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(BFM Bourse) – Le groupe à la virgule a été contraint d’abaisser son objectif de croissance pour son exercice 2023-2024 en raison d’une demande qui se grippe. Son action plonge à Wall Street tandis que Puma et Adidas chutent à Francfort.
En grec le mot « Niké » renvoie au nom de la divinité grecque de la victoire. Mais pour Nike, qui tire son nom de cette déesse, la publication des comptes trimestriels ressemble davantage à une défaite, ce vendredi.
Depuis plusieurs mois, le secteur des biens d’équipements sportifs pâtit de craintes sur la demande et d’un niveau de stocks élevés, notamment dans le canal « wholesale », c’est-à-dire les ventes via des magasins multi-marques.
Les résultats du deuxième trimestre de l’exercice 2023-2024 de Nike, qui clôture ses comptes à fin mai, n’apaisent pas ces inquiétudes, bien au contraire.
Les revenus de la société sont ressortis en hausse de 1% à 13,39 milliards de dollars, et en baisse de 1% hors effets de changes. Le groupe manque de peu les attentes des analystes, qui tablaient sur des revenus de 13,43 milliards selon un consensus LSEG cité par CNBC. Les revenus « wholesale » ont notamment baissé de 3% hors effets de changes. Le bénéfice par action a lui dépassé les attentes, s’établissant à 1,03 dollar contre un consensus à 85 cents.
Des comportements des consommateurs changeants
Mais au-delà des chiffres, la tonalité du groupe sur ses perspectives s’avère préoccupante. « Nous voyons des indications montrant que les consommateurs se comportent plus prudemment dans l’ensemble du monde », a expliqué le directeur financier du groupe américain, Matthew Friend, cité par CNBC.
Le dirigeant a mentionné en particulier la Chine au sens large (avec Hong Kong et Taïwan) ainsi que la région Europe-Moyen-Orient-Afrique. Ce ralentissement de la demande s’est aussi diffusé aux ventes en ligne contraignant le groupe à accentuer ses promotions.
« Nous savons que dans un environnement comme celui-ci, lorsque le consommateur est sous pression et que l’activité promotionnelle est plus importante, c’est la nouveauté et l’innovation qui poussent le consommateur à agir », a également déclaré Matthew Friend.
En conséquence, Nike a sabré sa prévision de croissance, tablant désormais sur une progression de ses ventes d’environ 1% pour l’ensemble de son exercice 2023-2024, alors qu’il tablait auparavant sur une hausse « mid-single digit », soit entre 4% et 6%. Avant cette annonce, les analystes, eux, prévoyaient une progression de 3,8% selon le consensus LSEG.
Puma et Adidas touchés par ricochet
« Les résultats de Nike ont été complètement éclipsés par les perspectives décevantes pour le second semestre », résume David Schwartz de Morningstar, qui attendait jusque-là une croissance à 4% pour l’exercice 2023-2024.
De plus, la société a décidé de lancer un plan pour réduire ses coûts de 2 milliards d’euros de coûts en cumulé sur les trois prochaines années. Ce qui passera par un recours accru à l’automatisation et à la technologie mais aussi par des réductions d’effectifs qui n’ont pas été chiffrées par Nike. Ce programme de réductions de coûts entraînera des charges de restructurations situées entre 400 millions et 450 millions de dollars.
« L’innovation est nécessaire pour que le groupe accélère ses ventes », commente Bank of America, qui a abaissé son objectif de cours à 125 dollars contre 130 dollars sur le titre (actuellement à 110 dollars).
Conséquence de ces annonces, Nike plonge en Bourse, chutant de 11,7% dans les échanges de préouverture à Wall Street. Le groupe américain entraîne dans son sillage les autres équipementiers sportifs, notamment son compatriote Under Armour, qui plonge de 6,1%.
A Francfort, Adidas recule de 5,4% tandis que son frère ennemi Puma cède 6,1%. « La corrélation (entre les différents vendeurs d’articles de sports, NDLR) a été plus limitée ces derniers trimestres, mais l’annonce pèse sur Adidas et Puma », résume un opérateur de marché, cité par Reuters.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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