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Le contrôle aérien français va enfin tourner la page de son outil aujourd’hui archaïque. Mais pour les passagers, les deux premiers mois de l’année prochaine risquent d’être compliqués.
C’est une révolution technologique qui se prépare en coulisse dans le ciel français. Le contrôle aérien (ou ATC pour Air Trafic Control) va enfin bénéficier d’une mise à jour informatique très attendue avec l’arrivée du logiciel 4-Flight développé par Thales. Ce projet, lancé en 2011, a exigé un investissement d’un milliard d’euros pour avoir une durée de vie de 30 ans.
Un système datant des années 70
Il faut en effet savoir que le contrôle aérien français travaille encore aujourd’hui avec un système développé dans les années 1970. Ce système est semi-automatisé avec parfois l’utilisation par les contrôleurs des fameux « strip », ces petites bandes de papier imprimées qui représentent les avions à l’approche.
Si le système a été régulièrement mis à jour, il est aujourd’hui considéré comme archaïque au vu de l’essor rapide du trafic aérien et de la volonté d’avoir un ciel européen harmonisé. Ce qui est loin d’être le cas.
Car les 1750 contrôleurs français doivent gérer les avions qui atterrissent et décollent de France mais aussi les très nombreux appareils qui passent dans le ciel français de part la position géographique du pays.
Au total, ce sont 3 millions de « mouvements » qui sont comptabilisés sur une année (chiffre de 2019), autant dire que toute mise à jour est très sensible et a des conséquences dans tout le ciel européen. Elle doit donc se faire avec doigté.
16.500 vols supprimés entre janvier et février 2024
Le nouveau système permettra de prendre en charge plus d’avions en circulation, et de mieux fluidifier et optimiser le trafic, assure l’Etat.
« Ce système de nouvelle génération pour le contrôle aérien en-route s’inscrit dans une modernisation technologique ambitieuse de nos systèmes, devenue cruciale. 4-Flight offre des fonctionnalités innovantes favorisant une gestion du trafic aérien plus performante », explique Florian Guillermet, directeur des services de la Navigation aérienne (DNSA).
« Désormais, la France dispose d’un socle technologique de nouvelle génération qui saura répondre à ces nouveaux enjeux du transport aérien », souligne-t-il.
Mais cette lourde mise à jour informatique ne se fera pas sans douleurs. « 4-Flight intègre un nouveau système de traitement des plans de vol et un nouvel environnement de contrôle: cela revient à changer près de 80% du système français. C’est dire l’ampleur de cette opération car généralement, il est plus d’usage de changer les composants les uns après les autres », souligne la DNSA.
Concrètement, du 9 janvier au 14 février prochains, les compagnies aériennes vont devoir réduire de 20% le nombre de leurs vols depuis Paris (Roissy, Orly et Le Bourget) et Beauvais sur ordre de l’administration.
16.500 vols seront supprimés pendant cette période dont 4.379 rien que pour Air France, révèlent nos confrères de l’Echo Touristique citant les chiffres du Cohor (l’association pour la coordination des horaires sur les aéroports français, NDLR).
Pendant cette période, 4-Flight sera en effet testé au sein du centre en route de la navigation aérienne (CRNA) d’Athis-Mons près d’Orly, le plus grand de France qui gère donc tous les aéroports parisiens plus celui de Beauvais.
Le progiciel a déjà été déployé avec succès dans les CRNA de Reims et Aix-en-Provence et devra également être installé dans les centres de Brest et Bordeaux d’ici novembre 2024.
Les longs-courriers a priori préservés
Les compagnies doivent donc décider quels vols seront supprimés et quand, puis informer le Cohor. Conséquence, certains de ces vols peuvent encore être disponibles à la vente sur les sites des compagnies.
Il semble que les longs courriers aient été préservés. « Il y a peu de chance que des vols long-courriers soient touchés. De nombreuses compagnies vont reprogrammer ailleurs », confirme à l’Echo Touristique, Philippe Brieu, le secrétaire général France du Bar (Board of Airlines Representatives).
« Air France est contrainte d’annuler certains vols courts et moyen-courriers sur cette période. Les clients concernés sont notifiés directement avec une proposition de report automatique sur un autre vol disponible. Les équipes commerciales de la compagnie restent à leur disposition pour les assister dans leurs démarches », explique ainsi Air France.
« Les compagnies aériennes ont été informées par la DGAC des contraintes liées à la mise en œuvre du logiciel 4-Flight en région parisienne en 2024. Elles ont eu l’occasion de faire part de leurs préconisations afin d’essayer de minimiser les conséquences pour les passagers en adaptant au mieux leur activité pendant ces périodes », nous explique de son côté la Fnam (Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers).
Un levier pour la décarbonation
« Il s’agit d’un « mal nécessaire » dès lors que le système devrait permettre de traiter plus de vols dans l’avenir, et ce avec une ponctualité améliorée » ajoute-t-elle.
Cette migration permettra également une circulation aérienne plus respectueuse de l’environnement en optimisant notamment les atterrissages, les décollages et les trajectoires. C’est un levier supplémentaire pour la décarbonation du secteur aérien au même titre que l’utilisation de carburants propres.
« Si on faisait le maximum du côté de l’ATC (Air Trafic Control), on gagne encore 5/6% » de réduction des émissions de CO2, expliquait il y a quelques jours sur BFM Business, Marc Rochet, le futur ex-PDG d’Air Caraïbes et de French Bee.
4-Flight « constitue une rupture opérationnelle et technologique majeure. (Il) met à jour en temps réel la trajectoire du plan de vol. Ainsi, le contrôleur dispose d’une meilleure prévision de la trajectoire de l’avion, ce qui permet de réduire la durée du vol et sa consommation de carburant », confirme la direction des services de la Navigation aérienne (DSNA).
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