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Publié le 17 déc. 2023 à 12:39Mis à jour le 17 déc. 2023 à 14:01
Lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine a dit qu’il était déterminé à remplir ses objectifs. Il espère profiter de l’enlisement actuel des combats et d’une baisse de l’aide à l’Ukraine. Est-ce une stratégie gagnante ?
Vladimir Poutine a déjà fait plusieurs erreurs stratégiques importantes. Il a cru qu’il pourrait occuper Kiev en quelques jours ; il a voulu moins d’Otan, et la Finlande et la Suède vont nous rejoindre ; il a cru que l’Occident serait divisé et que les Américains et l’Union européenne auraient d’autres priorités. Il se trompe à nouveau. Le ton triomphaliste de sa conférence de presse n’est que de la propagande. Il veut transmettre un message plus optimiste à son opinion publique avant les élections en Russie.
A l’Otan, nous avons toujours dit que ce serait une guerre longue, que les guerres sont imprévisibles par nature, et que dans une guerre longue, il y a des phases plus stratégiques ou plus tactiques. Enfin, Vladimir Poutine a oublié de mentionner qu’il a perdu 300.000 soldats en quelque six cents jours de conflit.
Si nous nous battons pour l’Ukraine, c’est dans notre propre intérêt, parce que si la Russie aboutit, elle voudra plus de guerre. Je suis convaincu que l’Ukraine a gagné son droit d’être une nation libre, de faire partie de notre famille des démocraties occidentales, et nous avons l’obligation de les aider pour le long terme.
Nous traversons une période fragile. La situation est gelée et les équipements militaires nécessaires vont prendre du temps pour arriver en Ukraine…
Nous voyons les prochains mois comme étant dynamiques, malgré l’hiver, mais sans développement massif des deux côtés. Les Ukrainiens ont réussi, sans avoir de flotte, à ce que la flotte russe quitte la Crimée pour aller à Novorossisk, de l’autre côté de la mer noire. C’est un succès ! Idem pour leur présence de l’autre côté du fleuve Dniepr, ou le fait d’avoir, avec l’aide des assureurs, créé un corridor pour exporter des céréales.
En Europe et aux Etats-Unis, nous avons sous-investi dans notre défense et dans la production industrielle. C’est un problème pour les Ukrainiens, mais aussi pour la défense de l’Europe. C’est pour cela que l’Otan a organisé un plan d’adaptation de la production militaire, tout comme l’UE tente de pallier la fragmentation excessive du marché industriel militaire en Europe. Les nations alliées vont investir davantage dans la défense. On veut être très prévisibles dans nos commandes auprès des industriels. Avec une certaine lenteur, nous aurons un retour à une situation plus normale. C’est un réveil stratégique pour l’Europe. La guerre a un prix, et il faut que nous agissions de façon solidaire. De son côté, la Russie est parvenue à relancer une économie de guerre.
L’Otan se transforme-t-elle également ?
Nous avons commencé à exécuter les nouveaux plans de défense. Il s’agit de la plus ambitieuse transformation de la manière dont nous faisons la défense de l’Europe depuis quarante ans. Nos plans militaires, la structure de commandement, la dimension d’interopérabilité, tout y passe. Et là, la France est vraiment championne.
Elle est exemplaire au sein de l’Otan. Tant en ce qui concerne sa contribution que sa culture stratégique ou sa capacité à mobiliser les ressources. Il y a presque un an nous avons créé une centaine d’accélérateurs d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA) pour les jeunes entreprises qui peuvent tester leurs technologies, et la France nous en a donné dix, dans des universités et des centres de recherche. Nous avons aussi un petit fonds de capital-risque.
La France a également une grande expérience en résilience sociétale et dans la lutte contre la désinformation. Nous aidons en particulier la Moldavie, qui fait l’objet d’une guerre hybride totale de la Russie. La notion de sécurité est tellement élargie aujourd’hui : il ne s’agit pas que de défense et de dissuasion.
Nous travaillons par ailleurs sur la protection des infrastructures sous-marines avec l’industrie privée et les services de renseignements. Il y a aussi un travail important sur le climat et la sécurité.
Y a-t-il une meilleure coordination avec Kiev ?
Nous avons désormais une coordination très systématique avec les Ukrainiens. Il y a une visibilité des besoins, des stocks, des transferts. Une agence d’acquisition, basée au Luxembourg, réalise des achats conjoints pour faire baisser les prix et trouver des ressources supplémentaires. Cela marche très bien. Nous allons établir en Pologne un centre sur les « leçons apprises » de ce conflit. Cela va être intéressant de voir comment cette guerre, à la fois très classique et très moderne, doit changer la manière dont chacun au sein de l’Alliance doit s’équiper.
Il faut étudier les liens entre les grands équipements militaires traditionnels, l’utilisation de l’espace ou du cyber, et l’apport des acteurs privés qui appuient le ministère de la Défense ukrainien. Tous ces acteurs non étatiques, qui développent et utilisent des petits drones, changent la donne. Chaque cinq ou six mois, on assiste à une course en avant et à de nouvelles technologies ou utilisations de drones. C’est notre devoir de tirer les leçons de ce conflit.
Les autorités françaises sont réticentes à élargir la mission de l’Otan à la Chine. On parle aussi d’utiliser l’Otan dans le Sud. L’Otan doit-il être utilisé partout ?
Non. Notre Alliance est par traité une organisation régionale, euro-atlantique. En même temps, pour protéger un milliard de nos citoyens dans 32 pays, on doit regarder les menaces, et donc prendre en compte le fait que la Chine vient autour de l’Europe, dans le cyber, la surveillance spatiale, le maritime. Mais cela n’a rien à voir avec une volonté de l’Otan d’aller intervenir dans l’ Indo-Pacifique.
Nous avons besoin d’avoir plus de synergies entre nous, les démocraties. C’est ce qu’offre l’Otan, une vision à 360 degrés pour éviter la fragmentation. Je dis aux Français qu’ils ne doivent pas s’inquiéter. L’Alliance ne va pas se transformer en une organisation antichinoise, nous n’avons aucun intérêt à une nouvelle guerre froide. Nous défendons les intérêts de sécurité de notre Alliance, dans un monde de plus en plus interconnecté, plus fluide et dangereux. On va trouver un consensus sur un équilibre au prochain sommet de Washington.
Qu’attend-on du prochain sommet qui marquera les 75 ans de l’Alliance ?
Déjà, je suis convaincu que la Suède va nous rejoindre avant ce sommet, malgré quelques difficultés en fin de processus. Evidemment, l’Ukraine sera toujours en haut de l’agenda. De même que la réaffirmation de nos partenariats, avec l’UE, le Sud méditerranéen ou l’Indo-Pacifique. Comme toujours, il y aura des discussions sur le partage des dépenses de défense, et sur les nouveaux plans de défense et de dissuasion de l’Otan. Ce sera un sommet très important, qui marquera la plus grande transformation depuis la Seconde Guerre mondiale de notre préparation militaire. Et ce, dans tous les secteurs, y compris dans l’espace, où la France joue un rôle important.
Nos plans s’adossent évidemment aux forces que les nations mettent à notre disposition, mais ce qui compte, ce n’est pas que la quantité, mais la qualité et le degré de préparation des soldats. Et là, les choses avancent vite. Nous commençons actuellement un nouveau cycle de planification militaire avec chaque allié pour optimiser les plans de défense, en évitant les faux choix entre la guerre conventionnelle et les nouvelles technologies militaires.
Êtes-vous optimiste sur l’issue des débats à Washington sur l’aide à l’Ukraine ?
Bien sûr. Par tactique, le gouvernement américain a mis sur la table une enveloppe de financements énorme pour l’aide militaire à l’Ukraine mais aussi à Israël, pour le Pacifique, la protection de la frontière, et ce, afin de passer le cap des élections de 2024. Il faut comprendre que l’enveloppe est lourde car elle couvre deux ans de dépenses. Je ne peux préjuger des discussions, mais je suis convaincu qu’il y a une volonté bipartisane, des démocrates et républicains, de maintenir une aide.
Poutine déclare que l’entrée de la Finlande dans l’Otan va créer des « problèmes »
Vladimir Poutine a prévenu dimanche que l’entrée de la Finlande dans l’Otan cette année allait créer des « problèmes » là où il « n’y en avait pas » et a annoncé en réponse un renforcement militaire près de sa frontière. Ses déclarations interviennent alors que la Finlande a annoncé jeudi fermer de nouveau l’intégralité de sa frontière avec la Russie, quelques heures après avoir rouvert deux postes-frontières, accusant Moscou d’orchestrer une crise migratoire. Le ministre finlandais de la Défense devrait, par ailleurs, signer lundi un accord de défense permettant aux Etats-Unis d’accéder à des bases militaires dans le pays, a annoncé vendredi Helsinki.
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