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Veillée d’armes au Niger. Les putschistes se sont montrés sourds aux médiations diplomatiques, ainsi qu’aux sanctions économiques décidées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). L’ultimatum lancé il y a huit jours par ce bloc de quinze pays de la région afin que la junte rétablisse le président Mohammed Bazoum qu’elle a renversé le 26 juillet a expiré dimanche soir. La Cedeao brandit la menace d’un « recours à la force » en dernière extrémité.
Se précise donc la perspective d’une intervention militaire commune de ceux des pays de la Cedeao qui se sont dits prêts à y participer, pour l’instant Nigeria, Sénégal, Côte d’Ivoire et Bénin, avec approbation implicite de la France et des Etats-Unis. Ces derniers sont impliqués dans la lutte contre les djihadistes au Niger.
Une intervention inédite et risquée
Bluff ou prémice d’une intervention multinationale sans précédent en Afrique pour rétablir un président démocratiquement élu, les chefs d’état-major de la Cedeao ont annoncé vendredi avoir élaboré les éléments d’une opération « y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force ». Un énorme défi militaire, puisqu’il s’agirait de projeter des forces d’au moins quatre pays qui ne se sont jamais entraînés et ont encore moins mené d’opérations de combat ensemble. Une éventuelle opération militaire serait dominée par le Nigeria, le géant démographique, avec 210 millions d’habitants, dix fois plus que le Niger, et économique de la région.
Les dirigeants de la Cedeao craignent que ce coup d’Etat, le cinquième dans la région en deux ans avec les deux doubles du Mali et du Burkina Faso, « le coup d’Etat de trop » pour reprendre les mots de Paris, ne fasse tache d’huile. Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué appuyer « avec fermeté et détermination » les efforts de la Cedeao pour faire échouer la tentative de putsch. » Il en va de l’avenir du Niger et de la stabilité de toute la région ».
Et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a souligné : « Ce qui peut surprendre, c’est que le déclencheur de ce coup d’Etat part avant tout d’un différend personnel » entre le général Omar Tiani, chef des putschistes et de la garde présidentielle, et le président Bazoum. Ce dernier, quoiqu’otage des putschistes, a réussi à faire passer une tribune dans le « Washington Post », jeudi, pour mettre en garde contre les conséquences « dévastatrices » pour le monde d’une victoire des putschistes, qui ferait en outre passer l’ensemble de la région du Sahel sous « influence » de la Russie via le groupe de mercenaires Wagner.
L’impact des sanctions économiques
Il serait toutefois surprenant que les armes parlent dès lundi matin, car le risque d’embrasement ou d’enlisement est tel qu’il y a de quoi hésiter. Si l’exécutif du Nigeria qui préside en ce moment la Cedeao, est très en pointe dans la volonté de rétablir le président Bazoum, son Sénat a voté samedi soir une résolution refusant le recours à la force. Le président pourrait lancer une intervention mais devrait demander au Sénat un feu vert pour la prolonger au bout de huit jours.
Les pays de la Cedeao disent d’ailleurs continuer de privilégier la solution diplomatique, même si une délégation à Niamey est repartie bredouille, vendredi, sans même avoir pu rencontrer le chef de la junte, Omar Tiani. Ils espèrent aussi que les pressions économiques fassent céder les putschistes, puisque le pays est très dépendant de l’extérieur, notamment pour son approvisionnement en électricité. Le Nigeria a suspendu mercredi toute fourniture d’électricité, ce qui a plongé des villes du Niger dans le noir.
L’Algérie entre dans la danse
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a assuré dimanche qu’une intervention militaire au Niger serait » une menace directe pour l’Algérie », lors d’une interview télévisée. Il a prévenu que dans le cas d’une intervention militaire « tout le Sahel s’embrasera », ajoutant qu’il « n’y aura aucune solution sans nous (l’Algérie). Nous sommes les premiers concernés. » L’Algérie partage près d’un millier de kilomètres » de frontière avec le Niger, a-t-il souligné. « Dans quelles situations sont aujourd’hui les pays qui ont connu une intervention militaire ? », s’est interrogé le chef d’Etat algérien en précisant « regardez où en est la Libye, la Syrie ».
Au Mali et au Burkina Faso, les putschistes ont prévenu qu’ils seraient solidaires de leur voisin et que toute intervention militaire serait considérée comme « une déclaration de guerre » à leur encontre. Ce qui augurerait, dans le pire des cas, d’une guerre entre, d’un côté, Nigeria, Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin et d’autres encore avec feu vert de Paris et Washington, et Niger, Mali, Burkina Faso, d’autre part, soutenus en sous-main par Moscou.
La junte a rompu avec Paris
La junte a aussi dénoncé jeudi soir tous les accords de coopération militaire avec la France, qui déploie au Niger un contingent de 1.500 soldats pour la lutte antiterroriste. Paris a rétorqué que seules « les autorités nigériennes légitimes » peuvent dénoncer les accords militaires avec la France. La junte a également mis fin aux fonctions des ambassadeurs nigériens dans quatre pays : la France, les Etats-Unis, le Nigeria et le Togo. L’ambassadrice du Niger en France, Aïchatou Boulama Kané, a répliqué qu’elle jugeait « comme nulle et non avenue » la décision des putschistes de mettre fin à ses fonctions.
Dans la soirée de dimanche, quelque 30.000 partisans du coup d’Etat se sont rassemblés à Niamey pour une démonstration de force à quelques heures de la fin de l’ultimatum .
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