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Publié le 6 oct. 2023 à 19:06Mis à jour le 6 oct. 2023 à 19:59
La question migratoire est loin de faire consensus au sein de l’Union Européenne. Les dirigeants populistes polonais et hongrois ont ainsi manifesté avec véhémence vendredi leur opposition à la réforme du système migratoire européen, au cours d’un sommet de l’UE. Les deux chefs d’Etat ne peuvent toutefois pas le bloquer, deux jours après un accord-clé entre les Etats membres.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, un habitué des diatribes contre Bruxelles, est allé jusqu’à parler de « viol » dans de tonitruantes déclarations à son arrivée à ce sommet informel à Grenade, dans le sud de l’Espagne. « Si vous êtes violé légalement, forcé à accepter quelque chose que vous n’aimez pas, comment est-ce possible d’avoir un compromis, un accord ? C’est impossible », a-t-il lancé.
« Nous n’avons pas peur des diktats qui viennent de Bruxelles et de Berlin », a quant à lui tonné le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. Il a réitéré son refus de se voir imposer un système de « distribution de migrants illégaux », à dix jours d’élections législatives en Pologne qui s’annoncent serrées.
Contre une déclaration commune sur l’immigration
Pour manifester leur mécontentement, les deux pays ont fait obstacle vendredi à l’adoption d’une déclaration commune sur l’immigration à l’issue du sommet. Une démarche avant tout symbolique qui laisse un parfum de désunion.
Ainsi, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a annoncé le rejet de la partie du communiqué commun consacrée à l’immigration. « En tant qu’homme politique responsable, je rejette tout le paragraphe des conclusions du sommet concernant la migration », a écrit Mateusz Morawiecki sur X (anciennement Twitter). Une déclaration séparée sera publiée sur la question de l’immigration.
Jestem premierem Rzeczypospolitej Polskiej. Odpowiadam za bezpieczeństwo Polski i jej obywateli.
Dlatego jako odpowiedzialny polityk oficjalnie ODRZUCAM cały paragraf konkluzji szczytu dotyczący migracji.
Polska jest i pozostanie bezpieczna pod rządami @pisorgpl!🛡🇵🇱🛡…
— Mateusz Morawiecki (@MorawieckiM) October 6, 2023
Le dossier migratoire, l’un des plus épineux entre les Vingt-Sept, a été mis à l’ordre du jour de ce sommet à la suite du récent afflux de migrants sur la petite île italienne de Lampedusa, qui a rappelé l’urgence d’une réponse européenne. Ces derniers jours, l’archipel espagnol des Canaries a aussi connu une recrudescence des entrées.
Mercredi, les ambassadeurs des pays de l’UE ont fini par se mettre d’accord sur un règlement mettant en place un mécanisme de solidarité obligatoire entre Etats membres dans le cas où l’un d’entre eux est confronté à une « situation exceptionnelle » liée à des arrivées « massives » de migrants à ses frontières.
Le texte, qui prévoit aussi un régime dérogatoire aux procédures d’asile classiques, moins protecteur pour les migrants, a dû faire l’objet d’un compromis pour lever les réticences allemandes, puis italiennes.
« Le sujet avance »
Ce règlement, dernière pièce du Pacte asile et migration de l’UE qui doit encore faire l’objet de négociations avec le Parlement européen, a été agréé par les Etats membres à la majorité qualifiée comme les traités le prévoient et non à l’unanimité comme le réclament la Pologne et la Hongrie. Ces dernières ont voté contre le texte, tandis que l’Autriche, la Slovaquie et la République tchèque se sont abstenues.
A l’issue du sommet, le président français Emmanuel Macron s’est félicité que « ce sujet avance comme il se doit à la majorité qualifiée ». La Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a aussi exprimé sa satisfaction. « La perception et les ambitions de l’Europe en matière migratoire sont en train d’évoluer vers une ligne plus pragmatique de légalité, de volonté de combattre les trafiquants, de stopper l’immigration illégale », a-t-elle estimé jeudi.
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