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Après Venise en Italie, c’est Amsterdam aux Pays-Bas qui va interdire aux bateaux de croisière d’accoster dans son port.
L’aversion de nombreuses villes touristiques vis-à-vis des paquebots de croisière, des navires de plus en plus grands, prend de l’ampleur dans le monde. Accusés de polluer, et de participer à un tourisme de masse décrié, ils commencent à être bannis de certains ports ou en voie de l’être.
Dernier en date, celui d’Amsterdam. Le conseil communal de la ville hollandaise a adopté ce jeudi une motion visant la fermeture d’un important terminal dédié à ces navires dans son centre-ville.
« Les croisières polluantes ne correspondent pas aux ambitions durables de notre ville », a déclaré dans un communiqué la formation de centre-libéral D66, à l’origine de la motion, qui dirige la ville aux côtés des sociaux-démocrates et des écologistes.
Amsterdam a emboîté le pas à Venise qui a été la première grande destination touristique à appliquer cette interdiction en 2021.
Compliquer la vie des compagnies
Une loi interdit en effet aux paquebots de plus de 25.000 tonnes d’entrer dans le bassin de Saint-Marc et le canal de la Giudecca en plein centre-ville. De quoi interdire à 95% des bateaux croisières cet accès direct. Ils doivent désormais accoster dans un port un peu plus lointain.
D’autres villes qui n’ont pas la capacité législative d’interdire ces navires ont décidé de compliquer la vie des compagnies maritimes pour limiter les effets du tourisme de masse.
C’est le cas Monterey, en Californie (États-Unis) qui a supprimé les services de débarquement des passagers, obligeant donc les opérateur à s’en occuper et donc à payer pour.
« J’espère que cette mesure indiquera à l’industrie de la croisière qu’elle n’est plus la bienvenue dans notre ville », indique Hans Uslar, le « city manager » de Monterey.
Même volonté à Bar Harbor dans le Maine, toujours aux États-Unis. À partir de 2024, seulement 1000 passagers et membres d’équipage seront autorisés à débarquer chaque jour. C’est trois fois moins que le nombre de passagers d’une croisière classique.
À Barcelone, en Espagne, de nouvelles mesures en discussion pourraient réduire de moitié le nombre de personnes débarquant dans la cité catalane (200.000 touristes par mois pendant la haute saison).
Pression et pétitions
Dans de nombreuses autres villes touristiques, la pression des habitants sur les effets visibles de la pollution est de plus en plus forte, comme à Marseille.
« Quand on a des aberrations comme celle-là sous nos yeux qui nous impactent aussi directement, on ne peut que se sentir investis d’une mission de se mobiliser », explique à l’AFP Rémy Yves du collectif « Stop Croisières ».
En juin dernier, une cinquantaine de militants de ce collectif sont venus « cueillir » le plus gros navire de MSC Croisière, le World Europa, avec le slogan « la croisière, on n’en veut pas ».
Les opposants aux bateaux de croisière mettent en avant une étude d’AtmoSud affirmant que les activités maritimes sont responsables de 39% des émissions de dioxyde d’azote (NOx) sur la métropole marseillaise, juste derrière le trafic routier (45%).
Le maire Benoît Payan a lancé une pétition contre la pollution maritime en interpellant l’État et l’Organisation maritime internationale (OMI) tandis que l’ONG « Stop Croisières » a porté plainte contre X pour mise en danger d’autrui et préjudice écologique.
Une manne financière qui fait débat
En Corse, une pétition appelle à l’interdiction de ce tourisme de masse, notamment dans le port d’Ajaccio. Une pétition soutenue par le président autonomiste du Conseil exécutif Gilles Simeoni:
« Ce mécontentement exprime des vraies problématiques (…) Ce type de séjours sur des méga-bateaux polluants ne correspond pas aux axes de tourisme durable. »
À Nice, des riverains ont déjà obtenu qu’un bateau trop bruyant et trop polluant quitte le port.
Mais pour certains élus ou gestionnaires de ports, limiter l’accès aux navires de croisière, c’est prendre le risque de voir la manne des touristes s’effondrer. Pour autant, l’importance de cette manne fait débat, comme à Amsterdam par exemple.
« De nombreux croisiéristes sont lâchés quelques heures et prennent leurs repas dans des enseignes internationales, ce qui a peu d’impact sur la classe moyenne », avait déclaré en novembre la maire de la ville Femke Halsema, ajoutant que ces touristes avaient « peu de temps » pour visiter les musées.
Même débat à Barcelone. « 40% des navires de croisière s’arrêtent pendant quatre heures. Ils n’apportent aucune retombée économique à la ville, des milliers de personnes débarquent, posent de gros problèmes de mobilité et repartent. C’est une industrie que nous devons limiter », indique au Times Ada Colau, la maire de la ville.
Selon une étude menée en Norvège (où beaucoup de paquebots visitent les fjords) et citée par Euronews, jusqu’à 40% des passagers des bateaux de croisière ne quittent jamais le navire. Et ceux qui descendent à terre dépensent en moyenne moins de 23 euros.
Le secteur met en avant ses efforts de verdissement
Le secteur conteste évidemment ces conclusions. Et met en avant ses efforts pour limiter les effets de la pollution (et se plier aux nouvelles réglementations européennes notamment). Le CLIA, l’association internationale des compagnies de croisières, s’est ainsi engagé à réduire les émissions de carbone de 40% d’ici à 2030.
Les compagnies renouvellent leurs flottes, avec des navires propulsés au GNL (gaz naturel liquéfié), moins polluant que le fioul marin mais issu tout de même d’énergies fossiles, équipés de filtres puissants dans leurs cheminées…
Dans les ports, l’électrification des quais est également mise en avant. À Marseille, Hervé Martel, président du directoire du port met en avant les travaux pour généraliser cette électrification qui permet aux navires de couper leurs moteurs.
Il faut dire que selon une étude de l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un navire de croisière à quai pendant une heure émet autant que 30.000 véhicules roulant à 30 km/h. Cette électrification est également en cours en Corse et à Toulon.
Pas sûr que cela suffise à calmer une grogne de plus en plus forte des résidents pour qui ces navires, quels que soient les efforts réalisés, sont des aberrations écologiques et des supports d’un tourisme de masse de moins en moins accepté.
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