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« Est-ce que les nuages vont nous empêcher de voir les étoiles filantes ce soir ? », s’inquiète une visiteuse. Il est près de 22 h 00 ce jeudi 10 août au parc zoologique de Vincennes, et le ciel est encore zébré de quelques nuages blancs. « Ne vous inquiétez pas, ils ont un pouvoir spécial, répond une médiatrice. Vers 23 h 00 ils vont disparaître. » Une foule patiente avant de pouvoir accéder aux télescopes installés pour le lancement de la 33e édition des Nuits des étoiles. Effectivement, il suffit de s’armer d’un peu de patience pour voir les cieux se dégarnir lentement, et profiter pleinement de ce qui rassemble les visiteurs ce soir : les étoiles.
Voilà que les premiers astres apparaissent. « Ce ne serait pas l’étoile du berger là ? », souffle un homme en pointant vers un point brillant. Petit à petit, les constellations commencent à se faire reconnaissables. « Regardez, la Grande Ourse ! » Dans la pénombre du zoo, des souffles émerveillés viennent perturber le sommeil des otaries et des manchots. Lorsque le premier groupe de passionnés accède aux télescopes, tous les engins sont braqués sur cet amas d’étoiles en forme de casserole.
« J’habite près de Paris, et il est vrai qu’il est rare de bien voir les étoiles »
Pour certains visiteurs franciliens, cette soirée est l’occasion d’observer quelque chose qui n’est que trop peu visible dans le ciel nocturne de la capitale, et plus généralement de toutes les grandes villes. « J’habite près de Paris, et il est vrai qu’il est rare de bien voir les étoiles », admet Yulia, qui participe à sa première Nuit. Sarah et Anthony, venus de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), ont l’occasion de profiter de temps en temps de ce spectacle céleste. « Il nous arrive de regarder les étoiles à l’œil nu. Les nuits d’été, on en voit souvent. »
Les territoires ruraux sont bien souvent avantagés dans l’observation des astres. « Le problème, ce sont les lampadaires qui éclairent vers le ciel », explique Delphine Nguyen, secrétaire générale de l’Association Française d’Astronomie (AFA), organisme à l’initiative de ces soirées. « Depuis le début des années 2010, la question de la pollution lumineuse arrive de plus en plus dans le débat public, il y a une vraie prise de conscience » , ajoute-t-elle.
Le problème de la pollution lumineuse
« Ne plus voir les étoiles, ce serait se couper de la réalité. Beaucoup de choses dans votre vie sont définies pour des raisons astronomiques », souligne l’organisatrice de l’évènement. Selon un rapport publié début 2023 dans la revue Science, plus de 80 % de la population mondiale vit sous un ciel pollué par des lumières en tout genre. Pour permettre de continuer à percevoir les objets célestes dans cet encombrement constant, des solutions technologiques sont trouvées.
Laurent Marfisi, cofondateur et directeur général d’Unistellar, a développé un télescope « capable de compenser la pollution lumineuse, même en pleine ville, et de voir de ce qu’on ne peut pas observer avec un télescope classique ». L’engin est capable par ailleurs de s’orienter automatiquement vers ce qu’il y a de « plus intéressant » dans le ciel. Au zoo de Vincennes, il pointe vers un regroupement d’astres baignant dans un nuage bleu-rouge. « C’est la nébuleuse de l’Haltère, s’enthousiasme le fondateur de la »space tech« marseillaise Unistellar. Elle est issue d’une étoile morte il y a 3 000 ans. » Évidemment, tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir un instrument à plusieurs centaines ou milliers d’euros. Le ciel, lui, reste évidemment gratuit pour tous. « Avant d’utiliser le télescope, il faut se servir de l’outil puissant que sont nos yeux », explique un animateur de l’AFA à un groupe de visiteurs.
Vertige quant à l’immensité de l’Univers
Lorsque les astronomes amateurs mesurent l’immensité du cosmos en ce soir, des questions existentielles se posent inévitablement. « Les étoiles, c’est un peu comme un plan brillant dans ce grand vide qui nous entoure, estime Louis-Henri. On est vraiment tout petit par rapport à ça. » Même constat du côté d’Alain Cirou, directeur de la rédaction du magazine Ciel et Espace, et l’un des fondateurs des Nuits des étoiles. « S ans les étoiles, on ne se sentirait pas de la même façon. Elles nous ouvrent la porte à des questions fabuleuses. Quand je me dis que la lumière que je reçois est partie il y a 250 ans, cela me donne le vertige », observe, rêveur, celui qui se décrit volontiers comme « astronome amateur ».
Pour Delphine Nguyen, lutter contre la pollution lumineuse et retrouver le lien avec les astres, revient aussi à « se reprojeter dans les questions métaphysiques de nos ancêtres ». Une manière de retrouver sa place dans l’univers.
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