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Publié le 25 sept. 2023 à 7:30Mis à jour le 25 sept. 2023 à 14:26
Depuis un an et demi, la politique monétaire est devenue de plus en plus restrictive avec la hausse des taux. Désormais, c’est au tour de la politique budgétaire de resserrer la vis dans la zone euro après les largesses entraînées par le Covid et la crise énergétique.
La France, dont le projet de budget pour 2024 sera présenté en conseil des ministres ce mercredi, et la plupart de ses voisins font face aux mêmes contraintes : une inflation toujours présente et qui continue à nourrir les exigences sociales, des taux d’intérêt qui grimpent et renchérissent le coût de la dette et des besoins d’investissements toujours plus importants. Le tout dans une conjoncture de moins en moins porteuse qui rend l’évolution dans le même sens de la politique monétaire et de la politique budgétaire quelque peu risquée.
Le recul de l’inflation
Toute la difficulté va être, comme le dit Michala Marcussen, cheffe économiste de Société Générale, de mettre en oeuvre « une rigueur raisonnable tout en favorisant l’investissement ».
Pour y arriver, les Etats ont tout de même une chance : l’inflation devrait peu à peu reculer et passer la majeure partie de l’année 2024 sous les 3 %. Ce qui fait dire à Jean-François Ouvrard, économiste chez Morgan Stanley, que « les efforts budgétaires sont tout à fait faisables l’an prochain. Respecter les futures règles européennes ne devrait pas poser de problème majeur. Le seul fait d’arrêter les mesures de soutien du pouvoir d’achat face la forte inflation équivaut à améliorer les comptes publics de 1,2 point de PIB dans la zone euro ».
La Banque centrale européenne (BCE) estime que les mesures gouvernementales pour lutter contre l’inflation représentent encore l’équivalent de 1,4 point de PIB de la zone euro cette année et devraient baisser à seulement 0,4 point l’an prochain. Le déficit public dans la zone euro devrait baisser mais moins qu’escompté car l’activité économique ralentit et les recettes fiscales aussi. Il devrait encore représenter de l’ordre de 2,8 % du PIB en 2024, contre 3,2 % cette année.
La pression pourrait s’accroître
Mais la récente hausse du prix du pétrole pourrait bien changer les choses. Le baril de Brent a ainsi atteint 95 dollars en début de semaine dernière . Or, les prévisions de la BCE, présentées mi-septembre tablaient sur un baril de l’ordre de 82 dollars l’an prochain. Rien ne dit que le pétrole restera proche de 100 dollars pendant toute l’année 2024 mais, toute hausse de 10 % du prix de l’or noir se traduit très rapidement par un surcroît d’inflation de 0,3 % dans la zone euro, selon les calculs de Fabio Balboni, économiste chez HSBC.
Et, « elle accentue la pression sur les gouvernements pour qu’ils prennent de nouvelles mesures pour amortir les effets sur les ménages et les entreprises. Combinée à l’absence de progrès en ce qui concerne les règles budgétaires européennes, cette situation augmente le risque que des gouvernements prennent des décisions coûteuses pour les finances publiques », souligne l’économiste. Pour preuve, en l’absence de toute marge de manoeuvre budgétaire , le gouvernement français a proposé la semaine dernière aux distributeurs de carburants de vendre à perte.
La BCE ne veut pas entendre parler de mesures générales de soutien au pouvoir d’achat, sauf si celles-ci sont temporaires et ciblées sur les ménages les plus pauvres. De nouvelles décisions de gouvernements face à des frondes populaires ne manqueraient pas de créer des tensions entre les différentes instances de décision de la zone euro. Si les prix du pétrole entraînent une augmentation des salaires, la BCE pourrait être tentée de réagir. La semaine dernière, Joachim Nagel, le très rigide gouverneur de la Bundesbank, la banque centrale allemande, a déclaré son intention de venir à bout de l’inflation « quel qu’en soit le coût » alors que Bruno Le Maire, le ministre français de l’Economie, « ne voit pas la nécessité d’aller plus loin » dans la hausse des taux.
Bref, « des dépenses militaires appelées à grimper, la transition énergétique qu’il faut financer, une population qui vieillit… et en plus, avec le Covid et le choc énergétique , les gens ont eu tendance à se tourner vers la puissance publique pour trouver des solutions. Tout cela rend la réduction de la dette publique très difficile », résume Ed Parker, responsable de la notation des Etats d’Europe, Afrique et Moyen-Orient chez l’agence Fitch Ratings.
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