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Publié le 19 janv. 2024 à 15:58Mis à jour le 19 janv. 2024 à 16:16
Il y a quatre mois encore, Ekaterina Duntsova était une parfaite inconnue. Journaliste indépendante à Rjev, petite ville de 60.000 habitants à quelque 230 kilomètres à l’ouest de Moscou, elle a surpris les étroits cercles libéraux russes en se déclarant candidate à la présidentielle. Face au chef du Kremlin, Vladimir Poutine, le 17 mars prochain. « Désormais, il n’y a plus de pas en arrière. Droit devant ! » confie-t-elle aux « Echos » autour d’une tasse de thé dans un restaurant du centre de Moscou.
Ses trois enfants grandissent toujours à Rjev. Mais la vie de cette mère divorcée est désormais installée avant tout dans la capitale. Pour une nouvelle page consacrée à la politique. Un donateur, « ami cher », lui a prêté un appartement et couvre les frais, certes encore limités, de sa campagne. Sans surprise, la commission électorale a, fin décembre, rejeté sa candidature, pour cause d’irrégularités dans son dossier.
Un nouveau parti
Mais Ekaterina Duntsova voit loin : elle vient de déposer les premiers documents pour créer son parti. Début mars, deux semaines avant le scrutin, elle veut tenir son premier congrès, et elle prévoit des déplacements en province, à Mourmansk d’abord puis à travers la Russie. Elle vise les prochaines élections, locales en septembre prochain, et à terme présidentielle en 2030. Elle aura 46 ans. Vladimir Poutine, alors 77 ans, pourra à nouveau se présenter, trente ans après son arrivée au pouvoir…
« Je n’ai jamais voté pour lui. En Russie, il faut mettre fin aux élections sans choix ! » insiste Ekaterina Duntsova de sa voix calme. Journaliste mais aussi élue locale, elle dit avoir ressenti le besoin « de passer à une autre étape » et, avec quelques proches pareillement désireux d’alternatives politiques, « avoir eu l’idée d’oser se présenter face à Poutine ».
Un réseau de Kaliningrad à Vladivostok
Derrière sa tenue bleu clair, son ton paisible et ses propos calibrés percent détermination et ambition. « Je fais ce que je sens nécessaire afin d’unir les gens, afin qu’ils ne s’endorment pas. Pour ceux qui réfléchissent, veulent la vie et la paix… » explique cette juriste de formation. Forte d’un réseau de soutiens locaux « de Kaliningrad à Vladivostok », elle a aussi des relais à l’étranger, parmi les Russes partis en exil. En moins de quatre mois, sa chaîne sur Telegram, le plus populaire des réseaux sociaux dans et à l’extérieur du pays, est passée de quelques dizaines à plus de 300.000 fidèles.
Le chemin politique d’Ekaterina Duntsova est pourtant déjà semé d’embûches, depuis une convocation chez le procureur local après sa déclaration de candidature jusqu’à une brève interpellation le week-end dernier par la police de la route à la sortie d’une rencontre publique. Et elle sait que « les autorités vont tout faire pour éviter d’enregistrer mon parti. Parce qu’elles veulent bloquer toute initiative qui perturbe le calme apparent et… parle de la paix ! »
Rétablir la confiance en l’état de droit
En se disant « pour la paix », Ekaterina Duntsova ne cache pas son opposition à « l’opération militaire spéciale » lancée depuis près de deux ans par le Kremlin en Ukraine. Prudente, la rebelle fait cependant attention aux mots utilisés. Arrestations policières et poursuites judiciaires se multiplient en effet depuis des mois contre toute voix dénonçant le narratif officiel. Pour ses prises de position, Ekaterina Duntsova assure ne pas avoir reçu de convocation au tribunal. « Mais qui sait ce que préparent les juges… » ironise-t-elle.
Aucun signal non plus des autorités politiques, ni pour la sonder, ni pour la prévenir. « Je suis sûre de ce que je fais », glisse l’opposante. Pour sortir du conflit avec l’Ukraine, elle est prête à des négociations, y compris avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. En guise de programme politique, elle est pareillement claire et déterminée : « libérer les prisonniers politiques, abolir les lois sur les agents de l’étranger et autres mesures répressives, réformer le système judiciaire, rétablir la confiance en l’Etat de droit… » Et de conclure : « Je n’ai pas peur. »
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