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Le coût annuel pour les problèmes de santé mentale s’élève à 23,4 milliards d’euros, ce qui en fait le premier poste de dépense de l’assurance maladie. La prévention et la formation permettraient de réduire à la fois les troubles et les dépenses. Un chantier à mener en priorité auprès des femmes, davantage concernées que les hommes.
Pourquoi défendez-vous une prise en charge de la santé mentale différente pour les femmes ?
Pascale Martin : Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes par la dépression et trois fois plus par des troubles anxieux. Les hommes ont aussi des troubles de santé mentale, mais les femmes beaucoup plus. I l faut donc s’attaquer à ce qui est le plus urgent. Et ça l’est, si on veut rétablir l’égalité. Ce qui ne veut pas dire ne pas s’occuper de la santé mentale des hommes, bien entendu.
Pourquoi les femmes sont-elles plus concernées ?
Elles subissent plus de violences tout au long de leur vie. Cela commence dès l’enfance, avec les coups, les agressions sexuelles – plus nombreuses chez les petites filles – et les incestes. À l’adolescence, les filles sont plus sensibles que les garçons. Quand on vit dans une société patriarcale, en tant que fille, on ne trouve pas sa place de la même manière que les garçons et on ne s’autorise pas autant de choses.
Le Haut Conseil à l’Égalité a, par exemple, montré que les filles se dirigent moins vers certaines filières, notamment scientifique ou du numérique. Certes, les choses s’arrangent, mais très lentement. Plus tard, les femmes vivent la maternité différemment des hommes. La question de la dépression post-partum a longtemps été ignorée et il n’y a toujours pas de réel accompagnement pour informer les primo parents. Enfin, il y a la ménopause, qui reste aussi très peu abordée.
Dans le rapport, vous mettez en évidence la référence à un modèle masculin dès la recherche médicale, ce qui influe ensuite la prise en charge…
En effet, tous les tests des laboratoires pharmaceutiques sont réalisés sur des hommes. Or un même médicament n’a parfois pas un effet identique que l’on soit un homme et une femme. Il faudrait que tous les essais en laboratoire soient faits sur des hommes, et sur des femmes.
Ce phénomène s’est-il accru ces dernières années ?
Le problème aujourd’hui, c’est que l’on n’a plus les moyens suffisants pour traiter des questions de santé mentale. Les adolescents ont 30 % plus de troubles anxieux depuis le Covid. S’ils ne sont pas traités, cela risque de s’aggraver. Le service public, qui devrait s’occuper de prévention et des soins pour les adolescents, est au bord de l’effondrement. Il manque partout de professionnels et les délais d’attente sont très longs. Il faut réintroduire du service public de santé. Est-ce que le gouvernement va suivre ? On verra si le nouveau ministre de la Santé abordera le sujet différemment. Je n’y crois pas beaucoup.
Quelles sont les principales recommandations du rapport ?
Trois sont prioritaires. Tout d’abord la prévention. Souvent, on est en souffrance parce qu’on n’a pas été suffisamment informé que cette souffrance pouvait arriver. Quand on connaît les choses, on peut mieux les combattre. Après, il y a la formation des professionnels amenés à côtoyer des femmes, et ce, dans tous les secteurs, aussi bien police, gendarmerie, justice médicale que médico-sociale. Le troisième élément est la prise en charge. Je parle là de 100 % de remboursement des frais liés aux questions de santé mentale.
Sinon, on risque d’avoir une médecine à deux vitesses, qui, malheureusement, est déjà installée. Des gens auront les moyens financiers de faire une psychothérapie et pourront sortir de leur mal-être. Les plus précaires, eux, se retrouveront hospitalisés pendant des semaines faute d’avoir été soignés à temps. Si on agit pour la santé mentale, on agit pour la société. Et on réduit les coûts qui sont très importants et qu’on peut investir pour autre chose.
Quelle est la prochaine étape de ce rapport, adopté à l’unanimité par la Délégation, et qui n’a pour l’instant qu’une valeur informative ?
C’est le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui se tiendra à l’automne. Anne-Cécile Violland (la deuxième rapporteure, députée du groupe Horizons – NDLR) et moi-même, nous comptons déposer des amendements à cette occasion sur le sujet. Certains seront peut-être transpartisans, et nous aurons aussi chacune nos propres amendements.
De mon côté, je vais aller le présenter auprès du mouvement féministe et du personnel médico-social. Aujourd’hui, malheureusement, un fossé se creuse entre la société civile et la politique. C’est assez dramatique. Moi, je suis très à l’écoute de ce qu’il se passe dans la société civile et je pense que c’est là qu’on trouve les meilleures réponses.
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