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(BFM Bourse) – Le secteur a connu une envolée spectaculaire en Bourse depuis l’éclatement de ce conflit, alors que ses résultats n’ont pas vraiment enregistré un impact important. Le ravivement des tensions géopolitiques a relancé l’intérêt des investisseurs.
Les groupes de défense ont connu de longues années de vaches maigres en Bourse, minés par des budgets militaires en baisse dans plusieurs pays et le manque d’intérêt des investisseurs pour des sociétés liées de près ou de loin à des armes. Ce dernier point est à mettre en relation avec l’essor des thématiques ESG (environnement, social et gouvernance, les critères extra-financiers) qui ont pesé sur l’attrait boursier de cette industrie.
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L’éclatement de la guerre en Ukraine, il y a exactement deux ans, a brutalement changé la donne, en ramenant ces sociétés dans le radar du marché. A titre d’exemple, les cours de Thales et de Dassault Aviation, les deux valeurs du secteur de la place parisienne (les activités militaires représentent une part relativement faible des revenus de Safran et d’Airbus) ont pris respectivement 60% et 59%(*) depuis le début du conflit.
Les groupes français ne sont d’ailleurs pas vraiment les meilleurs représentants de l’envolée de la défense en Bourse. L’allemand Rheinmetall a lui vu son action être multipliée par quatre, ce qui lui a au passage permis de rejoindre le DAX 40, l’indice de référence de la Bourse de Francfort. Le groupe britannique BAE Systems, lui, a « simplement » multiplié par plus de deux le cours de son action.
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Une hausse « massive » des multiples boursiers
« L’éclatement de la guerre en Ukraine s’est traduit par un re-rating (une appréciation des multiples boursiers, NDLR ) assez massive des valeurs de la défense. Dans les premières semaines du conflit, leurs PER sur douze mois glissants, c’est-à-dire les multiples de bénéfices auquel s’échangent leurs actions, ont progressé en moyenne de 25% à 30%, avant de se tasser puis d’effacer un peu leurs gains », explique Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.
« Mais après une pause, le mouvement de re-rating a repris depuis novembre-décembre, et les PER moyens de groupes de défense sont désormais 44% plus haut qu’avant l’éclatement du conflit en Ukraine », ajoute l’analyste.
Pourquoi les groupes de défense ont récemment poursuivi leur remontada boursière? « Cette hausse plus récente s’explique évidemment par l’embrasement du conflit entre Israël et le Hamas. Cet évènement est arrivé au moment où les investisseurs commençaient à s’interroger sur la pérennité de hausses des budgets militaires », répond Yan Derocles. « La campagne présidentielle américaine, et la montée en puissance de Donald Trump dans les sondages a aussi joué. Donald Trump a promis de « débrancher » le soutien américain à l’Ukraine, ce qui, si cette affirmation était suivie de fait, pourrait obliger les pays européens à augmenter leurs aides au pays. Et soutiendrait donc l’activité des groupes de défense européen », complète l’analyste.
Les tensions géopolitiques ont donc agi comme un catalyseur boursier pour les groupes de défense. Les investisseurs ont commencé à anticiper – à raison – des hausses des budgets des Etats. Dans les jours suivant l’éclatement du conflit, l’Allemagne avait annoncé une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros via un fonds spécial pour augmenter ses investissements militaires.
Les craintes ESG dissipées
L’Allemagne est loin de constituer un cas isolé. « De nombreux pays avait sous-investi massivement dans la défense pendant au moins une décennie. L’éclatement de la guerre en Ukraine a constitué un réveil brutal, rappelant qu’un conflit peut très bien survenir aux portes de l’Europe, qu’il peut être long et potentiellement s’étendre à plusieurs zones. L’Allemagne, la Pologne, les pays baltes ou encore la Finlande ont accéléré leurs dépenses militaires. Cela n’a pas été vraiment le cas du Royaume-Uni ou de la France qui investissaient déjà beaucoup dans la défense. Même si en France, la loi de programmation militaire prévoit une marche d’escalier, c’est-à-dire une augmentation de budget, de 3,4 milliards d’euros par an en moyenne jusqu’à 2030 », développe Yan Derocles.
Pour autant, le conflit ne s’est pas traduit par des impacts vertigineux dans les comptes des sociétés en question.
« Globalement, les progressions en Bourse des groupes de défense sont bien dues à une amélioration des multiples, c’est-à-dire une meilleure perception de la part du marché. Car autrement, le conflit en Ukraine et ses conséquences n’ont pas encore eu à ce stade d’énorme impact sur les résultats financiers des sociétés du secteur, à l’exception d’entreprises évoluant sur des cycles courts, qui fournissent des pièces détachées ou des munitions, comme Rheinmetall », note Yan Derocles.
Ce conflit a, par contre, effacé ou a minima atténué les craintes ESG qui entouraient le secteur. « On observe aujourd’hui que les groupes de défense européens s’échangent à des multiples proches de ceux des sociétés américaines du même secteur. Cela signifie que la lourde décote que subissait l’Europe en raison de l’aversion des investisseurs ESG pour le secteur s’est désormais résorbée », explique Yan Derocles d’Oddo BHF.
« Depuis février 2022, de nombreux fonds ont revu leur politique d’exclusion des groupes de défense et sont ainsi revenus sur le secteur. Les fonds de la plupart des pays regardent désormais si un groupe fournit des armes conventionnelles ou non conventionnelles mais n’excluent plus systématiquement les sociétés avec une activité militaire. Il y a encore quelques exceptions comme la Belgique et l’Allemagne. Mais dans ce dernier pays des discussions ont actuellement lieu pour modifier les règles car de nombreux gérants d’actifs allemands ont sous-performé le marché, ne pouvant acheter le titre Rheinmetall (qui bondit de 62% sur un an, NDLR) », développe l’analyste.
Remarquons toutefois que Thales et Dassault Aviation ont sous-performé légèrement le CAC 40 l’an passé, le premier progressant de 12,3% et le second de 13,2% contre une progression de 16,5% pour l’indice. « Thales n’est pas fortement exposé aux hausses immédiates des budget des pays qui ont accéléré leurs dépenses. Ses principaux clients dans la Défense restent des gouvernements qui investissaient déjà significativement dans le militaire (France, Royaume-Uni, Australie). Quant à Dassault Aviation, l’action pâtît de la fragilité de la chaine de fournisseurs qui perturbe la montée en cadence des jets d’affaires (deuxième activité du groupe avec les avions de chasse, NDLR) », explique Yan Derocles.
Encore du potentiel
Reste la question du potentiel boursier pour les mois à venir. Dans une note de décembre, Bank of America se montrait relativement optimiste. L’établissement notait que « les commandes de défense continu(aient) de surprendre « et « que la croissance suivr(ait) probablement ».
Bank of America anticipait « une autre année de forte croissance des bénéfices avec des multiples qui se maintiennent ». La banque tablait sur une croissance de 10% des revenus du secteur en données comparables jusqu’en 2025, une marge opérationnelle moyenne en amélioration de 125 points de base (1,25%) sur le même horizon, et une croissance des bénéfices par action de 23%.
Sans attendre une amélioration « importante » des multiples boursiers, Bank of America voyait un peu de place pour des hausses cette année sur certaines valeurs (l’italien Leonardo, les britanniques BAE Systems et Babcock) en raison notamment « des tensions géopolitiques et de l’accélération des budgets ».
« L’accélération des budgets militaires s’est essentiellement observée dans les carnets de commandes des groupes de défense. Cette année et en 2025, cela devrait commencer à se répercuter dans les comptes de résultats et le cash-flow », juge pour sa part Yan Derocles.
« Surtout que les Etats commencent à lâcher du lest. Historiquement, la défense est un secteur avec un faible levier opérationnel, car les gouvernements auditent scrupuleusement les programmes. Mais les Etats commencent à modifier les termes et conditions des contrats et aussi à augmenter les pré-financements, de sorte à donner de l’oxygène à une industrie dont ils ont grand besoin », développe-t-il
« Si les résultats financiers des groupes s’améliorent comme le prévoient leurs carnets de commandes, et si les Etats continuent de soutenir le secteur, on peut penser que la défense a encore du potentiel en Bourse », conclut l’analyste.
(*) Pour des questions pratiques les données sur les cours ont été arrêtées à la clôture de mercredi.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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