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Il n’est pas rare que le voyage soit synonyme de choc culturel. Mais il arrive parfois qu’il cause aussi un choc psychologique, au sens médical du terme. Chaque année, quelques dizaines de touristes japonais seraient atteints d’un vertige rarissime en découvrant Paris, provoqué par le fossé entre l’image qu’ils se faisaient de la capitale et la réalité. Les symptômes de ce vertige sont variés mais loin d’être anodins : ils peuvent aller d’étourdissements à de l’anxiété, des vomissements, des états délirants ou encore de la tachycardie. Le média en ligne « Quartz » revient sur ce syndrome dans une de ses newsletters datée du 26 juillet .
Ce phénomène porte un nom : le « syndrome de Paris », ou « Pari shōkōgun » en japonais. Les touristes qui en sont victimes sont pris en charge à l’hôpital, en lien avec l’ambassade du Japon, et bénéficient, pour certains, de vols sanitaires pour rentrer chez eux. C’est un psychiatre japonais ayant traité ce type de cas dès 1986 à l’hôpital Sainte-Anne qui, le premier, a donné son nom au phénomène.
S’il n’est pas formellement reconnu comme tel, de nombreux professionnels de la santé considèrent qu’il s’agit d’un véritable trouble mental. Et il trouverait son origine dans le choc culturel ressenti par une partie des touristes japonais en découvrant la capitale et ses habitants.
Une image idéalisée
Au Japon, la France bénéficie en effet d’une image particulièrement idéalisée. Elle incarne le summum de l’art européen, de la gastronomie, de la beauté et du bon goût. Son influence se retrouve jusque dans la capitale japonaise, avec la Tokyo Tower imitant la tour Eiffel, ou encore le quartier de Kagurazaka qui regroupe des boutiques à la française comme des cafés, des boulangeries ou des librairies vendant des traductions japonaises de Proust ou Voltaire.
La pop culture japonaise elle-même, par ailleurs plébiscitée en France, est largement pénétrée de ces références, à l’image par exemple du manga « La Rose de Versailles ». Ce classique du genre shōjo – visant les jeunes lectrices -, publié au début des années 1970, dépeint la vie de Marie-Antoinette avant et pendant la Révolution.
« Les Japonais voient Paris comme la Ville Lumière, la plus belle ville du monde, la capitale du raffinement et du romantisme. Un mélange entre une publicité pour le parfum Chanel N° 5 et les photos en noir et blanc de Robert Doisneau », abonde Eriko Nakamura, journalise japonaise vivant à Paris, citée par « Quartz ». Cette image idéalisée de la Ville Lumière attire de nombreux visiteurs japonais en France. Ainsi, malgré le coût du voyage, 1,3 million de touristes japonais sont déjà venus à Paris en 2023, selon la société d’analyse de données GlobalData citée par « Quartz ».
Syndrome de Stendhal
Mais comme toute image d’Epinal, cette vision ne résiste pas au mur de la réalité. Cette discordance peut, par ailleurs, être amplifiée par la barrière de la langue et les différences de normes sociales et de comportements, parfois vertigineuses pour les touristes japonais. Paris n’est, par ailleurs, pas la seule ville à induire des effets psychologiques chez certains visiteurs sensibles aux chocs culturels.
Stendhal a notamment donné son nom à un syndrome. L’auteur a décrit une sensation de malaise, avec des palpitations voire des hallucinations, ressentie après avoir vu de grandes oeuvres artistiques et architecturales à Florence. Certaines personnes, en particulier celles qui sont très sensibles à la religion, tomberaient également dans un état psychotique quand elles visitent Jérusalem. Le tourisme n’est décidément pas une sinécure.
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