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Publié le 24 nov. 2023 à 17:49Mis à jour le 24 nov. 2023 à 18:37
C’est un séisme politique qui peut paraître mineur vu de Paris, mais qui va beaucoup agacer Pékin. Et augure de tensions entre la Chine, Taïwan et son allié américain dans les mois qui viennent. A Taïwan, les candidats des deux principaux partis d’opposition, plutôt favorables à l’apaisement, voire à des compromis avec Pékin, ont spectaculairement déchiré, vendredi, l’accord qui devait leur permettre de concourir ensemble à la présidentielle du 13 janvier.
Le candidat du parti Kuomintang, Hou Yu-ih, et celui du TPP, Ko Wen-je, n’ont pu se mettre d’accord sur qui serait candidat à la présidence et qui serait seulement vice-président face au candidat du parti au pouvoir, le DPP, l’actuel vice-président Lai Ching-te. Les deux hommes ont échangé des remarques acerbes et des insultes en direct lors d’un débat télévisé, jeudi soir. Ils ont donc enregistré séparément leur candidature, vendredi matin, juste avant l’heure limite.
Pékin va exprimer son déplaisir
Ce qui ouvre un boulevard à Lai Ching-te. Et qui est lourd de signification géopolitique, puisque le parti DPP est déterminé à tenir tête aux tentatives du régime chinois d’intégrer à terme, de gré ou de force, « l’île rebelle ». D’ailleurs, la grande majorité des Taïwanais ne veulent à aucun prix être absorbés par le régime communiste. Lai Ching-te faisait, certes, la course en tête dans les sondages ces derniers mois, avec 35 % des voix, mais il était vulnérable face à une alliance entre Hou Yu-ih, crédité de 17,8 %, et Ko Wen-je, à 17,1 %, tandis que 11,6 % des voix devaient aller au milliardaire Terry Gou (qui a jeté l’éponge vendredi).
Pékin, qui estime que Taïwan est une partie de son territoire au motif qu’il a été sous sa souveraineté de 1683 à 1895, est farouchement hostile au DPP et a rompu les communications de haut niveau avec le gouvernement de la présidente sortante, Tsai Ing-wen. La marine et l’aviation chinoise frôlent quotidiennement l’espace et les eaux de Taïwan pour user les nerfs des pilotes de l’île, obligés de décoller pour des missions d’interception.
Le régime chinois a qualifié l’été dernier Lai Ching-te de « fauteur de troubles » et l’accuse de vouloir déclarer l’indépendance formelle de Taïwan, ce qui déclencherait automatiquement une guerre, malgré son engagement à maintenir le statu quo en vigueur depuis 1949. A l’époque, les troupes du parti nationaliste Kuomintang s’étaient repliées sur l’île après leur défaite sur le continent face à Mao Tsé-toung.
Un statut bizarre
Taïwan, officiellement « République de Chine », se trouve dans un statut bizarre, puisqu’elle prétend toujours, fictivement, représenter toute la Chine, mais n’est reconnue comme Etat souverain que par une douzaine de petits pays pouvant se permettre d’être indifférents aux remontrances de Pékin.
Les Occidentaux la reconnaissent seulement en tant que « pays de facto souverain » ou « entité dotée d’autodétermination », même si Washington n’exclut pas de la soutenir militairement en cas d’invasion… Pour compliquer l’affaire, Pékin est le premier partenaire économique de Taïwan, moyen sans doute de l’amener à résipiscence. Le groupe de Terry Gou, Foxconn, important sous-traitant d’Apple, est par exemple très actif en Chine continentale, et son retrait de la présidentielle est sans doute intervenu sur ordre de Pékin, souhaitant ne pas voir se disperser les voix d’opposition.
Une satisfaction pour Washington
Si l’éclatement du « ticket » entre les deux principaux candidats d’opposition représente un revers pour Pékin, il constitue, logiquement, « un soulagement pour Washington », souligne Chu Chao-hsiang, professeur à l’université nationale de Taïwan. Le favori, Lai Ching-te, est réputé pro-américain, son candidat à la vice-présidence est d’ailleurs un ancien ambassadeur de son pays aux Etats-Unis. Il faut s’attendre, d’ailleurs, à ce que Pékin hausse le ton d’ici le 13 janvier et multiplie les postures militaires intimidantes dans le détroit de 160 km séparant l’île du continent.
Le numéro un chinois, Xi Jinping, a pour obsession que Taïwan, après Hong Kong, soit réintégré à la mère patrie. Ce qui, sauf élection, précisément, d’un candidat d’opposition enclin à négocier une réintégration, augure un jour d’une invasion de l’île, peuplée de seulement 24 millions d’habitants (mais cruciale dans l’industrie mondiale des semi-conducteurs) par une Chine forte de 1,45 milliard d’habitants et deuxième économie mondiale.
L’armée de Pékin est censée aussi être la deuxième du monde en effectifs et équipements, mais personne ne connaît sa valeur au combat puisqu’aucun de ses soldats n’a vu le feu depuis 1979, au Vietnam.
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