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Selon l’Insee, les membres de près de quatre couples sur dix font partie du même groupe social. Une tendance en légère progression qui s’explique par une participation croissante au marché de l’emploi.
Est-ce un nouvel exemple de l’archipélisation de la France, ce concept cher à Jérôme Fourquet qui décrit et analyse dans ses livres les fractures économiques et culturelles de la population française? Selon l’Insee, les Français auraient davantage tendance à se mettre en couple avec une personne issue du même milieu social qu’eux.
Dans la série d’études du portrait social du pays, l’Institut constate qu' »en 2022, près de quatre personnes en couple cohabitant sur dix vivent avec une personne de la même classe d’emploi: l’adage « qui se ressemble s’assemble » semble donc toujours d’actualité.
Selon l’Insee, ce sont 38,5% des couples qui sont en 2022 en situation d’homogamie, c’est à dire, selon la métholodologie de l’étude, qu’ils partagent la même classe d’emploi.
Le premier constat est que l’homogamie sociale varie fortement selon les classes d’emploi. En 2021-2022, elle concerne par exemple une personne en couple sur deux ayant un emploi de niveau supérieur, mais seulement une sur trois parmi les emplois d’exécution peu qualifiés.
Alors que la moyenne est à 38,5%, l’homogamie monte à 51% au sein des couples exerçant un emploi supérieur contre 35% pour les peu qualifiés. Les premiers comprennent par exemple les enseignants, les ingénieurs, les cadres, les journalistes, les médecins salariés. Les seconds comprennent notamment les agents de service du public, les personnels d’aide au maintien à domicile des personnes fragiles, les employés de cafés, restaurants et hôtels, les ouvriers peu qualifiés du nettoyage, les caissiers.
L’homogamie a légèrement progressé
Une surreprésentation que l’on retrouve aussi au sein des couples exerçant des professions d’indépendants avec un taux d’homogamie de 63% contre 39% pour les salariés.
C’est surtout le diplôme qui semble déterminant dans le choix du conjoint. Ainsi, selon l’Insee, partager le même niveau de diplôme donne 1,8 fois plus de chance d’être dans la même classe d’emploi que son conjoint. Alors qu’être issu de la même origine sociale donne 1,1 fois plus de chance d’être dans un couple endogame sur le plan social.
Dans ce portrait social réalisé par l’Insee se dessine donc une France des élites qui paraît plus fermée et dans laquelle les unions se font en majorité au sein du même groupe social. Et une France populaire plus ouverte aux unions hétérogames.
Mais les groupes sociaux ont-ils tendance à se renfermer et à « s’archipéliser » à travers le couple? Il est difficile de le conclure avec les données de l’Insee, qui a changé sa méthodologie en 2013 et en 2021, obtenant des résultats différents et difficilement comparables.
Mais entre 2003 et 2012 (même méthodologie), l’homogamie a semble-t-il légèrement progressé, passant de 31% des couples à 32,5%. Idem sur la période 2013-2020 où ce taux est passé de 35,3% à 36,1%. Depuis, ce taux qui était de 37,3% en 2021 est monté à 38,5% en 2022.
Avec beaucoup de précaution, on peut avancer que l’homogamie sociale tend à se développer au sein des couples en France. Il est pourtant hasardeux de conclure que les couples se fondent avant tout sur un critère économique.
En net recul dans le temps
D’abord comme le rappelle le sociologue spécialiste des relations Gérard Neyrand, la tendance à l’homogamie est en net recul sur une longue période, les mariages au sein d’une même classe sociale sont passés, selon cette étude française, de 42% dans les années 1960 à 33% de nos jours.
« Cette évolution s’est faite en deux phases, explique le sociologue au Figaro. D’abord une baisse nette entre 1960 et 1980, grâce à la libération des mœurs et surtout l’accession des femmes aux études et au monde du travail. Puis une baisse plus douce mais continue à partir de 1980. »
Le critère du travail des femmes semble être déterminant pour expliquer la réduction des écarts au sein du couple et donc cette apparente homogamie qui pourrait progresser.
« On part d’un modèle traditionnel dans lequel la femme d’un homme riche arrêtait de travailler ce qui, de fait, augmentait la disparité de salaire au sein du couple, le salaire de la femme passant à zéro, explique Milan Bouchet-Valat, chercheur à l’Institut national des études démographiques (Ined) dans La Croix. Aujourd’hui, à l’inverse, ces femmes continuent à travailler, même si leur mari gagne bien sa vie. Du coup, mécaniquement, l’écart de salaire au sein des couples les plus riches se réduit. »
Le modèle « Cendrillon » tend donc à s’effacer au profit de celui d’un couple moins inégalitaire. D’où cette apparence d’homogamie sociale qui peut se lire dans les données de l’Insee.
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