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Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal planche avec le Président sur une équipe gouvernementale considérablement allégée. Mais entre parité, équillibre politique et egos à ne pas froisser, le casting gouvernemental peut difficilement se contenter d’une quinzaine de visages.
Un petit-déjeuner et une promesse. Lors du rendez-vous entre Emmanuel Macron et Gabriel Attal avant l’officialisation de son arrivée à Matignon ce mardi, les deux hommes se sont mis d’accord sur l’élaboration d’un « gouvernement resserré ». Si la promesse est classique, elle est bien difficile à mettre en œuvre.
« Un remaniement, c’est un jeu où on déplace des pions en essayant de faire de la place. C’est souvent compliqué, lourd et à la fin quand on arrive à la liste complet, on est souvent un peu déçu et on se dit qu’il y a beaucoup de monde », résume Gérard Longuet, trois fois ministre sous Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy.
Promesse de campagne
Emmanuel Macron le sait bien. En 2017, en pleine campagne présidentielle, celui qui était alors candidat avait assuré vouloir constituer « un gouvernement de 15 membres maximum, très ramassé, avec des personnes de la société civile et des personnes du monde politique venant de la gauche, du centre, de la droite ».
Six mois plus tard, on compte pas moins de 31 ministres et secrétaires d’État au sein du gouvernement d’Édouard Philippe. En 2022, la donne n’a guère changé. Élisabeth Borne nomme pas moins de 42 personnes à son arrivée à Matignon. À son départ lundi, on en comptait une de moins.
Entre les objectifs de parité, un relatif équilibre géographique, des ténors à ne pas froisser et des secteurs d’activité à représenter, l’élaboration d’un gouvernement tourne rapidement au casse-tête. De quoi rendre quasi-impossible un casting avec seulement 10 ou 15 ministres.
Avec la parité, « vous vous retrouvez vite à 35 personnes »
Première difficulté: avoir autant d’hommes que de femmes autour de Gabriel Attal.
« On va avoir tendance à se demander qui on veut faire rentrer. En général, ce sont principalement des hommes. Et puis une fois qu’on a 15 ou 20 noms, on se rappelle qu’on va devoir faire entrer autant de femmes. Vous vous retrouvez vite à 35 personnes », résume un collaborateur ministériel.
« Quand on voit que les femmes arrivent toujours à des postes qu’on juge peu prestigieux, on peut quand même se dire que la contrainte est limitée », nuance Dominique Bertinotti, ex-ministre déléguée à la Famille sous François Hollande.
Dans le dernier gouvernement d’Élisabeth Borne, 7 secrétariats d’État sur 8 étaient détenus par des femmes.
Ne « pas se fâcher » le MoDem et Horizons
Second impératif: ménager les alliés du président. Gabriel Attal ne va pas pouvoir faire l’économie de ministres Horizons et MoDem, partie intégrante de la majorité présidentielle, au sein de son gouvernement.
Leur nombre a d’ailleurs peu de chances de bouger. Malgré le probable départ d’Agnès Firmin-Le Bodo, ministre de la Santé par intérim, visée par une enquête pour des cadeaux d’un laboratoire pharmaceutique, il devrait toujours rester au moins sept ministres et secrétaires d’État MoDem et Horizons.
À commencer par Christophe Béchu, le secrétaire général d’Horizons, qui a accompagné le Premier ministre lors de son tout premier déplacement dans le Pas-de-Calais.
« Ce sont rarement ceux qui brillent le plus mais bon, se passer d’eux, c’est fâcher pour pas grand-chose Édouard Philippe et François Bayrou », pique un député macroniste.
« Dans un contexte de majorité relative, vous avez besoin de toutes les forces et vous ne pouvez pas vous passer de vos amis. On fait toujours de la place dans ce cas-là au gouvernement », relate de son côté l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
Ménager Le Maire et Darmanin avec « les amis des amis »
Troisième besoin: ne pas froisser les actuels ténors. Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont fait savoir leur colère au Président à l’annonce de la nomination de Gabriel Attal – malgré leurs démentis.
Si le ministre de l’Intérieur s’est vu confirmer son maintien place Beauvau, la question reste entière pour le locataire de Bercy dont le nom circule pour le Quai d’Orsay.
Pour calmer les agacements des ministres en place, la technique est bien connue: faire monter des fidèles. Plusieurs proches de Gérald Darmanin pourraient faire leur entrée au gouvernement pour arrondir les angles tout comme des lieutenants du ministre de l’Économie.
« Il peut y avoir un côté loterie à vouloir faire venir les amis des amis pour ne pas heurter les uns et les autres », regrette Patrick Kanner, ancien ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
Avoir tous les secteurs au gouvernement qui font « gonfler le casting »
Quatrième impératif: tenter de faire en sorte que toutes les thématiques soient représentées au gouvernement, quitte à faire gonfler la liste des ministres. Pour l’éviter, Élisabeth Borne avait écarté plusieurs thématiques à son arrivée à Matignon comme les Transports, la politique de la Ville ou encore le Logement.
« C’est parfois des oublis mais c’est aussi souvent volontaire. Ça permet d’alléger le nombre de ministres et quelques mois plus tard, vous faites rentrez des secrétaires d’État et ça gonfle le casting », décrypte l’ancien ministre Gérard Longuet.
« Il y a des secteurs qui savent plus se rappeler au bon souvenir de l’Élysée que d’autres et ça vous fait tout de suite une personne en plus à nommer », décrypte un député Renaissance.
Avoir des ministres des « 18 régions »
Cinquième impératif: l’équilibre géographique qui vise à s’assurer que chaque région a un ministre pour la « représenter ».
« Si vous faites ça, ça vous donne 18 ministres qui n’ont pas d’autres qualités que d’être Occitan ou de venir de Bordeaux. On a 18 régions, ok, mais ce n’est pas sérieux », s’agace un conseiller ministériel.
Priorité sous François Hollande, Emmanuel Macron y semble d’ailleurs nettement moins attentif. Il faut dire que la plupart des ministres n’ont pas de mandat local et ne représentent donc aucun territoire autre que celui dans lequel ils vivent.
Preuve que la question de la représentation géographique pèse moins en macronie: pour la première fois depuis des années, aucun ministre issu des territoires ultra-marins n’est présent au gouvernement depuis 2023 et le départ de la Calédonienne Sonia Backès.
Le casting gouvernemental devrait être bouclé d’ici « la fin de la semaine », d’après le président du Sénat Gérard Larcher, qui a échangé avec Gabriel Attal mardi.
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