environ 43% de ces ventes sont réalisées avec Sanofi, qui détient toujours 29,8% du capital de son ex-filiale.
Cet épisode rappelle un précédent survenu le 7 décembre 2022. Euroapi avait alors suspendu sa production cette fois sur un site basé à Budapest en Hongrie, après avoir constaté « certains écarts par rapport aux bonnes pratiques de fabrication, relatifs à la gestion de la documentation ». La société avait abaissé ses objectifs pour l’ensemble de l’année 2022, l’action avait plongé de 15,8% sur une séance et la production avait repris mi-janvier. Mais le groupe précisait alors qu’un redémarrage étant par nature progressif, la majeure partie de la production ne devait pas reprendre avant la mi-avril.
Perspectives suspendues
Pour revenir à l’annonce du jour, Euroapi a prévenu que la « situation » sur son site italien aurait un impact sur sa performance opérationnelle et financière.
En conséquence, le groupe a suspendu ses prévisions pour 2024, qui auront donc tenu à peine deux semaines puisqu’elles avaient été dévoilées lors de la récente publication des résultats annuels de la société.
Le groupe indique qu’il communiquera une révision de ses objectifs qui sera rendue publique « au cours du deuxième trimestre 2024, lors de la communication prévue sur la mise en œuvre et le financement du projet FOCUS-27 ». FOCUS-27 est un projet annoncé fin février par le groupe qui doit lui permettre d’améliorer sa croissance en se recentrant sur des segments de marché « à forte valeur ajoutée ». Ce qui passera par une rationalisation de son portefeuille de produits et de son empreinte industrielle.
Sur ce dernier point Oddo BHF explique que « Brindisi était une des deux usines dont le groupe souhaitait se séparer dans le cadre de sa revue stratégique FOCUS-27 ».
« Bien que les ventes de cette usine soient limitées tout comme la marge de son activité (inférieure à celle du groupe), un impact d’image pourrait malheureusement pénaliser le groupe en sus vis-à-vis de ses clients », ajoute la banque.
De son côté, Deutsche Bank note que « Euroapi lancera des audits de qualité externes sur tous ses autres sites ». « Mais les résultats de ces audits ne sont pas attendus avant les nouvelles orientations de 2024, et les détails de l’examen stratégique seront communiqués au cours du deuxième trimestre de l’année 24, ce qui crée des incertitudes supplémentaires », ajoute la banque allemande.
Une visibilité ultra-réduite
La série noire continue ainsi pour Euroapi, car les perspectives 2024 désormais suspendues par la société avaient déjà fortement déçu les investisseurs. Il y a deux semaines, le groupe avait donc plongé de plus de 40% à la suite de l’annonce de ces objectifs, qui prévoyaient une baisse des ventes de 4% à 7% sur l’ensemble de 2024, et une marge « core Ebitda » (le résultat brut d’exploitation retraité de certains éléments) située entre 6% et 9%. Une douche froide puisque le consensus tablait alors sur une progression de 2,5% des ventes et une marge de 11,2%.
Euroapi expliquait alors ces perspectives décevantes par le repli des ventes attendues de la part de son principal client Sanofi (48% des revenus en 2022). Ce qui n’a fait qu’attiser les inquiétudes du marché sur la dépendance de la société à son ancienne maison-mère.
Oddo BHF a retranché à ses prévisions 2024 de ventes 52 millions d’euros de revenus à la suite de l’arrêt de la production en Italie. Ce qui l’amène à tabler sur un repli de 11% au niveau des ventes en 2024 d’Euroapi et sur une marge à 5,9% en 2024 alors que le bureau d’études anticipait précédemment sur une baisse des ventes de 6% et une marge de 7,9%.
« Le projet FOCUS-27 aura déjà un impact matériel du fait de coûts de transformation et de restructuration, ce qui risque d’être dorénavant accentuer par une remise à niveau de cette usine. Le manque de visibilité nous impose de maintenir notre recommandation à ‘sous-performance' », souligne le bureau d’études.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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