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Dans son rapport publié jeudi, le Conseil d’orientation des retraites estime que les assurés percevront des pensions « en moyenne plus élevées » avec la réforme « en contrepartie d’un âge de départ globalement plus tardif ». Les jeunes générations, les plus modestes et les femmes devraient percevoir les gains les plus élevés.
La réforme des retraites ne devrait pas atteindre son principal objectif. Dans son dernier rapport publié jeudi, le Conseil d’orientation des retraites (COR) estime que les comptes des différents régimes pris dans leur ensemble resteraient déficitaires à horizon 2030, malgré le relèvement de l’âge légal de 62 à 64 ans. Une prévision qui contredit les promesses du gouvernement.
Au-delà des prévisions financières, l’organisme indépendant présidé par Pierre-Louis Bras publie de nouvelles projections sur l’évolution de l’âge de départ et du niveau des pensions pour tenir compte de l’impact de la réforme.
« En moyenne, la réforme conduit à décaler l’âge de départ à la retraite » à 64,6 ans en 2070 contre 64 ans prévus avant la réforme, souligne le COR. Le décalage de l’âge légal de départ et l’augmentation de la durée de cotisation réduisent de surcroît « la durée de perception de la pension » par rapport au scénario sans réforme mais ont « aussi pour effet d’augmenter les pensions » avec un rapport pension/rémunération qui s’établirait à 40% en 2070 contre 37,5% sans la réforme.
Un report du départ à la retraite plus important pour la génération 1966
Il ne s’agit là que d’une moyenne qui masque d’importantes disparités. Pour cette raison, le COR procède dans un premier temps à une simulation sur la génération 1966 qui « subit partiellement le relèvement de l’âge d’ouverture des droits », celui-ci étant progressif, « mais de manière plus forte l’augmentation de la durée d’assurance requise pour le taux plein ». L’instance évalue ensuite l’effet de la réforme sur la génération 1984 qui, déjà concernée par la réforme Touraine, voit sa durée d’assurance requise inchangée mais qui est pleinement touchée par le décalage de deux ans de l’âge légal de départ.
Il ressort de ces travaux que « la hausse de l’âge moyen de départ à la retraite varierait selon les assurés et s’attinuerait au fil des générations ». Pour la génération 1966, le départ à la retraite serait décalé de 6,9 mois en moyenne sous l’effet de la réforme. Plus précisément, 2% des assurés de cette génération pourraient partir au moins trois mois plus tôt notamment grâce aux nouvelles dispositions du dispositif carrières longues, 41% « ne décaleraient quasiment pas leur âge de départ » et « 56% le reporteraient d’au moins 3 mois ».
De leur côté, les assurés de la génération 1984 qui atteindraient le nouvel âge légal en 2048 devraient reporter leur départ en retraite d’environ 6 mois en moyenne. « Ces générations partaient déjà tardivement à la retraite, compte tenu de l’augmentation de la durée d’assurance prévu pour le taux plein et de leur entrée plus tardive dans la vie active », rappelle le COR. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux (59%) partairaient quasiment au même âge que celui auquel ils seraient partis sans réforme, tandis que 2% partiraient au moins trois mois avant et 38% au moins trois mois après.
Une réforme plus avantageuse pour la génération 1984
Si les assurés percevront des pensions « en moyenne plus élevées » avec la réforme « en contrepartie d’un âge de départ globalement plus tardif », l’impact pourrait là-encore être très différent d’une génération à l’autre, relèvent les experts du Conseil d’orientation des retraites. S’agissant de la génération 1966, la pension à la liquidation progresserait en moyenne de 1,2%. Dans le détail, une large majorité des assurés (79%) percevrait une pension identique à plus ou moins 5% par rapport au scénario sans réforme, 18% auraient un gain d’au moins 5% mais 3% perdraient au moins 5% de pension.
D’après le COR, le gain irait ensuite « croissant au fil des générations, principalement en raison de la montée en charge de l’indexation sur le Smic du minimum contributif à la liquidation et non plus sur les prix ». Résultat, le gain moyen de pension à la liquidation serait de 2,5% pour la génération 1984 dont un tiers des assurés (36%) bénéficieraient d’une pension supérieure d’au moins 5%, tandis que 3% seraient perdants.
La réforme qui réduit la durée de retraite par rapport au scénario sans réforme en raison de l’augmentation de l’âge de départ serait moins avantageuse pour la génération 1966 si l’on regarde la pension cumulée, c’est-à-dire la pension perçue tout au long de la retraite, laquelle baisserait environ de 1%. Si 21% des assurés de cette génération verraient leur pension cumulée augmenter d’au moins 1%, ils seraient tout de même 58% à subir une perte de leur montant total de pension d’au moins 1%.
A l’inverse, « les hausses de pensions font plus que compenser la réduction de la durée de retraite » pour la génération 1984, souligne le COR. Les assurés de cette génération verraient par conséquent leur pension cumulée augmenter de 0,9% en moyenne avec la réforme, avec davantage de gagnants (35%) et moins de perdants (26%) que pour la génération 1966.
Hausse de pensions des plus modestes, baisse des pensions des plus aisés
En termes d’évolution de la pension, les plus modestes seront les principaux gagnants de la réforme des retraites, quelle que soit la génération prise en compte. « Ce constat est particulièrement accentué pour les assurés du premier quartile qui connaîtraient des gains nettement plus importants que ceux des autres quartiles, et l’écart s’amplifierait au fil des générations », affirme le Conseil d’orientation des retraites.
Par exemple, pour la génération 1966, les 25% d’assurés les plus modestes verraient leur pension cumulée augmenter de 4,7% en moyenne, avec plus d’un assuré sur deux de ce premier quartile qui serait gagnant. La hausse serait encore plus marquée pour ceux de la génération 1984 (+12%), avec moins de 7% de perdants parmi cette catégorie de la population. Un « résultat à relier à la hausse du minimum contributif et à son nouveau mode d’indexation », note le COR.
Les 25% de retraités les plus aisés subiront au contraire une baisse moyenne de leur pension cumulée avec la réforme: -1,9% pour la génération 1966 et -1,1% pour la génération 1984. Le COR précise toutefois que « dans ce quartile et pour cette génération, la pension cumulée serait cependant la même avant et après la réforme pour 44% des personnes ».
Des gains en pension plus élevés pour les femmes
Les femmes seront moins pénalisées par la réforme que les hommes en termes de pension. D’après le COR, les assurées de la génération 1966 verraient leur pension cumulée baisser de 0,8%, contre -1,1% pour les hommes. « Il y aurait également davantage de gagnants parmi les femmes (26%) que parmi les hommes (17%) ».
Même constat pour la génération 1984 avec 30% d’hommes gagnants et 41% de femmes gagnantes pour un gain de pension cumulée moyen de 0,7% pour les premiers et de 1% pour les secondes. « Globalement, les femmes gagneraient en moyenne davantage que les hommes, et ce quelle que soit la génération (…), notamment grâce à la surcote dès l’âge de 63 ans ouverte aux personnes bénéficiant d’au moins un trimestre de majoration de durée d’assurance pour enfant. En effet, les femmes avec des enfants bénéficieraient plus souvent d’une surcote », observe le COR.
Si les pensions devraient augmenter en moyenne avec la réforme, le niveau de vie des retraités par rapport aux actifs va tout de même continuer de baisser en raison de l’indexation des pensions sur l’inflation et non plus sur les salaires qui ont tendance à augmenter plus vite. Résultat, le COR estime que « le niveau de vie des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la population serait compris, en 2070, entre 75,4 % et 87,7 % contre 101,5 % en 2019 ».
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