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Publié le 15 déc. 2023 à 11:08
Le pire semble évité, mais la tension demeure. « Le Guyana et le Venezuela s’accordent pour ne pas se menacer ou utiliser la force l’un contre l’autre sous aucun prétexte », selon une déclaration commune lue à la presse, à l’issue de la rencontre entre les présidents guyanien Irfaan Ali et vénézuélien Nicolas Maduro. Les deux pays se sont aussi engagés à « s’abstenir, en paroles, en actes, d’intensifier tout conflit » entre eux.
La tension est montée entre les deux pays depuis le lancement en septembre d’appels d’offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l’Essequibo, territoire de 160.000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par Caracas.
Ce sommet visait à faire retomber la tension, après des déclarations vigoureuses de part et d’autre. Nicolas Maduro avait déclaré participer à la réunion en cherchant « la voie du dialogue et de la négociation » pour parvenir à des « solutions efficaces ». De retour jeudi soir au Venezuela, il a célébré la « victoire du dialogue ». « Ce fut une journée fructueuse, intense, parfois tendue, mais où nous avons pu exprimer la vérité », a-t-il fait valoir.
« Le Guyana n’est pas l’agresseur »
Pour autant, les deux chefs d’Etat n’en démordent pas. Les deux présidents se sont serré la main devant les caméras avant et après la réunion, mais ils ne se sont pas présentés devant la presse. Le président Irfaan Ali, qui portait un bracelet avec la carte de son pays comprenant l’Essequibo, s’est exprimé devant les journalistes avant la lecture de la déclaration commune, réaffirmant « la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté ».
« Le Guyana n’est pas l’agresseur, le Guyana ne cherche pas la guerre, mais le Guyana se réserve le droit de travailler avec tous ses partenaires pour assurer la défense de notre pays », a-t-il aussi lancé, alors que Caracas a accusé à maintes reprises le Guyana d’être aux ordres des Etats-Unis et de la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil.
Dans la foulée du sommet, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui a remercié le Brésil pour son « leadership », a réaffirmé la position des Etats-Unis, selon laquelle, « la frontière terrestre entre le Venezuela et le Guyana doit être respectée à moins que – ou jusqu’à ce que – les parties parviennent à un nouvel accord, ou qu’un organe juridique compétent en décide autrement ».
Un fleuve qui les sépare
Tout l’enjeu de ce conflit relève en effet des frontières terrestres entre les deux pays. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol. Caracas estime que l’accord de Genève signé en 1966 – soit avant l’indépendance du Guyana – jette les bases d’un règlement négocié qui doit se poursuivre.
Dans le même temps, le Guyana estime que la frontière entre les deux pays date de l’époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d’arbitrage à Paris. C’est cette frontière qui est en vigueur.
Dans la déclaration commune lue par le Premier ministre du pays hôte, Ralph Gonsalves, président tournant de la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (Celac), les deux pays s’accordent pour résoudre leur différend en « accord avec le droit international y compris l’accord de Genève », qui est la principale revendication vénézuélienne.
Egalement, la déclaration « note que le Guyana veut continuer la procédure en cours devant la Cour internationale de justice » (CIJ) de La Haye, la plus haute juridiction de l’ONU, et « que le Venezuela ne reconnaît pas sa compétence ». Une nouvelle réunion devrait avoir lieu « dans les trois mois » au Brésil, selon l’accord.
Source AFP
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