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En Corée du Sud, le sel de cuisine a disparu des rayons de certains supermarchés. Des familles ont commencé à en stocker des kilos chez elles, affolées par les rumeurs courant sur les réseaux sociaux avant les premiers rejets en mer des eaux ‘contaminées’ de la centrale détruite de Fukushima-Daiichi. Ce mardi, le gouvernement nippon doit donner le feu vert au déversement très progressif, sur une trentaine d’années, du gros million de tonnes d’eau traitées et stockées depuis douze ans sur le site. Les premiers rejets pourraient être organisés dès la semaine prochaine.
Inquiets, les consommateurs coréens ont aussi commencé à accumuler les boîtes de sardine, les anchois ou encore les feuilles d’algue séchées. Ils disent redouter une contamination massive, sur des milliers de kilomètres carrés, de l’ensemble des mers bordant l’Asie de l’Est. Les plus courroucés organisent des manifestations dans les rues de Séoul pour dénoncer le projet ‘criminel’ de Tokyo. « En signe de protestation, je me suis rasé les cheveux et j’ai même fait une grève de la faim », expliquait, fin juillet, lors d’une visite à Tokyo, le député d’opposition coréen Yoon Jae-kab, qui dit ne pas comprendre pourquoi son propre gouvernement ne s’oppose pas à ces rejets.
Une colère régionale
A Pyongyang, le régime n’a pas hésité, lui, à condamner la décision « fatale » du Japon contre « les vies humaines et l’environnement ». En Chine, les autorités ont déjà commencé à tester systématiquement les produits de la mer arrivant du Japon après avoir accusé l’exécutif nippon de « tromper » l’opinion publique mondiale. Hong Kong prépare, lui, un grand embargo sur les produits venus de la préfecture de Fukushima et de neuf préfectures japonaises.
Face à cette colère régionale, Tokyo désespère. Ces derniers mois, le Premier ministre Fumio Kishida, et son ministre des Affaires étrangères, enchaînent les échanges diplomatiques avec les pays voisins pour les implorer d’avoir « une approche scientifique du dossier » et de ne pas « politiser » le débat. Mais le message ne prend pas, notamment dans les pays où les prises de position populistes anti-japonaises restent un outil efficace pour flatter des opinions publiques historiquement hostiles à Tokyo.
Avant d’enclencher les rejets, le Japon assure pourtant qu’il a pris toutes les précautions nécessaires et consulté des scientifiques indépendants de différents pays. Après moult inspections, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a expliqué que les rejets programmés « satisfaisaient aux normes internationales de sûreté » et auraient un impact « négligeable sur la population et l’environnement ». « Ces rejets sont raisonnables et sûrs », ont insisté, dans une lettre ouverte, plusieurs chercheurs australiens du nucléaire, emmenés par Tony Irwin de l’Australian National University, dépités par la tournure du débat. Ils rappellent que la procédure préparée au Japon est similaire à ce que font les autres sites nucléaires de la planète.
Un radionucléide dans l’eau
Pour poursuivre le démantèlement des réacteurs détruits en 2011, l’électricien Tepco a besoin de se débarrasser des tonnes d’eau qu’il a accumulées sur le site dans plus d’un millier de citernes géantes. Cette eau provient soit du système de refroidissement des coeurs des réacteurs 1, 2 et 3 , qui sont constamment inondés, soit des écoulements naturels souterrains qui s’infiltrent toujours dans les bâtiments ravagés.
Lorsqu’elle est pompée, cette eau, qui s’est chargée d’éléments radioactifs, est transférée dans usine de retraitement construite sur place. Mais les successions de filtres et de réactions chimiques n’éliminent que 62 des 63 radionucléides qui la contaminent. Elles ne font ainsi pas disparaître le tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène très connu dans l’industrie du nucléaire. Selon Tepco, les 1,33 million de tonnes d’eau contiennent un peu moins de… 3 grammes de tritium, représentant 1 pétabecquerel (1 suivi de 15 zéros).
Pour rejeter cette eau ‘tritiée’ dans un Océan Pacifique qui abrite déjà 8.400 grammes de tritium, Tepco va la diluer à de l’eau de mer ‘propre’ pour que sa concentration en tritium tombe à 1.500 becquerels par litre – le standard acceptable par l’OMS est de 10.000 becquerels par litre – puis l’évacuer dans un tunnel sous-marin débouchant à 1 km au large. Il prévoit de relâcher chaque année l’équivalent de 0,022 pétabecquerel ou 0,06 gramme de tritium, soit un volume très inférieur à ce que rejettent, dans le même temps, les centrales nucléaires, non endommagées, de Corée, de Chine ou d’Europe.
Sur les trente prochaines années, le site japonais va ainsi relâcher le volume de tritium que le site nucléaire de la Hague rejette, lui, en… trente jours. « Au final, nous espérons que la science va l’emporter », insistaient, il y a quelques jours, dans leur lettre ouverte, les scientifiques australiens.
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