[ad_1]
Publié le 22 nov. 2023 à 12:17Mis à jour le 28 nov. 2023 à 17:32
C’est une histoire un peu « folle » qui tient en haleine les professionnels de la tech depuis la fin de semaine dernière. Comme dans un véritable feuilleton, elle a eu ses rebondissements en cascade (avec des informations contradictoires chaque jour), ses changements de personnages (avec l’arrivée d’un nouveau patron, Emmett Shear), ses affrontements (avec la menace du départ de la majeure partie des salariés), ses mystères (sur le licenciement de Sam Altman)…
Difficile de prévoir s’il s’agit de la fin ou d’une énième péripétie chez OpenAI, mais Sam Altman, le patron originel de la start-up californienne doit désormais revenir à sa tête, après avoir été évincé vendredi , à la surprise générale.
La maison mère de ChatGPT, qui a fait le buzz ces derniers mois, subit une crise sans précédent depuis quelques jours. Cinq questions clés pour comprendre les nombreux rebondissements.
1. Pourquoi Sam Altman revient-il ?
« J’adore OpenAI, et tout ce que j’ai fait ces derniers jours a servi à maintenir cette équipe et sa mission ensemble », s’est réjoui Sam Altman sur X (ex-Twitter). Le patron d’OpenAI, licencié vendredi, reprend ses fonctions à la tête de la maison mère de ChatGPT. Un scénario sur lequel certains pariaient ce week-end, après son éviction surprise.
Cette annonce s’accompagne de changements dans le conseil d’administration avec notamment à sa tête Bret Taylor et l’arrivée de Larry Summers et Adam D’Angelo, a expliqué l’entreprise dans un message posté juste mercredi matin. « Nous travaillons aux détails. Merci pour votre patience pendant ce temps », a ajouté OpenAI dans ce message.
Sam Altman a affirmé dans la foulée avoir le soutien de Satya Nadella le patron de Microsoft pour revenir à la tête d’OpenAI. Il avait été embauché par le géant américain (actionnaire d’OpenAI) en début de semaine.
« La société n’avait pas le choix étant donné la menace massive de démission des salariés. Le conseil d’administration n’avait pas réussi à désamorcer la colère des collaborateurs », explique Nicolas Gaudemet, associé, spécialiste de l’IA chez Onepoint.
« Le retour d’Altman arrange tout le monde, ajoute Stéphane Distinguin, fondateur de Fabernovel. « Sam Altman a intérêt à continuer son plan, les salariés ont menacé de suivre le cofondateur et c’est aussi dans l’intérêt de Microsoft qui renforce son pouvoir sur OpenAI ».
Microsoft jouait très gros. Le leader du logiciel, qui possède environ 49 % selon les médias américains, a intégré sa technologie dans toute sa gamme de produits, notamment ses logiciels bureautiques (Word, Excel, Teams etc.).
2. Que s’est-il passé le week-end dernier ?
Un véritable séisme. Le cofondateur de l’entreprise californienne Sam Altman a été débarqué, vendredi par le conseil d’administration sans que l’on n’en connaisse les raisons précises. La communication d’OpenAI est assez succincte indiquant que le départ d’Altman fait « suite à une procédure de délibération » par le conseil qui a conclu qu’il n’avait « pas toujours été sincère dans ses communications avec le conseil, limitant ainsi sa capacité à exercer ses responsabilités. Le conseil d’administration n’a plus confiance dans ses capacités à continuer à diriger OpenAI ».
Selon les médias américains, le directeur scientifique de l’entreprise, Ilya Sutskever, aurait joué un rôle clé dans cette annonce. Inquiet de la vitesse à laquelle OpenAI lançait de nouveaux produits et des conséquences de l’IA sur la société, il aurait convaincu les autres membres du conseil, à l’exception du président Greg Brockman, de se débarrasser du PDG.
La rivalité entre Ilya Sutskever (membre du conseil) et Sam Altman serait au coeur de cette bataille, selon le « New York Times ». Au-delà de divergences stratégiques, ce dernier constatait que son propre rôle au sein de l’entreprise était devenu moins central au cours des derniers mois.
Quoi qu’il en soit, cette annonce est une véritable surprise pour les salariés mais aussi pour les partenaires de l’entreprise, Microsoft en tête. Selon Axios, le géant de la tech aurait découvert la nouvelle du licenciement de Sam Altman… une minute avant la publication du communiqué.
Un électrochoc dans la Silicon Valley, provoquant des réactions en cascade. Dans la foulée, Greg Brockman, un autre cofondateur d’OpenAI, annonce sa démission. Mira Murati, la directrice de la technologie d’OpenAI, est choisie dans un premier temps pour diriger OpenAI.
Mais, durant tout le week-end, les négociations vont bon train pour essayer de faire revenir Sam Altman. Les actionnaires de la société dont Microsoft font pression. Dimanche , un retour de celui qui est devenu en an une star de l’IA semblait quasiment acquis… Il avait fixé comme condition à son retour un changement de la structure de gouvernance de l’entreprise, qui est contrôlée par une association à but non lucratif, et un départ des membres du conseil d’administration ayant choisi de le licencier.
Mais c’était, avant un nouveau rebondissement. Dimanche soir, le conseil d’administration nomme Emmett Shear, cofondateur de Twitch , comme PDG de l’entreprise star de l’IA. Sam Altman semble alors définitivement écarté…
3. Que s’était-il passé depuis l’éviction de Sam Altman ?
Satya Nadella, le PDG du géant américain, a annoncé lundi qu’il recrutait Sam Altman, le « père de ChatGPT ». « C’est comme si Microsoft venait d’acquérir OpenAI pour 0 dollar et aucun risque de poursuite antitrust », résume Ben Thompson, analyste et auteur de la newsletter Stratechery.
Mais rapidement, le patron du groupe infléchit son discours dans des interviews dans la soirée. Il ne semble plus certain que Sam Altman viendra bien travailler chez Microsoft. Lundi, plus de 730 salariés de l’entreprise (qui en compte 770) menacent de démissionner pour suivre Sam Altman . La pression est alors très forte pour le réintégrer.
Même Ilya Sutskever a fait son mea culpa sur X dans la nuit de lundi à ce mardi. « Je regrette profondément ma participation aux actions du conseil d’administration », a-t-il écrit.
4. Qui compose le nouveau board ? Qui sort gagnant ?
Avec l’annonce de la réintégration de Sam Altman, un nouveau conseil d’administration a été nommé. Le nouveau « board » diffère drastiquement par l’expérience de ses premiers membres, par ailleurs tous des hommes. Bret Taylor, 43 ans, co-créateur de Google Maps, est un ex-dirigeant du spécialiste des logiciels Salesforce. Il a oeuvré comme directeur technique chez Facebook (Meta), et a également été membre du conseil d’administration de Twitter devenu depuis X jusqu’à la reprise du réseau social par Elon Musk.
Larry Summers, 68 ans, professeur à Harvard, est l’ancien secrétaire du trésor des Etats-Unis, et a été économiste en chef de la Banque mondiale.
Figure connue de la Silicon Valley, Adam d’Angelo, 39 ans, est l’un des rescapés du précédent conseil. Il a fondé le site de questions-réponses Quora.
On peut imaginer désormais que la gouvernance soit modifiée c’est-à-dire revoir l’équilibre entre la partie lucrative et la partie non lucrative.
Nicolas Gaudemet, Associé, spécialiste de l’IA chez Onepoint
En revanche, Ilya Sutskever, tête pensante d’OpenAI, l’entrepreneuse Tasha McCauley et Helen Toner, directrice de la stratégie d’un institut de recherche dans les nouvelles technologies, ne sont pas cités et pourraient avoir été écartés, rapporte l’AFP.
Toutefois, les choses pourraient encore changer. » L’entreprise parle d’un « new initial board » ce qui signifie que « le conseil d’administration va évoluer. Et le patron de Microsoft a indiqué que c’était une nouvelle étape », reprend Nicolas Gaudemet. « On peut imaginer désormais que la gouvernance de l’entreprise soit modifiée c’est-à-dire revoir l’équilibre entre la partie lucrative et la partie non lucrative. Et, on peut penser que le rythme soutenu de produits, soutenu par Sam Altman va se poursuivre ». Pour lui, « Microsoft et les investisseurs ont eu gain de cause ».
Microsoft semble sorti grandi de cette affaire. « C’est un coup magistral : la société a su mettre la pression pour que Sam Altman revienne dans ses fonctions », reprend Stéphane Distiguin. « Désormais, le nouveau patron d’OpenAI vient en quelque sorte de Microsoft et le groupe aura sans doute plus de pouvoir qu’avant ».
L’autre grand gagnant de cette crise est Sam Altman, qui apparaît renforcé et indispensable à OpenAI. « Il va être l’autre personnage phare de la tech avec Elon Musk », prédit Stéphane Distinguin.
5. A quoi faut-il s’attendre maintenant ?
Il faut s’attendre à de nouvelles évolutions sur le conseil d’administration, sans doute des mouvements parmi les collaborateurs phares et des annonces de la société.
En revanche, peu de chance d’en savoir plus sur les raisons de la crise. Emmett Shear, qui avait été nommé directeur par intérim, avait promis une enquête. Mais le retour de Sam Altman pourrait la rendre caduque. Quoi qu’il en soit, le cofondateur de Twitch qui n’a exercé que quelques jours chez OpenAI s’est félicité sur la plateforme X du retour de Sam Altman, résultat selon lui de « 72 heures de travail très intenses ».
Le modèle qui souhaite l’accélération des développements de l’IA a gagné
Stéphane Distinguin, fondateur de Fabernovel
Selon Stéphane Distinguin, il faut relier cette affaire à un débat plus large, alors que plusieurs pays tentent de mieux réguler l’IA. « Il y a un débat lancinant sur l’éthique dans la Silicon Valley, sur la manière d’avoir un impact positif sur la société – est-ce que la fin justifie les moyens ? . C’est plus simple pour Microsoft de traiter ces sujets majeurs avec un partenaire et à l’extérieur plutôt qu’au sein du géant américain ».
Tout l’enjeu va désormais être de voir quelle direction prend exactement la société californienne. « Il y avait un débat sur est-ce qu’on accélère ou pas ? Le modèle qui souhaite l’accélération des développements de l’IA a gagné, ce qui suppose aussi qu’il y ait des débouchés commerciaux », ajoute Stéphane Distinguin.
6. Que représente OpenAI dans l’écosystème de l’IA ?
C’est l’une des principales sociétés oeuvrant dans l’IA générative, et qui a contribué à populariser cette technologie. Il y a quasiment un an pour jour, la start-up californienne a lancé ChatGPT, qui a connu un véritable boom notamment auprès du grand public. Le robot conversationnel est utilisé par plus de 100 millions de personnes par semaine, selon les données récentes d’OpenAI.
OpenAI est aussi présent dans l’image (DALL-E etc.) et a dévoilé récemment des chatbots que l’on peut adapter à ses besoins , sans avoir besoin de coder.
La société de San Francisco était valorisée, en septembre, autour de 80- 90 milliards de dollars, soit environ trois fois plus qu’en début d’année (29 milliards) , alors même qu’elle affichait une perte de 500 millions en 2022, selon « The Information ». Microsoft a investi 10 milliards de dollars dans OpenAI. Selon le « WSJ », le géant américain posséderait 49 % de la start-up.
Si OpenAI est sans doute la société plus emblématique dans l’IA, elle est loin d’être la seule dans un écosystème en plein bouleversement. Les géants de la tech se sont eux aussi lancés dans la course à l’A à l’image de Google (Bard), ou encore d’Amazon qui a investi dans Anthropic et a mis une dose d’IA dans nombre de ses produits comme l’assistant vocal Alexa . Et il existe foule de plus petites sociétés sans doute moins connues qu’OpenAI (CharacterAI, Inflection etc.).
[ad_2]
Source link