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Publié le 25 nov. 2023 à 11:30
Combien de temps encore le sucre sera-t-il une source de richesse pour la France ? L’Hexagone est le plus gros producteur en Europe, mais il n’est que le neuvième dans un monde où la canne fournit 80 % des volumes de sucre, quand la France tire l’essentiel de son sucre de la betterave.
Deuxième exportateur mondial de sucre de betterave en 2000, la France n’a cessé de perdre des places dans le commerce mondial au fil des ans avec la montée en puissance de la canne brésilienne et à force de remises en cause de la Politique agricole commune par les concurrents de l’UE. Mais elle est encore le cinquième exportateur de sucre de la planète.
Aujourd’hui, le sucre en France, c’est 17 usines, 6.000 emplois directs et près de 24.000 planteurs sur 402.000 hectares. « Une source de richesse non négligeable », estime Thierry Pouch, économiste des chambres d’agriculture dans un ouvrage sur la géopolitique du sucre qu’il signe avec Sébastien Abis, directeur du club Demeter.
Irruption de la Russie
La situation de la France est sans doute enviable en Europe mais éminemment fragile au regard de l’émergence de nouvelles puissances betteravières. Parmi celle-ci la Russie, susceptible de provoquer « le déclassement de l’Europe » , selon Sébastien Abis. En l’espace de cinq ans, elle a doublé la France et s’est hissée au tout premier rang de la production de betteraves dans le monde avec des volumes de 44,7 millions de tonnes, supérieurs de 17 % à l’Hexagone. « Elle n’exporte pas pour l’instant, mais si elle continue à mettre le turbo sur la génétique et les semences, elle peut peser sur la planète sucre demain », ajoute Sébastien Abis.
L’autre grand concurrent de la betterave tricolore pourrait être les Etats-Unis, qui eux aussi donnent une importance accrue à cette culture. Ils talonnent la France et comptent « désormais parmi les gros producteurs. Avec la canne, ils se placent au sixième rang de la production mondiale de sucre », précise Thierry Pouch. Quant à la Chine, elle aussi cultive les deux. Sa production a triplé depuis les années 1970 et elle vient en quatrième position…
Approvisionnement incertain des usines
Dans ce contexte, l’industrie française du sucre, avec comme leaders les deux groupes coopératifs Tereos et Cristal Union , aura fort à faire pour défendre ses intérêts de deuxième producteur mondial du sucre de betterave. L’évolution des cours mondiaux aura une importance capitale dans ses capacités à faire face aux nouvelles concurrences, la chute du marché mondial pouvant déstabiliser l’approvisionnement en matière première des usines.
L’histoire récente, marquée par quatre années de prix bas de 2017 à 2020, a montré que les planteurs pouvaient décider de stopper ou de réduire leur production au profit d’autres cultures si les entreprises diminuaient trop le prix auquel elles les rémunèrent. Les industriels ont alors dû gérer un manque de matière première et son incidence sur la rentabilité de leurs outils. La situation les a amenés à fermer des usines afin de renouer avec l’équilibre. Mais elle les a aussi contraints à augmenter les prix aux planteurs pour éviter l’hémorragie.
Trou d’air prévu dans la production
La crainte de subir des pertes importantes de récolte faute de pouvoir utiliser les néonicotinoïdes décriés par les écologistes et interdits par l’UE continue de faire vaciller les vocations de planteurs en France. Des travaux sont en cours pour trouver des alternatives, mais les chercheurs ont déjà prévenu que ces nouvelles variétés n’assureraient pas le même rendement et qu’il fallait s’attendre à un recul de la production nationale. Sans doute pendant trois ans.
A ces perspectives s’ajoute le poids de la décarbonation sur les ressources financières des entreprises sucrières. Cette industrie est considérée avec l’amidonnerie comme faisant partie des plus grosses émettrices de gaz à effet de serre. L’obligation leur a été faite d’y remédier. A la clé, des investissements colossaux qui se chiffrent par centaines de millions d’euros. Cristal Union, le deuxième groupe tricolore estime la facture de la décarbonation totale de ses 8 sucreries françaises à plus de 1 milliard d’euros (soit l’équivalent de 59 % de son chiffre d’affaires).
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