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La filière du lait s’organise pour améliorer le recyclage des bouteilles, alors que la France est globalement à la traîne en matière de recyclage du plastique. Paprec teste ainsi une nouvelle technologie dans ses usines.
De la bouteille de lait à… la bouteille de lait: les professionnels du recyclage mettent les bouchées doubles pour que le lait rejoigne l’eau en bouteille et les sodas dans les rayons de l’économie circulaire, l’un des leviers pour enlever à la France son bonnet d’âne en matière de recyclage des plastiques.
Une nouvelle technologie de pointe
Exemple près de Châlons-sur-Saône, dans l’usine Paprec. Des machines bleues et jaunes rutilantes, des tapis roulants dans tous les sens: le leader français du recyclage inaugure une nouvelle technologie pour que le plastique des bouteilles de lait (polyéthylène haute densité, PEHD) puisse être recyclé dans des emballages, au lieu de la qualité inférieure qui était la norme.
Jusqu’à il y a peu, ces matières étaient transformées en tuyaux pour l’industrie du bâtiment – une sorte de « décyclage ». « Il ne faut pas sous-estimer ce pas technologique », explique Sophie Sicard, cadre de Paprec. Mais pour elle, « le saint-Graal » c’est le retour à « l’emballage alimentaire ».
Jusqu’ici, seuls le polyéthylène téréphtalate (PET) des bouteilles d’eau, de soda et d’une petite partie des bouteilles de lait, bénéficiait d’une homologation pour un retour au contact alimentaire après recyclage mécanique. Le PEHD recyclé est désormais en lice pour le rejoindre.
« Pour le PET, on a une obligation à 2025 de 25% d’emballage recyclé et pour tous les plastiques pour les bouteilles 30% en 2030 », indique une porte-parole de Syndilait, qui regroupe de grands fabricants de lait.
De quoi allonger la durée de vie de volumes non négligeables de plastiques: chaque année, près de 2,2 milliards de litres de lait sont vendus en grande surface, dont plus de la moitié en bouteilles, lesquelles sont pour 20% en PET et 80% en PEHD.
Un processus industriel minutieux
Pour le retour dans les rayons, le processus, en cours d’homologation, est minutieux. Des balles de plastiques, issues des poubelles jaunes des Français, contiennent bouteilles et barquettes, qu’il faut séparer en quatre flux selon la matière (PEHD ou PP) et la couleur (transparent ou couleur), explique la directrice de l’usine, Sylvia Blond, devant les lignes de sur-tri.
Des machines équipées de capteurs infrarouges, mises au point par l’industriel Pellenc ST, déterminent les propriétés de la matière pour séparer les deux types de plastique. Pour le PEHD, la bouteille de lait finira séparée d’un côté, et les flux non-alimentaires de l’autre.
Deuxième phase, le broyage/lavage: les flacons sont découpés « en petites particules de un à deux centimètres carrés », explique David Verrien, directeur de production de l’usine. Ensuite, les paillettes sont lavées pour ôter les résidus et préparer la phase finale de transformation en granulés de plastique: l’extrusion. Les paillettes sont alors fondues à 200 degrés.
« On obtient une espèce de chewing-gum qu’on va refiltrer, pour enlever les micro-particules étrangères. A la sortie, on fait des spaghettis qu’on découpe sous eau et qu’on refroidit pour obtenir des petites billes de matière plastique, les granulés », explique David Verrien.
Dans le bâtiment où flotte une odeur de lessive, ces granulés sont « re-chauffés à une petite centaine de degrés » pour être décontaminés, notamment de leurs molécules olfactives. C’est cette décontamination qui permet à la matière recyclée de redevenir de qualité alimentaire.
La France est très en retard sur ses objectifs de recyclage
Grâce aux nouveaux procédés, les industriels français espèrent faire progresser la part de bouteilles en plastique recyclé, actuellement « aux alentours de 60% » selon Sophie Genier, directrice du recyclage de l’éco-organisme Citéo qui gère la fin de vie des emballages.
Il y a urgence: en moyenne, la France recycle moins de 30% de ses emballages plastiques, loin des 65% fixés par Bruxelles pour 2025.
Le retour à l’emballage alimentaire devrait permettre de mieux rémunérer des industriels qui affirment avoir du mal à équilibrer leurs comptes et déplorent le manque de visibilité d’un « marché en dents de scie »:
« Dès que les matières plastiques issues du pétrole baissent, pour nous, c’est la catastrophe, toute l’industrie perd de l’argent », déclare à l’AFP Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprec.
Il plaide pour « des obligations d’incorporation de matière recyclée, qui créent un marché pour le recyclé, autonome, avec son prix, haut ou bas, peu importe ».
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