[ad_1]
Publié le 10 oct. 2023 à 17:28Mis à jour le 10 oct. 2023 à 17:53
Les instituts Goethe à Lille et Bordeaux, chargés de faire rayonner la culture allemande à l’étranger, vont fermer pour des raisons budgétaires. Et il y a un mois, Robert Habeck, le ministre allemand de l’Economie, avait crûment reconnu devant les ambassadeurs de son pays qu’avec la France, « nous ne sommes d’accord sur rien ».
A première vue, le couple franco-allemand pourrait sembler être sur la voie d’une séparation. Pourtant, la semaine dernière, à Bercy, 250 industriels, banquiers et consultants, ainsi que des politiques, dont plusieurs ministres des deux côtés du Rhin, se sont retrouvés lors des journées franco-allemandes de l’économie pour essayer de faire mentir les pessimistes.
Un désaccord monumental sur l’énergie
C’est le ministre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, qui a joué le diplomate en insistant sur le fait que « les obstacles ne sont rien à côté de ce qui nous rassemble ». Hubert Védrine, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, avoue, lui, qu’il existe « un désaccord monumental sur l’énergie ». Et en conclut qu’il faut « un armistice sur ce point pour nous permettre de nous concentrer sur les sujets sur lesquels nous pouvons nous entendre ».
Les discussions avancent tout de même dans d’autres domaines. Par exemple, la France et l’Allemagne travaillent à un document commun pour réduire la bureaucratie à laquelle font face les entreprises européennes, a déclaré Sven Giegold, secrétaire d’Etat auprès du ministre fédéral de l’Economie et de la Protection du climat.
Mais c’est surtout en matière de souveraineté et de coopération technologiques que la France et l’Allemagne veulent travailler. « Il n’y a pas de salut dans la technologie sans l’Europe. Il ne peut y avoir de réponse apportée par pays sur l’hydrogène ou l’intelligence artificielle », a défendu Patrice Morot, président du cabinet PwC en France. Tout simplement parce que la taille compte dans ce domaine. « Le modèle économique de l’intelligence artificielle est basé sur le gigantisme », a insisté Asma Mhalla, professeur à Polytechnique.
Une urgence financière
L’urgence se fait d’autant plus ressentir que « les Etats-Unis et la Chine se sont lancés dans une guerre économique sans lésiner sur les moyens. L’Inflation Reduction Act (IRA) américain crée une distorsion de concurrence. Les entreprises françaises et allemandes ne peuvent lutter », estime Patrice Morot.
« La question financière est cruciale. Le risque maintenant, c’est que l’Union européenne ne soit pas à la hauteur des efforts américains. Nous manquons collectivement d’ambition », a-t-il averti. Sigmar Gabriel, l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères, a même évoqué « le risque d’une provincialisation de l’Europe dans le monde de demain ».
Généreuses subventions
Mais dans certains secteurs, tels que la défense notamment, les collaborations ont tendance à se réduire entre les deux pays. Certes, dans ce monde post-Covid et dans lequel la guerre refait son apparition, « il faut que l’Europe redevienne un continent de production », a martelé Michael Kretschmer, président du Land de Saxe.
Grâce à de généreuses subventions publiques, ce territoire de l’Est accueillera bientôt deux grosses usines de semi-conducteurs, l’une de l’américain Intel et l’autre du taïwanais TSMC. Le problème, c’est que, selon le dernier comptage de la Commission européenne, près de la moitié des aides d’Etat autorisées dans l’UE depuis mars 2022 ont été accordées par l’Allemagne, 22 % par la France et seules 8 % l’ont été par l’Italie.
Le pays le plus à même de séduire les investisseurs est aujourd’hui celui qui a les capacités budgétaires les plus importantes. En laissant les Etats-membres se faire concurrence sur les subventions, la recherche de souveraineté technologique pourrait bien aboutir à affaiblir encore plus le sud de l’Europe à l’avenir. L’IRA européen devient pressant.
[ad_2]
Source link