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Si le gouvernement a revu à la baisse sa prévision de croissance en tablant désormais sur une progression du PIB de 1% en 2024, certains économistes restent sceptiques sur la capacité de l’économie tricolore à atteindre cet objectif.
La nouvelle n’a pas surpris grand monde dans le milieu des économistes. En annonçant une révision à la baisse de la prévision de croissance du gouvernement mi-février, Bruno Le Maire s’est rendu à l’évidence: l’économie française sera moins dynamique qu’espéré en 2024. La faute au « ralentissement économique très marqué en Chine » et à « une récession en 2023 en Allemagne », selon le ministre de l’Économie.
Bercy table désormais sur une progression du PIB de 1% cette année, contre 1,4% anticipé jusqu’alors. « La prévision de 1,4% était un peu optimiste. On se doutait que (cette révision) allait arriver. Le gouvernement revient sur terre. Ca ne change pas la face du monde, c’était assez attendu », balaye Sylvain Bersinger, chef économiste au sein du cabinet Asterès.
« Année de transition »
« Personne n’y croyait à cette prévision de 1,4% », abonde sur BFM Business Emmanuel Combe, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à la Skema Business School. Un constat également partagé par Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du cabinet d’audit BDO France, pour qui le gouvernement « était vraiment dans une prévision très haute, très optimiste », mais « c’est normal, c’est dans son rôle de l’être ».
L’objectif de 1,4% désormais abandonné, la prévision à 1%, bien que plus raisonnable, est-elle pour autant « crédible », comme l’assure Bruno Le Maire? Du côté des organismes de prévisions, les avis divergent quelque peu. Seul le FMI croit à ce stade au scénario d’une croissance tricolore de 1% en 2024. Les autres sont un peu plus pessimistes: 0,8% pour l’OFCE, 0,6% pour la Commission européenne et 0,6% également pour l’OCDE.
« Nous, on est plutôt sur 0,8% », estime Anne-Sophie Alsif. Pour elle, 2024 « est une année de reprise » et « c’est plutôt en 2025 qu’on devrait dépasser les 1% et avoir une croissance plus importante. Cette année, on est en transition. (…) Donc à mon sens, il y aura encore une revue à la baisse de la prévision du taux de croissance du gouvernement cette année ».
L’action de la BCE déterminante
Si l’activité économique a ralenti ces derniers mois, c’est principalement à cause « de la hausse des taux d’intérêt », observe sur BFM Business Céline Antonin, économiste à l’OFCE. D’après elle, l’impact du resserrement monétaire sur la croissance du PIB serait de l’ordre de « 0,8 point en 2024 ».
Le redressement de l’économie française dépendra donc en partie de l’action de la BCE qui hésite encore à baisser ses taux en 2024. Si l’institution de Francfort franchissait le pas, l’investissement des entreprises pourrait se reprendre après s’être effondré. Et plus tôt cela arrivera, plus la perspective d’une croissance de 1% gagnera en crédibilité. Mais pour l’heure, les économistes misent davantage sur un rebond de la consommation des ménages sur fond de ralentissement de l’inflation pour maintenir la croissance tricolore en territoire positif.
Au point de tutoyer les 1%? Philippe Waechter en doute. Dans une note publiée récemment, l’économiste d’Ostrum Asset Management estime qu' »on peut s’interroger sur la trajectoire à suivre pour arriver au chiffre de 1% en moyenne sur l’année 2024″ alors qu’il faudrait une croissance de 0,35% chaque trimestre pour atteindre cet objectif. Or, « notons que du premier trimestre 2015 au dernier trimestre 2019, une période perçue comme robuste, le taux de croissance moyen par trimestre était de 0,38%. A 0,35% c’est une forme de retour à la normale. Avons-nous tous ce sentiment?, questionne-t-il.
La croissance pénalisée par la réduction des dépenses publiques?
Le gouvernement qui avait construit un budget sur la base d’une croissance à 1,4% a dû revoir ses plans. Car moins de croissance, c’est aussi moins de recettes fiscales et potentiellement plus dépenses, par exemple si le chômage augmente. D’où un plan d’économies à 10 milliards d’euros annoncé par Bruno Le Maire pour tenir l’objectif de déficit public qui doit redescendre sous les 3% à horizon 2027.
« Par définition, comme on a beaucoup moins de croissance que prévu, il y a ce corollaire sur les dépenses publiques », note Anne-Sophie Alsif. Il y avait bien sûr l’option de la hausse d’impôts mais le gouvernement s’y est toujours refusé: « Si vous ne voulez pas revenir sur votre promesse de ne pas augmenter les impôts et que la croissance diminue, il n’y a pas 50.000 solutions: il faut baisser les dépenses publiques ».
Reste à savoir si ces coupes annoncées dans les dépenses publiques ne vont pas ralentir un peu plus la croissance. Pour l’heure ce coup de rabot à 10 milliards, soit l’équivalent de 0,4% du PIB, ne reposerait que sur les ministères. Mais le gouvernement pourrait en réclamer davantage en allant tailler dans les dépenses sociales. Gabriel Attal a déjà annoncé son intention de réformer l’assurance chômage pour « réduire les déficits ». L’indexation des pensions de retraite ou la prise en charge des affections longue durée seraient également dans le viseur de l’exécutif.
Anne-Sophie Alsif rappelle que ces dépenses sociales sont « du revenu direct ou indirect donné au Français » et « souvent à des gens qui ont les revenus les plus bas ». « Ce qui veut dire que quand vous donnez ces revenus, ils sont tout de suite réinjectés dans l’économie ». Les réduire pourrait donc « avoir un impact négatif sur le taux de croissance », juge l’économiste.
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