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« Aucune honte, aucune conscience, aucun honneur… » En sortant du tribunal, Anatoliï Navalny, le père du plus célèbre des opposants au Kremlin de Vladimir Poutine est plus remonté que jamais. Il vient d’assister, ce lundi 19 juin, à la première audience du nouveau procès contre son fils. Mais la suite se tiendra à huis clos, rendant la procédure un peu plus opaque encore.
« Bien qu’il soit évident, au vu de l’épaisseur des volumes, que je suis un criminel méthodique et appliqué, il est impossible de comprendre précisément de quoi je suis accusé… », avait déjà ironisé Alexeï Navalny. Il a eu dix jours à peine pour se plonger dans les 196 volumes du dossier. L’enjeu est pourtant de taille : plus de deux ans après son arrestation , et avec déjà une condamnation pour onze ans et demi derrière les barreaux , il risque trente années de prison supplémentaires. Cette fois, c’est pour « organisation extrémisme ».
« Appel public à l’extrémisme »
La machine judiciaire, réputée pour être au service des autorités politiques, a retenu sept charges contre lui, en lien avec son Fonds de lutte contre la corruption. Depuis qu’il est rentré à Moscou en janvier 2021, cinq mois après son mystérieux empoisonnement en Sibérie puis de longs traitements en Allemagne , Alexeï Navalny avait été jugé et incarcéré sur des charges relativement mineures : violation du contrôle judiciaire à cause de sa longue absence à l’étranger (deux ans et demi de prison) ; puis escroquerie supposée de ses partisans (neuf ans de prison).
Curieusement, les nouvelles charges mêlent une question de « réhabilitation du nazisme » parce que l’un de ses lieutenants a, dans une vidéo, évoqué Adolf Hitler et la tentative d’assassinat contre lui. Pour « appel public à l’extrémisme », il est pareillement reproché à Alexeï Navalny des propos tenus par un autre, pour un slogan anticorruption lancé par l’un de ses partisans lors d’une manifestation.
Procès à huis clos
Procédure rare, habituellement réservée aux détenus malades, ce nouveau procès se tient non pas dans un tribunal mais à l’intérieur même de la prison actuelle d’Alexeï Navalny : la colonie pénitentiaire IK-6 de Melekhovo, dans la région de Vladimir, à 200 km de Moscou. C’est un moyen de tenir les audiences loin du regard des journalistes et de toute manifestation de partisans . Les autorités espèrent que l’oubli et l’indifférence guettent le leader de l’opposition.
Lors de son anniversaire, le 4 juin, le jour de ses 47 ans, des rassemblements de soutien se sont tenus dans diverses capitales occidentales. Mais, à Moscou et en régions, seuls quelques rebelles ont osé descendre dans la rue avec une simple pancarte « Bon anniversaire, nous ne t’oublions pas ». Une centaine ont été interpellés, poursuivis en justice.
Depuis des mois, pour déjouer cet oubli, Alexeï Navalny a inversé les rôles et pris les autorités à leur propre jeu. Il multiplie les plaintes sur ses conditions d’incarcération. A chaque audience, en visio depuis sa prison, il est apparu amaigri et les traits tirés, mais gestuelle et moquerie toujours aussi tranchantes. En avril, ses proches se sont inquiétés. L’opposant, qui a perdu plus de huit kilos en deux semaines, avait fait une crise d’estomac lors d’un de ses séjours en cellule disciplinaire. Il souffrait d’une mystérieuse maladie qui, selon eux, pouvait s’apparenter à un lent empoisonnement.
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