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Après l’échec de la mise en Bourse d’Ampere, le constructeur aura besoin de cash après 2025. Il pourrait vendre ses parts dans Nissan alors que ses lancements commerciaux sont plus que jamais sous pression.
Il n’y a pas encore le feu mais l’équation financière de Renault est loin d’être résolue. Fin janvier, le constructeur a annulé l’introduction en Bourse d’Ampere, sa filiale dédiée aux véhicules électriques. La direction veut rassurer grâce à des résultats financiers qu’elle annonce « historiques » en 2023.
« Nous serons capables de financer le cash prévu pour les dix-huit premiers mois d’Ampère », a insisté le directeur financier Thierry Piéton.
Ces investissements sont estimés à 1,5 milliard d’euros. Sauf que « 2025, c’est demain!, s’exclame un proche du groupe. Renault finance Ampere pour un an seulement ». Le groupe va devoir rapidement se pencher sur la suite. Renoncer à la Bourse c’est aussi renoncer à environ 2 milliards d’euros. Au moins 1,5 milliard que le groupe espérait lever sur les marchés et 200 millions d’euros de l’Américain Qualcomm. « Leur investissement était lié à l’introduction en Bourse d’Ampere » reconnaissent plusieurs sources proches de Renault.
Sans compter les 800 millions d’euros que Nissan et sa filiale Mitsubishi devaient injecter. Le président de Renault a assuré que l’annulation de l’introduction en Bourse ne changeait rien: « les montants ne sont pas en cause », a assuré Jean-Dominique Senard quelques jours après l’annonce.
Mais comme toujours, Nissan reste plus flou. « Investir dans Ampere est très complémentaire de notre stratégie électrique sur le marché européen, a déclaré son directeur financier, Stephen Ma, jeudi dernier. Nous allons continuer à discuter avec Renault ». Le groupe japonais, qui a toujours été perplexe sur Ampere, va-t-il revoir son investissement à la baisse?
Puiser chez Nissan
Renault va devoir envisager d’autres ressources financières dès cette année. « Il y a deux milliards d’euros à trouver, reconnait un proche de la direction. On peut lever du capital via des fonds d’investissement ou des banques qui ont retrouvé confiance en Renault… et puis il y a l’argent de Nissan ».
Tous les regards se tournent vers le partenaire japonais. Lors du rééquilibrage de l’Alliance, Renault a logé 28 % du capital de Nissan dans un trust, -une fiducie- qui ont vocation à être vendus sur plusieurs années. « L’idée est de vendre quand on aura besoin de cash, admet une autre source proche de Renault. C’est un bas de laine dans lequel on peut facilement puiser ». Chez Renault, on assure ne pas en avoir besoin pour Ampere. « On attendra le bon moment, il n’est pas question de brader notre participation », se défend l’entourage de Luca de Meo, qui ajoute: « On n’en est pas à racler les fonds de tiroir! »
Malgré ce discours, Renault a pourtant déjà commencé à le faire. En décembre dernier, à la surprise générale, le groupe a cédé 5% de Nissan pour 764 millions d’euros alors que son cours de Bourse est deux fois moins élevé que la valeur de ses actions au bilan de Renault. Le constructeur français a dû inscrire une moins-value de près d’un milliard d’euros dans ses comptes. Le marché réclame de liquider cette participation de 23% qui vaut encore 3,5 milliards d’euros! « Il y a trop d’argent immobilisé dans Nissan, explique Philippe Houchois, analyste chez Jefferies. Il est plus logique de l’utiliser pour financer Ampere ».
L’année du quitte ou double
Chez Renault, on tente de calmer le jeu. Le constructeur fait le pari osé qu’à partir de fin 2025, Ampere sera capable de s’auto-financer, grâce aux lancements de ses véhicules électriques. Aujourd’hui, sa gamme est réduite, cantonnée à des Kangoo utilitaires et des Megane E tech qui peinent à séduire. En 2023, Renault en a vendu 47.500 en Europe, soit moitié moins que les Tesla Model 3, leur équivalent sur le marché, écoulées à presque 100.000 exemplaires.
Le groupe mise sur le Scénic E-Tech qui sera commercialisé dans les prochaines semaines et surtout sur la très attendue R5 électrique à l’automne. En 2025, ce sera au tour de la Renault 4 électrique.
« Nous n’avons pas le droit de nous rater là-dessus », assène Jean-François Nanda, délégué syndical CFDT de Renault.
L’entourage de Luca de Meo concède: « On a besoin de volumes! » alors que le constructeur vient de baisser le prix de la Mégane E-Tech de 4.000 euros après s’y être longtemps refusé.
Premier revers pour Luca de Meo
Ne pas se rater sera le leitmotiv du constructeur, qui va vivre une année sous pression. La demande pour les véhicules électriques s’essouffle et la concurrence des chinois BYD et MG s’intensifie. Les syndicats s’inquiètent. « A quoi ressemblera l’après 2025 et avons-nous les reins assez solides pour continuer? », s’interroge Jean-François Nanda. Le délégué syndical CFDT doit rencontrer Luca de Meo à la fin du mois, après la publication des résultats, jeudi prochain. Il demandera au patron de Renault si des lancements seront repoussés suite à l’abandon de l’introduction en Bourse d’Ampere. Comment financer par exemple la nouvelle Twingo électrique de la marque, promise autour de 20.000 euros en 2026?
L’année sera également charnière pour le directeur général de Renault qui doit renouveler son mandat au mois de mai. « Luca de Meo vient de subir son premier revers, juge un proche du groupe, cette année, il va devoir démontrer que ses paris stratégiques sont payants ». Le dirigeant italien, expert en communication et en marketing, va désormais devoir sortir le grand jeu.
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