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Publié le 31 juil. 2023 à 11:17Mis à jour le 31 juil. 2023 à 18:24
Les putschistes au Niger ont fait, lundi, un pas de plus vers la rupture avec la France, alliée d’hier et puissance coloniale d’avant-hier.
Alors que ses voisins de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) n’avaient pas exclu, dimanche, le recours à la force militaire pour rétablir le pouvoir constitutionnel, c’est Paris que la junte de généraux et colonels qui a renversé le président Mohamed Bazoum, mercredi, a choisi de cibler.
Ils ont accusé la France dans un communiqué, lundi, de « vouloir intervenir militairement au Niger avec la complicité de certains Nigériens ». Paris aurait « tenu une réunion à l’état-major de la garde nationale du Niger, pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires ».
Discours anti-français désormais traditionnel
Une démarche qui aurait, de même source, conduit certains responsables, fidèles au président Mohamed Bazoum, à donner leur blanc-seing à Paris. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Hassoumi Massaoudou, qui assure l’intérim du Premier ministre du gouvernement renversé , aurait autorisé la France à « opérer des frappes au sein du palais présidentiel, afin de libérer le président de la République du Niger, Mohamed Bazoum pris en otage ».
Un texte identique aurait été également signé par le commandant de la garde nationale du Niger. Des détails toutefois peu vraisemblables, puisqu’un raid aérien aurait eu des chances non négligeables de tuer le président Bazoum…
Ces accusations à l’encontre de la France visent sans doute à souder la population nigérienne derrière la junte, alors que les forces armées sont réputées divisées et n’ont d’ailleurs suivi le putsch qu’après une journée de flottement. Les coups d’Etat au Sahel « sont soutenus par une frange de la population qui a déjà manifesté une attitude hostile à l’égard de la présence française ou occidentale », souligne Ibrahim Yahaya Ibrahim, chercheur pour l’International Crisis Group (ICG).
« Mohamed Bazoum n’a pas su montrer clairement au peuple nigérien qu’il entretenait une relation décomplexée avec les partenaires occidentaux, il est apparu dans l’opinion comme quelqu’un de très proche de la France », ajoute-t-il.
Une vague d’arrestations
Par ailleurs, alors que s’est déroulée sans incident à Niamey une manifestation réclamant le retour à l’ordre constitutionnel, la junte a procédé à une dizaine d’arrestations de proches de l’ancien président, lundi, en sus de celles, jeudi, des ministres de l’Intérieur, Hama Amadou Souley, des Transports, Oumarou Malam Alma, et des Finances, Ahmat Jidoud.
L’arrestation la plus significative est toutefois celle du ministre du Pétrole, Mahamane Sani Mahamadou, car il est le fils de Mahamadou Issoufou, prédécesseur du président déchu. En effet, le chef de la junte, le général Omar Tchiani, est réputé très proche de l’ancien président, qui l’avait nommé en 2011 à la tête de l’unité d’élite de la garde présidentielle. Il se disait à Niamey que ce dernier, dont le silence frappe les observateurs, tentait une médiation discrète pour un retour à l’ordre constitutionnel. Médiation que l’arrestation de son fils rend vraisemblablement impossible.
Paris « ne tolérera aucune attaque contre la France »
L’Elysée n’a pas commenté les allégations de la junte, mais a averti que « quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable ».
Près de 500 ressortissants français vivent au Niger et Paris a souligné que des mesures de précaution avaient été prises, en clair l’identification précise de leur lieu de résidence en vue d’une évacuation en cas de tensions anti-françaises graves. Les ressortissants français, pour la plupart terrés chez eux, n’ont toutefois pas fait état d’une hostilité à leur encontre, même si des manifestations ont visé, dimanche, l’ambassade de France.
Un partenaire moins stratégique pour l’uranium français
L’Allemagne et le Royaume-Uni ont annoncé, lundi, la suspension de leur aide budgétaire et au développement et le Conseil de sécurité de l’ONU, avec l’appui inhabituel de la Russie, a réclamé le retour à la légalité.
Le Niger, aride et dénué de ressources hormis de l’uranium, dont il est le quatrième producteur mondial, est un des pays les plus pauvres du monde. Sa croissance démographique est vertigineuse, avec la plus forte fécondité de la planète, 6,7 enfants par femme, au point que sa population pourrait atteindre 100 millions de personnes contre 22 millions aujourd’hui et… 1,5 million lors de l’indépendance en 1960.
S’il est considéré par Washington et Paris comme une base clé pour lutter contre les djihadistes, surtout depuis le virage anti-occidental du Mali et du Burkina Faso voisins, « sur l’uranium il n’est plus un partenaire stratégique comme il pouvait l’être dans les années 1970-1980 », souligne Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales. Le Niger, qui a longtemps été le principal pourvoyeur d’uranium de la France, n’était plus que le quatrième en 2022, avec 15 % des besoins, derrière le Kazakhstan, le Canada et l’Ouzbékistan.
Première apparition du président Bazoum depuis le putsch
C’est sa première apparition depuis le coup d’Etat du 26 juillet. Mohamed Bazoum, se montre souriant sur une photo publiée dimanche sur Facebook par le dirigeant du Tchad, Mahamat Idriss Déby, dont le pays est voisin du Niger. Le dirigeant tchadien s’est également « entretenu avec le général Tchiani ».
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