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Portraits de futurs agriculteurs rencontrés dans les allées du Salon de l’agriculture, à Paris.
Pourquoi devenir agriculteur? Lorsque l’on croise un futur agriculteur, c’est souvent la première question que l’on lui pose. Pourtant, pour les lycéens ou les étudiants des formations agricoles, la question n’en est pas vraiment une. Animés par la passion du métier, très attachés à leurs territoires, bientôt diplômés, un grand nombre de garçons et de filles se préparent à rejoindre les fermes, les champs ou les vignes – avec une vision parfois un peu différente de celle des générations précédentes. Dans les allées du Salon de l’agriculture, à Paris, rencontre avec les agriculteurs de demain.
• « Une passion depuis toute petite »: Louna, 18 ans
Originaire de l’Aveyron, Louna Couderc n’imagine pas sa vie sans les animaux. La jeune femme de 18 ans, en première année de BTSA ACSE* au lycée agricole d’Albi (Tarn), est née dans une famille d’éleveurs. « C’est une passion depuis toute petite. Je suis née dedans. J’aime ça, ça me tient à cœur et je ne me vois pas sans les animaux », avance l’étudiante. Plus tard, ce seront les bovins pour elle, comme son père qui élève des vaches de race limousine pour la production de viande.
L’élevage, « c’est un lien avec les animaux qui est vraiment unique », explique Louna.
Avant de gérer ses propres animaux, Louna s’attelle encore à ses études, un passage important pour la jeune femme. « Il y aura forcément un ‘plus’ que nos parents n’auront pas », souligne-t-elle, car « on a la possibilité de découvrir d’autres élevages, d’autres façons de travailler ». Si elle s’imagine bien travailler toute seule à l’avenir, sans aucune appréhension car « il n’y a pas besoin de beaucoup de monde » pour élever des bovins, elle réfléchit tout de même à s’associer à d’autres éleveurs.
Pour la jeune femme, en dehors des vaches, c’est aussi la vie privée à l’extérieur de l’exploitation qu’il faudra gérer. « C’est important de pouvoir se prévoir du temps libre, du moins un temps de vacances » dans l’année, estime Louna, y voyant une question d’organisation. Sans que cela n’anime pourtant toute sa conception de l’élevage. « Ce métier est une passion pour moi, ce n’est pas une contrainte d’y être souvent », sourit-elle. Ce qui lui plaît le plus, « c’est le contact avec les animaux ».
*Brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) en analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole (ACSE)
• « Ne pas être dans un bureau toute la journée »: Benjamin, 18 ans
Dans le Gers, Benjamin Laporte a grandi au milieu des vignes. Le jeune homme de 18 ans, en terminale de bac professionnel CGEVV* à Riscle, poursuivra ensuite ses études par un BTS en alternance. Si son père ne l’a « jamais poussé à faire quoi que ce soit », il compte bien rejoindre l’exploitation familiale à terme. Mais, avant ça, « je veux travailler ailleurs », explique-t-il. « Ce qu’on peut apporter à notre entreprise, ce sont des choses qu’on a apprises ailleurs, qui ne sont pas à la maison ».
Voyant que son père ne prend presque jamais de vacances, Benjamin aimerait faire les choses différemment lorsqu’il sera à la tête de l’exploitation, spécialisée dans vin blanc. « J’ai besoin de sortir » car « ça me fait du bien de décompresser », note le jeune homme, musicien sur son temps libre. Outre une autre organisation du travail, il espère pouvoir s’adjoindre les services d’un employé à l’année, pour pouvoir faire un « métier plus cool ». Un métier qui reste avant tout « une chance », selon lui.
« Ce qui m’intéresse, c’est d’être dehors, de ne pas être dans un bureau la journée, de pouvoir faire plein de choses en même temps », assure Benjamin.
Reste qu’il lui faudra affronter les conséquences du changement climatique. « On a toujours été dépendants du temps mais là, c’est de pire en pire », indique le futur viticulteur. Les épisodes de grêle, de fortes pluies et de tempêtes se succèdent les uns après les autres. « On ne sait pas trop où on va. Si tout se passe bien, on pourra continuer à vivre normalement », espère-t-il, sans défaitisme. « Je me dis qu’ils trouveront une solution, on ne peut pas supprimer le monde agricole ».
*Conduite et gestion d’une entreprise viti-vinicole (CGEVV)
• « Un plaisir d’être auprès de la nature »: Jean-Baptiste, 18 ans
Pour Jean-Baptiste Gayet, 18 ans, nul doute qu’il rejoindra un jour l’exploitation familiale de la Creuse, où travaillent déjà ses parents et son frère, qui élèvent des vaches allaitantes et des porcs. « Devenir agriculteur, c’est une passion que mes parents m’ont transmise, depuis tout petit », explique le jeune homme, en première année de BTSA ACSE* au lycée agricole d’Ahun. Et surtout, « c’est un plaisir d’être auprès de la nature, auprès des animaux », ajoute-t-il avec un grand sourire.
« Ça me fait quand même assez peur, parce qu’on voit bien que le métier devient de plus en plus compliqué et qu’on n’est pas valorisé comme on devrait l’être », ajoute Benjamin.
Lorsqu’on l’interroge sur les changements qu’il aimerait apporter à l’agriculture, ce sont les conditions de travail qu’il évoque. « Travailler 70 heures par semaine, c’est quand même assez compliqué, c’est très pénible, surtout pour la rémunération qu’il y a derrière », assure-t-il. C’est l’une des raisons qui l’ont poussé à faire des études, où il a pu apprendre la comptabilité et la gestion: ne pas dépendre d’organismes extérieurs « qui coûtent cher » pour gérer « toute la paperasse » quotidienne.
Le travail, ce sera en famille. « C’est quelque chose de plaisant, c’est comme ça depuis toujours, ça se passe très bien, il n’y a pas de raison » de faire autrement, avance-t-il. Un gros projet, auquel il compte bien prendre part, occupe l’élevage familial en ce moment. Sa famille, qui élevait jusqu’alors des vaches de race charolaise, passe aux bovins Aubrac. Une race à la « belle robe » et aux « facilités de naissance », mais qui résiste aussi bien aux sécheresses, appelées à devenir de plus en plus sévères.
**Brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) en analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole (ACSE)
• « Ça ne me fait pas peur »: Coralie, 23 ans
Entre un père maçon et une mère factrice, Coralie Debaire n’était pas destinée à l’agriculture. Mais la jeune femme de 23 ans, après plusieurs stages dans une exploitation lors d’une licence en commerce, s’est prise de passion pour la viticulture. « Mes parents ne sont pas du tout dans ce métier-là » mais, en vivant dans le Gers, département rural, « on a toujours baigné » dans le monde agricole, explique Coralie, qui passe aujourd’hui un BTSA œnologie et viticulture au CFPAA de Riscle.
« On ne s’ennuie jamais », se réjouit Coralie.
Ce qui l’a séduite, c’est la polyvalence. « J’ai l’impression d’avoir plusieurs métiers en une seule journée. On a la taille de la vigne, en même temps on peut lier, on a la tombée des bois aussi », énumère-t-elle. Sans compter « toute la partie commerce », son autre appui, ajoute la future viticultrice, citant l’œnotourisme. Avant de se lancer à son propre compte, Coralie cherchera d’abord un emploi salarié dans un domaine, pour voir « toutes les possibilités qui s’offrent à elle », anticipe-t-elle, prudente.
Mais elle espère bien un jour cultiver ses propres vignes et produire son propre vin. « Dans le Gers, on a l’armagnac et le floc de Gascogne », un vin de liqueur composé de jus de raisins et d’armagnac, « ce sont des produits en lesquels je crois », avance la jeune femme, en future entrepreneuse accomplie. « On a beaucoup de déclinaisons de cocktails » à partir de ces deux boissons, dont les usages se sont beaucoup diversifiés, précise-t-elle. « Pour moi, ce sont vraiment des produits d’avenir ».
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