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Publié le 10 oct. 2023 à 16:16Mis à jour le 10 oct. 2023 à 16:30
Au pouvoir presque sans interruption depuis treize ans, Benyamin Netanyahou avait fait un pari, selon lequel l’amélioration des conditions de vie de la population palestinienne dans la bande de Gaza , l’une des régions les plus miséreuses du monde, refroidirait les ardeurs guerrières des islamistes du Hamas.
Des affrontements avaient certes lieu périodiquement, sous forme de tirs de roquettes palestiniennes suivis de raids aériens israéliens de représailles. Mais l’intensité de ces conflits sporadiques n’avait rien à voir avec celle des commandos de centaines d’islamistes semant la mort depuis samedi sur le territoire israélien.
60 % des jeunes gazaouis au chômage
Histoire de maintenir un semblant de calme, Israël et le Hamas avaient négocié toute une série de cessez-le-feu grâce à la médiation de l’Egypte et du Qatar. Le Premier ministre israélien avait consenti des « gestes » comme contrepartie du retour au calme. Exemple : le nombre de permis de travail délivrés par Israël pour les Palestiniens de Gaza a été multiplié par dix en deux ans, pour arriver à un contingent record de 20.000.
Détail important : les salaires versés en Israël peuvent être dix fois supérieurs à ceux pratiqués dans la bande de Gaza, où le chômage touche près de la moitié de la population et 60 % des jeunes. Cet apport d’argent frais a permis à des centaines de milliers de ménages de survivre.
L’aide du Qatar
Benyamin Netanyahou, mais aussi le Shin Beth, le service de sécurité chargé de la lutte antiterroriste, et Aman, les renseignements militaires, étaient convaincus que le Hamas ne mettrait pas en danger cette manne, de crainte de provoquer une « intifada sociale ».
Pour compléter le tableau, Israël a accepté que le Qatar verse chaque mois 30 millions de dollars d’aide à la bande de Gaza depuis cinq ans. Mieux encore : ces fonds ont longtemps été transportés sous forme de cash dans des valises à bord de voitures reliant le territoire israélien à la bande de Gaza.
Le fait que le Qatar n’entretienne aucune relation diplomatique avec Israël n’a en rien constitué un obstacle à ces transactions. Dans ce cas aussi, l’objectif était de persuader le Hamas qu’il avait tout à perdre à une guerre.
Importation de carburant
L’argent qatari a servi à régler une partie des salaires des fonctionnaires et des miliciens, l’épine dorsale du pouvoir du Hamas, ainsi qu’à distribuer des dons d’une centaine de dollars à des dizaines de familles parmi les plus pauvres. Les Qataris réglaient également la note pour l’importation de carburant destiné à l’unique centrale électrique de la bande de Gaza.
Ces carburants acquis auprès d’entreprises israéliennes étaient acheminés par des camions israéliens jusqu’à la frontière avec Gaza. En bref, ces subsides constituaient un véritable ballon d’oxygène dont le Hamas était censé ne pas pouvoir se passer. Un diagnostic qui s’est révélé faux. L’idéologie et le fanatisme religieux ont eu raison de la rationalité économique.
Affaiblir l’Autorité palestinienne
Pour Benyamin Netanyahou, cette politique visait un deuxième objectif : affaiblir l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, grand rival du Hamas qui contrôle une partie de la Cisjordanie.
Cité par les médias, Netanyahou a affirmé en petit comité au sein du Likoud, son parti, que les opposants à la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie, où sont installés un demi-million d’Israéliens dans des colonies, devaient soutenir les transferts de fonds à destination de la bande de Gaza.
Résultat : les gouvernements qui se sont succédés depuis plus d’une décennie ont tout fait pour affaiblir Mahmoud Abbas afin qu’il soit incapable de faire le moindre pas vers un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie.
Cessation de paiements
Pour y parvenir, Israël a gelé à plusieurs reprises le remboursement des taxes à l’importation prélevées sur les biens importés en Cisjordanie. Si bien que l’exécutif palestinien, confronté déjà à une baisse de l’aide internationale, s’est retrouvé pratiquement en état de cessation de paiements, avec des salaires amputés pour les fonctionnaires. Et l’Autorité est devenue de plus en plus discréditée aux yeux des habitants de Cisjordanie. Cette opération, contrairement à ce qui s’est passé avec le Hamas, a parfaitement réussi.
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