UE : l’Américaine Fiona Scott Morton renonce à son poste clef à la direction de la Concurrence

L’annonce de sa nomination avait provoqué un tollé dans plusieurs pays européens, elle préfère renoncer plutôt que de laisser s’enfoncer la crise. L’Américaine Fiona Scott Morton, ancienne cadre de l’administration Obama et professeure d’économie à l’université de Yale, a annoncé qu’elle refusait de prendre la poste d’économiste en chef à la direction générale de la Concurrence de l’Union européenne.

Dans une lettre rendue publique, ce mercredi matin sur Twitter, par la commissaire européenne chargée de la Concurrence, Margrethe Vestager , Fiona Scott Morton explique « être honorée » de sa nomination, mais « se retirer » face à « la controverse politique qui a surgi en raison de la sélection d’une non-Européenne pour remplir cette mission ». « J’accepte cela avec regret et j’espère qu’elle continuera à utiliser ses compétences extraordinaires pour faire pression en faveur d’une application stricte de la concurrence », a commenté Margrethe Vestager.

Un poste clef à Bruxelles

La nomination de Fiona Scott Morton il y a quelques jours avait suscité un tollé chez de nombreux eurodéputés, bientôt rejoint officiellement par la France . Si Fiona Scott Morton peut se targuer d’un CV très riche, certains de ses emplois passés faisaient craindre de possibles conflits d’intérêts. Elle a notamment été consultante pour des grands groupes de la tech comme Apple et Microsoft.

Or, l’économiste en chef de la direction de la Concurrence aura pour mission de veiller au bon fonctionnement de la concurrence au sein de l’UE. Dans ce cadre, il ou elle devra notamment enquêter sur les abus des géants du numérique qui ont donné lieu à des amendes records ces dernières années .

Tollé général

« Alors que nos institutions font l’objet d’un examen minutieux face aux ingérences étrangères, nous ne comprenons pas que des candidats non-européens soient pris en considération pour un poste aussi stratégique et de haut niveau », s’étaient étonnés les présidents des groupes du Parlement européen PPE (droite), S&D (sociaux-démocrates), Renew (centristes et libéraux) et Verts dans une lettre commune.

« À l’heure où l’Europe s’engage dans la régulation numérique la plus ambitieuse du monde, la récente nomination de l’économiste en chef de la DG (direction générale, NDLR) Concurrence n’est pas sans soulever des interrogations légitimes », avait abondé le ministre français chargé du Numérique Jean-Noël Barrot. Emmanuel Macron s’était, de son côté, dit « dubitatif » , estimant que ce choix contrevenait à « l’autonomie stratégique » européenne.