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Depuis quelques jours, des voix dissonantes se font entendre dans la majorité pour contester la nouvelle réforme de l’assurance-chômage voulue par Gabriel Attal . Jusqu’ici, le Premier ministre défendait son projet en laissant entendre en coulisses que l’opinion publique était derrière lui. Mais est-ce bien le cas ?
Les Français sont en réalité divisés sur la question, la réforme ne récoltant qu’un soutien mitigé de 52 % d’entre eux. C’est ce qui ressort d’un sondage Elabe pour « Les Echos » et l’Institut Montaigne. « Cette réforme n’est pas très populaire. Pour résoudre notre problème d’endettement, les Français croient plus volontiers dans la nécessité de faire contribuer les plus aisés ou les entreprises qui en ont les moyens », souligne Vincent Thibault, directeur conseil opinion chez Elabe.
Crédibilité en berne d’Emmanuel Macron
C’est en fait toute la stratégie budgétaire du gouvernement qui est vue avec suspicion dans ce sondage. La crédibilité du camp macroniste en matière de finances publiques semble bien entamée, après le dérapage constaté pour 2023 ( avec un déficit à 5,5 % du PIB contre 4,9 % attendu ).
Interrogés sur les raisons de ce déficit, les sondés mettent en avant trois facteurs que sont la mauvaise gestion des gouvernements des trente dernières années (47 % citent ces raisons parmi les dix choix possibles), la mauvaise gestion d’Emmanuel Macron (46 %) et la crise Covid (46 %).
« Aux yeux des Français, Emmanuel Macron ne fait donc pas mieux que ses prédécesseurs, alors que la gestion de l’argent public est une source de mécontentement récurrente depuis des années », analyse Vincent Thibault. Ce scepticisme fait que 82 % des Français ne croient pas que le gouvernement fera repasser le déficit sous les 3 % du PIB en 2027 – et même 67 % des électeurs d’Emmanuel Macron. « C’est assez logique, on a du mal à donner du crédit à un mauvais élève qui promet d’avoir une mention au bac à la fin de l’année », estime le sondeur.
C’est dans ce contexte financier compliqué que Gabriel Attal a mis sur la table la semaine dernière un projet de durcissement des règles d’indemnisation des chômeurs. Officiellement afin d’inciter à un retour à l’emploi , même si beaucoup soupçonnent aussi une tentative de générer des économies. Mais quel que soit le bout par lequel on prend cette réforme, celle-ci suscite des réticences.
Intérêt minime pour les finances publiques
Sur son principe, un peu plus de la moitié des Français y est donc favorable. Avec de fortes divergences politiques. Même si Marine Le Pen dénonce la réforme, ses électeurs la voient plutôt d’un bon oeil (à 61 %). Environ 30 % des électeurs d’Emmanuel Macron y sont opposés. Si les retraités la soutiennent à 62 %, les actifs sont partagés, avec un rejet dans les professions intermédiaires (à 54 %).
Quant aux raisons la justifiant, 61 % des Français estiment qu’elle ne sera pas efficace pour réduire le déficit et l’idée qu’elle permettra un retour à l’emploi plus rapide ne crée pas de raz-de-marée dans l’opinion (51 % des sondés y adhèrent). « Si cette mesure divise les Français, elle semble pourtant délétère d’un point de vue économique et son intérêt pour nos finances publiques paraît également minime », juge Lisa Thomas-Darbois, directrice adjointe des études France de l’Institut Montaigne.
Cette dernière observe en outre « un regain vif d’intérêt pour l’intensification des mesures fiscales ciblées sur les plus riches ». Le sondage montre en effet que pour réduire le déficit, l’opinion publique plébiscite la taxation des superprofits (à 84 %) et l’augmentation des impôts pour les Français les plus riches (à 76 %).
Le totem des retraites
Plus significatif encore, l’électorat de la majorité adhère à ces propositions dans les mêmes proportions (à respectivement 90 % et 71 %), alors que le gouvernement répète pourtant depuis des semaines y être opposé. En revanche son idée d’augmenter le nombre de jours de carence pour lutter contre la hausse des arrêts maladie est très impopulaire (75 % d’opposition), dans toutes les catégories de l’électorat. Une augmentation des impôts des entreprises fait peu recette (56 % d’opposition).
Enfin, le montant des pensions fait toujours figure de vache sacrée dans l’imaginaire politique français. La possibilité de désindexer les retraites pour faire des économies provoque une levée de boucliers (90 % d’opposition), y compris chez les actifs (87 %). De quoi justifier la réticence d’Emmanuel Macron sur le sujet.
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