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« Le crocodile » : le surnom d’Emmerson Mnangagwa, hérité de son combat pendant la lutte pour l’indépendance, lui va comme un gant. Rusé, impitoyable, il devient président en 2017 en trahissant Robert Mugabe, après avoir été un de ses plus fidèles compagnons de route. L’espoir qu’avait suscité son élection après les 37 ans au pouvoir de Mugabe est vite retombé, Mnangagwa rivalisant d’autoritarisme avec son prédécesseur.
A 80 ans, il vise mercredi un deuxième mandat face à une coalition menée par le pasteur Nelson Chamisa, dans un match retour de la précédente élection qui avait déjà opposé les deux hommes. Si Chamisa « est quelqu’un de populaire et charismatique, il représente surtout un vote de protestation. Sur le fond, son programme reste assez vague », explique Nicolas Delaunay, directeur Afrique de l’Est et australe à l’International Crisis Group.
Le président sortant part avec une longueur d’avance. La campagne a été entachée de nombreuses irrégularités : accusations d’intimidations, volonté de rendre l’opposition invisible dans les médias, doutes sur la fiabilité des listes électorales, etc.
« Le jeu est déjà pipé »
« Le jeu est déjà pipé : de nombreux meetings politiques de l’opposition ont été interdits, pour des raisons souvent absurdes, par exemple l’absence de sanitaires sur place. Il y a aussi eu des arrestations de responsables et de soutiens de Nelson Chamisa, détaille Nicolas Delaunay. Il faut rajouter à ça les délimitations des circonscriptions électorales qui favorisent le Zanu-PF, le parti de Mnangagwa. C’est donc très compliqué pour l’opposition de remporter le scrutin. »
« L’enjeu de l’élection pour les autorités zimbabwéennes va surtout être de fournir un scrutin pacifique et relativement crédible pour ne pas torpiller les discussions avec les partenaires internationaux », poursuit l’expert.
L’Etat d’Afrique australe est confronté à une profonde crise économique depuis des années et demande la levée des sanctions américaines et européennes qui le visent depuis vingt ans. Les banques ne prêtent plus d’argent au Zimbabwe et le FMI lui refuse aussi des liquidités du fait de sa dette vertigineuse.
1.000 % d’inflation
En juin 2023, l’inflation zimbabwéenne a atteint officiellement 175 %. Certains économistes l’évaluent plutôt autour de 1.000 %. C’est tout de même moins qu’en 2008, où un billet de cent mille milliards de dollars zimbabwéens avait dû être mis en circulation par la banque centrale.
« La situation économique est désastreuse. Une série de réformes ont été introduites de manière très maladroites et n’ont pas eu l’effet escompté. Alors que, sur le papier, le pays a beaucoup d’atouts, notamment un grand potentiel agricole et des ressources minières », conclut Nicolas Delaunay.
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