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L’ancien patron de FTX fait face à la justice depuis deux semaines. Les différents témoignages de ses proches permettent de mieux cerner la personnalité de l’ex-milliardaire des cryptos.
Tantôt décrit comme le Mozart des cryptomonnaies tantôt comme un apprenti sorcier des cryptos, Sam Bankman-Fried (SBF) est sous le feu des projecteurs depuis deux semaines. Mardi 3 octobre s’est ouvert le procès pénal de l’ex-patron de FTX. Il encoure jusqu’à 110 ans de prison depuis l’effondrement de son empire en novembre dernier. L’homme de 31 ans est passé du statut de patron crypto le plus « altruiste » du monde à celui du plus gros escroc de la planète.
C’est ce que la justice américaine, qui a lancé sept chefs d’accusation contre SBF, cherche à prouver depuis deux semaines. L’ancien patron de FTX est notamment accusé d’avoir trompé ses investisseurs et détourné l’argent de ses clients pour son enrichissement personnel et combler les pertes financières d’Alameda Research. Aujourd’hui, plus de 9 millions de créanciers (particuliers et entreprises) n’ont plus accès à leurs fonds et ne savent pas quand ils pourront les récupérer. Plus de 8,7 milliards de dollars de cryptomonnaies de clients et entreprises ont disparu à la suite de l’effondrement de FTX.
L’histoire de SBF, c’est celle d’un homme qui a connu la gloire aussi vite que les menottes. Diplômé de physique du Massachusetts Institute of Technology (MIT), SBF a fondé la filiale de trading quantitatif Alameda Research en 2017, puis la bourse crypto FTX en 2019. Alors que sa fortune était estimée à 26 milliards de dollars en 2021, SBF est aujourd’hui détenu à la prison de Brooklyn aux États-Unis, bien qu’il puisse physiquement assister à son procès.
« Je suis fauché, je porte un bracelet électronique et je suis l’une des personnes les plus haïes au monde », déclaré ce dernier au New York Times, quelques semaines avant son procès.
Ambitions politiques
On ne sait toujours pas s’il prendra la parole lors de son procès, mais de plus en plus de témoignages permettent de mieux cerner le personnage. Il semblerait que la création de FTX ait été faite pour récolter le plus d’argent possible de ses clients et assouvir ses propres désirs. Pour rappel, la filiale de trading Alameda Research a emprunté jusqu’à 14 milliards de dollars des fonds des clients de FTX, une ligne de code permettant à Alameda d’emprunter jusqu’à 65 milliards de dollars.
Si les fonds des clients de FTX permettaient de combler les pertes financières d’Alameda Research, ils ont aussi permis à SBF de réaliser de beaux achats personnels, des biens immobiliers de luxe aux Bahamas en passant par des jets privés.
Certaines idées saugrenues de SBF n’ont pas pu être réalisées en raison de la chute brutale de FTX. SBF avait envisagé de payer 5 milliards de dollars Donald Trump pour qu’il ne se représente pas aux élections en 2024. On sait aujourd’hui qu’il a donné 10 millions de dollars à l’actuel président des États-Unis, Joe Biden, pour financer sa campagne politique, pensant que cela lui « ouvrirait des portes ». C’est à ce titre que SBF voulait devenir lui-même président des États-Unis.
« Choses qui font paniquer SBF »
La soif de pouvoir de SBF ne s’arrête pas qu’à ses ambitions politiques. La semaine dernière a eu lieu le témoignage tant attendu de Caroline Ellison, la personne qui connaît probablement le mieux SBF pour l’avoir côtoyé au niveau professionnel et personnel. Pour rappel, Caroline Ellison rejoint en mars 2018 Alameda Research. En octobre 2021, elle devient co-dirigeante de l’entité avec Sam Trabucco, avant d’en prendre le contrôle en août 2022 à la démission de ce dernier. Caroline Ellison et SBF ont aussi entretenu une relation amoureuse de l’été 2020 au printemps 2022.
La semaine dernière, elle a présenté aux juges un Google Doc dans lequel elle avait dressé une liste des « choses qui font paniquer » SBF, mais ayant tout de même un rapport avec l’argent. Par exemple, ce dernier voulait acheter le réseau social Snapchat ou encore lever des fonds auprès du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Il cherchait aussi à « amener les régulateurs à sévir contre Binance ». Tout cela dans le but de renforcer la position de FTX au niveau mondial.
Image publique
SBF se souciait surtout des « mauvaises relations publiques », notamment de l’image véhiculée par FTX pour gagner l’approbation des régulateurs du monde entier. Il cultivait ainsi l’image d’un milliardaire qui vit de manière pragmatique. Ce dernier était un fervent défenseur de la doctrine de l’altruisme efficace. Ce courant consiste à prendre des décisions pragmatiques pour maximiser le bien-être des autres. Par exemple, mieux vaut financer une organisation qui lutte contre la faim dans le monde plutôt que d’y travailler. Mais tout cela n’était qu’une façade.
Caroline Ellison a précisé que ce dernier avait acheté une Toyota Corolla parce que c’était « mieux pour son image publique ». Sa stratégie marketing touchait aussi son style vestimentaire: mieux vaut se présenter avec un tee-shirt bermuda et des cheveux en bataille qu’en costume cravate. SBF n’est d’ailleurs pas le seul patron de la tech à se donner un air de « geek mal sapé » pour réussir, c’est aussi le cas d’Elon Musk, aujourd’hui patron de X, comme le rapporte Numerama. Est-ce qu’une patronne de la tech viendrait parler de sa société mal coiffée et en jogging sans risquer un torrent de remarques?
Homme seul
Mais depuis l’ouverture de son procès, SBF ne peut plus jouer de son image de patron excentrique des cryptos. Ses cheveux ont même été coupés par un détenu de la prison de Brooklyn au point que Caroline a mis 30 secondes à le reconnaître. De même, alors qu’il était très entouré auparavant, c’est un homme seul qui affronte la justice américaine depuis deux semaines. La semaine dernière, Gary Wang, l’ex cofondateur de FTX et Caroline Ellison, ont désigné le vrai coupable de la chute de FTX: SBF. Ce dernier a été décrit comme un homme capable de mentir à ses investisseurs et à ses clients pour arriver à ses fins.
L’ancien ami de lycée de SBF, Gary Wang a confirmé que SBF lui avait demandé de créer en 2019 une « porte dérobée » permettant à Alameda Researh d’emprunter des milliards de dollars à FTX. SBF « était le patron d’Alameda et le propriétaire d’Alameda et il m’a donné des instructions pour commettre ces crimes », a déclaré Caroline Ellison mercredi dernier. « C’est Sam qui a choisi de faire tous les investissements qui nous ont mis dans une position d’endettement”, a-t-elle précisé.
« Je n’ai pas vraiment d’âme »
Au delà de leur relation professionnelle, SBF et Caroline Ellison entretiendront une relation amoureuse entre 2020 et 2022, déséquilibrée à l’avantage de SBF. Caroline Ellison a rencontré SBF en 2017 dans la filiale de trading, Jane Street. « J’étais un peu terrifiée par lui », a-t-elle confié à Michael Lewis, auteur de Going Infinite, la biographie sur SBF. « J’ai des sentiments amoureux assez forts pour Sam. Ces sentiments (…) affectent ma capacité à travailler », avait écrit Caroline Ellison dans un mémo professionnel. La réponse de Sam Bankman-Fried, loin d’être celle d’un enfant déchu des cryptomonnaies, est glaciale.
« À bien des égards, je n’ai pas vraiment d’âme », lui a répondu ce dernier. « Mon empathie est fausse, mes sentiments sont faux, mes réactions faciales sont fausses », a-t-il ajouté. « Je m’inquiète de la dynamique du pouvoir entre nous. Cela pourrait détruire Alameda si cela se passe vraiment mal en termes de relations publiques », écrit-il.
Le rôle de Caroline Ellison en tant que dirigeante d’Alameda Research a longuement été évoqué la semaine dernière, les avocats de SBF voulant faire de cette dernière la coupable idéale de la chute de FTX. « Diriger Alameda ne me semble pas être quelque chose pour lequel je me sens avantagée ou bien placée », avait écrit Caroline Ellison avril 2022.
« Je suis devenue plus ambitieuse à mesure que Sam m’y encourageait », a pourtant déclaré cette dernière à Mark Cohen, l’avocat de SBF, la semaine dernière.
Alors que le procès de SBF se poursuit cette semaine avec de nouveaux témoignages, ses avocats semblent avoir de plus en plus de mal à le faire passer pour un patron farfelu dans son genre, qui n’avait pas l’intention de voler l’argent de ses clients.
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