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Après plusieurs journées d’incertitude, l’avenir politique du Pakistan se dessine un peu plus clairement. Dans la soirée de mardi, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif et le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto ont annoncé avoir scellé une coalition pour former un gouvernement, cinq jours après que les Pakistanais se sont rendus aux urnes. Une poignée de petits partis font également partie de l’alliance.
Lors des élections législatives du 8 février, aucune formation politique n’était parvenue à remporter une majorité de sièges, obligeant les différents partis à négocier des coalitions pour espérer former un gouvernement. Les analystes politiques avaient prédit que le PML-N et le PPP allaient être contraints de dépasser leurs différends et finir par s’entendre pour écarter du pouvoir les candidats soutenus par le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti d’Imran Khan, qui ont surpris tout le monde en remportant le plus grand nombre de sièges (97), devant le PML-N (76) et le PPP (54).
Alliance de deux ennemis
Selon un décompte effectué par le quotidien pakistanais « Dawn », la coalition emmenée par le PML-N et le PPP serait en mesure de dépasser les 169 sièges nécessaires pour atteindre la majorité simple à l’Assemblée nationale du pays. C’est une victoire pour les deux partis contrôlés par les deux grandes dynasties politiques du pays : les Bhutto et les Sharif.
Mais rien n’était joué, étant donné les différends historiques qui séparent les deux partis. D’obédience néolibérale et conservatrice, le PML-N a d’ailleurs été créé au début des années 1990 pour défaire le PPP, considéré comme plus à gauche sur le spectre politique.
Pour la politologue pakistanaise Ayesha Siddiqa, l’alliance tient à la pression exercée par les militaires, seuls vrais maîtres de la politique au Pakistan : « L’armée voulait qu’un gouvernement soit formé. Mais sans le PTI. Le seul moyen pour y parvenir était de convaincre le PML-N et le PPP de faire alliance ».
Le retour de Shehbaz Sharif
Les observateurs estimaient que le leader du PML-N, Nawaz Sharif, allait prendre la tête de la coalition et devenir Premier ministre . Mais mardi soir, le « Lion du Pendjab » a surpris son monde en nommant son petit frère, Shehbaz, pour former le gouvernement de coalition.
Il s’agit d’un retour au pouvoir pour Shehbaz. Le petit frère avait été nommé Premier ministre après la destitution d’Imran Khan en 2022. A l’époque, déjà, c’est une motion de censure votée en tandem par le PML-N et le PPP qui avait permis aux partis d’opposition de destituer un Imran Khan tombé en disgrâce auprès de l’armée.
Une coalition sans Imran Khan
L’alliance du PPP et du PML-N est un revers pour l’ex-cricketeur. Son camp politique ne fait en effet pas partie de la coalition, et ce alors que les candidats soutenus par son parti, le PTI, sont arrivés en tête du scrutin.
Shehbaz Sharif leur a pourtant tendu la main, expliquant que la coalition était prête à inclure des membres du PTI dans son gouvernement. Mais Imran Khan avait écarté toute participation à une coalition. « Nous ne siégerons ni avec le PML-N, ni avec le PPP », a-t-il expliqué depuis la prison où il est incarcéré. Elu en 2018 sur un programme anticorruption et anti-establishment, il aurait été difficile pour Imran Khan de justifier une telle décision, arguent certains.
Le PTI crie à la triche
L’annonce de l’alliance n’a pas manqué de faire réagir les cadres du parti. Raoof Hassan, l’un des porte-parole du PTI, a écrit ce mercredi sur X que le mandat d’Imran Khan avait été « volé dans l’obscurité de la nuit ». Tout le week-end, le parti d’Imran Khan avait crié à la fraude, estimant que le résultat du scrutin avait été manipulé par l’establishment – comprendre : l’armée.
Il a en effet fallu attendre trois jours pour que tous les résultats soient rendus publics par la Commission électorale du pays. La preuve, selon le PTI, que l’élection a été truquée en sa défaveur. Avant les élections, le PTI avait été mis sous pression par les autorités. Des milliers de ses membres ont été emprisonnés et ses candidats ont été forcés à se présenter en tant qu’indépendants lors des élections.
Instabilité en ligne de mire
Mardi, le PTI a annoncé qu’il allait lui aussi tenter de former un gouvernement. Le parti d’Imran Khan aurait approché deux partis de la droite religieuse. « C’est impossible qu’ils y parviennent », commente la politologue Ayesha Siddiqa.
« Etant donné les accusations graves visant l’organisation de ces élections, je ne vois aucun gouvernement durer sur le long terme », a réagi Zafar Halaly, un ex-diplomate pakistanais. « Le gouvernement ne sera pas en mesure de résister aux demandes exigeant l’organisation de nouvelles élections. »
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