[ad_1]
Publié le 6 juil. 2023 à 12:02Mis à jour le 6 juil. 2023 à 19:10
Il y a vingt ans, Patrick Martin devenait déjà président au Medef. Le dirigeant avait alors tout juste 43 ans, mais il s’était rapidement imposé après trois années à gravir les échelons pour prendre la tête… de la fédération locale de l’Ain.
Pensait-il déjà à la suite ? Après vingt ans d’ascension méthodique – qui l’auront ensuite amené à diriger par deux fois la fédération Rhône-Alpes devenue Auvergne-Rhône-Alpes -, Patrick Martin a fini par atteindre le sommet qu’il visait depuis des années, en étant élu ce jeudi président du Medef en obtenant 73,18 % des suffrages face à Dominique Carlac’h, avec 748 voix des grands électeurs sur 1.023 exprimées.
Peu assidu au Siècle
A côté d’une CGT qui bombarde une jeune femme quadra comme numéro un , le choix de l’organisation patronale pour un homme de 63 ans pourra sembler d’un classicisme un rien suranné. Le parcours de Patrick Martin marque néanmoins une rupture par rapport à ses prédécesseurs, du « Baron » Ernest-Antoine Seillière, héritier de la famille Wendel, à Geoffroy Roux de Bézieux, ex-dirigeant du lobby Croissance Plus.
« C’est la première fois qu’est élu un dirigeant de Medef territorial. D’habitude, c’était forcément un patron parisien ou un dirigeant de fédération professionnelle, ça change la donne », décrypte un très bon connaisseur de la maison. Il n’y a qu’à se rappeler 2018 et sa première tentative avortée pour la conquête du pouvoir, quand Patrick Martin déclarait alors vouloir défendre « les petits et les sans-grade ».
Depuis, après cinq années aux côtés de Geoffroy Roux de Bézieux comme numéro deux de l’organisation patronale, le discours a évolué. Mais les réseaux parisiens ne l’ont pas encore complètement adoubé pour autant. D’ordinaire Alain Minc est intarissable pour commenter la vie du milieu des affaires, mais là, panne sèche : « Je ne le connais pas ».
Patrick Martin a pourtant fait des efforts et fréquente Le Siècle, le cénacle des puissants. Mais de l’avis d’un autre participant, il n’est pas forcément très assidu.
Chiffre d’affaires en explosion
« Il n’est pas encore très identifié par les milieux du pouvoir, mais son élection devrait vite changer la situation », assure un membre influent du Medef. « Certains ont pu le regarder de haut car il était numéro deux de l’organisation seulement jusque-là, mais la fonction fait l’homme », renchérit une figure du milieu patronal.
Patrick Martin n’a pourtant rien d’un « petit chose » provincial. L’homme est bien né, héritier d’une bourgeoisie entrepreneuriale aussi bien par sa mère – liée aux Pompes Guinard – que par son père. Celui-ci était le dirigeant de l’entreprise familiale Martin Belaysoud, fondée en 1829 et qui a longtemps été centrée vers la distribution d’acier pour l’industrie.
Quand il en prend les rênes en 1987 avec son frère – celui-ci sera écarté vingt ans plus tard après une bataille familiale -, la société réalise un chiffre d’affaires d’environ 50 millions d’euros. Un chiffre qui explosera ensuite pour dépasser le milliard d’euros désormais, avec une activité qui s’est sans cesse élargie à coups de rachats d’entreprises – 45 en trente ans.
352e fortune de France
La réussite est telle que Patrick Martin et sa famille sont désormais solidement arrimés dans le classement annuel des 500 plus grandes fortunes de France réalisé par « Challenges » – au 352e rang en 2023, avec un patrimoine estimé à 360 millions d’euros.
« On n’a jamais eu un président du Medef aussi riche », s’exclame un membre du comité exécutif, qui note « qu’il ne doit rien en outre à la commande publique ». De quoi lui donner du poids et de la liberté, notamment face aux grandes fédérations professionnelles. D’autant qu’il a la réputation d’avoir des avis tranchés, sans avoir forcément la langue dans sa poche. « Il peut être sanguin », reconnaît une femme d’affaires.
L’enjeu des mandats
Pour asseoir son pouvoir, sa connaissance fine du Medef devrait également lui être utile. En privé, cet amateur de rugby se désole de voir que de moins en moins d’entrepreneurs montrent du goût pour l’action collective. Lui, ça fait plus de vingt ans qu’il arpente les arcanes des réseaux patronaux, au sein de l’organisation patronale ou des chambres de commerce.
Un milieu où la distribution de mandats – le Medef en dispose de 15.000 au niveau local ou national (conseiller prud’homal, juge dans les tribunaux de commerce, représentations à Action Logement, à l’Unedic, etc.), souvent bénévoles mais qui assoit le statut social du bénéficiaire – permet d’entretenir des fidélités. « Ça fait partie du jeu, tout le monde fait des promesses en la matière, Patrick Martin pas plus qu’un autre », juge un bon connaisseur de la maison.
Pendant cinq ans, il a été dans l’ombre de Geoffroy Roux de Bézieux, bras droit qui s’investissait dans la négociation de dossiers techniques comme l’apprentissage ou les prêts garantis de l’Etat pendant le Covid. Il va désormais lui falloir apprendre à vivre avec la lumière, et rendre familière dans les médias sa grosse voix de fumeur – tendance cigarillo. Pas facile quand on passe après Geoffroy Roux de Bézieux qui excellait dans l’exercice.
Ses soutiens se désolent qu’il apparaisse toujours « strict et assez lisse, alors que c’est un bon vivant avec de l’humour » – le réseautage se fait chez lui d’abord autour d’une bonne table. « La communication, ça reste une facette importante du job de président du Medef, et il s’agit de ne pas revivre les errements de l’ère Gattaz. L’incarnation, ça va être son principal défi personnel », juge un acteur de poids de l’organisation patronale.
[ad_2]
Source link