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Moment crucial dans la crise politique que traverse depuis plusieurs jours le Niger . Ce jeudi après-midi, les dirigeants des pays d’Afrique de l’Ouest opposés au coup d’Etat au Niger ont commencé à se réunir à Abuja pour un sommet déterminant, après l’échec de leur ultimatum aux militaires qui ont pris le pouvoir.
« D’importantes décisions » sont attendues lors de ce sommet, a prévenu ce mardi la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, tout en maintenant sa menace d’un recours à la force. Une position réaffirmée par Bola Tinubu, président du Nigeria (voisin du Niger), actuellement à la tête de l’organisation, lors de son arrivée au sommet. « Il est crucial que nous donnions la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue comme socle de notre approche », a-t-il déclaré.
S’envolant pour la capitale nigériane ce mercredi soir, le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a affirmé que « le seul président » reconnu au Niger est le président Bazoum. « Les coups d’Etat doivent être bannis », a-t-il ajouté, estimant que la Cedeao, dont son pays et le Niger font partie, jouait son existence après les putschs dans trois autres Etats membres (Mali, Guinée, Burkina Faso, suspendus de ses instances dirigeantes) depuis 2020.
Une intervention militaire toujours dans les options
La junte militaire au Niger a semblé jusqu’ici fermée aux tentatives de négociations de la Cedeao. Mardi, une délégation conjointe de la Cedeao, de l’Union africaine (UA) et des Nations unies avaient tenté de se rendre à Niamey. En vain, les putschistes leur barrant la route en invoquant des raisons de « sécurité ».
Cette inflexibilité fait craindre que le sommet de ce jeudi matérialise la menace d’intervention militaire, aussi redoutée que critiquée dans la région. Les chefs d’état-major de la Cedeao se sont d’ailleurs réunis vendredi denier à Abuja, où ils ont défini les contours d’une possible intervention militaire.
Seule éclaircie en vue du sommet : une rencontre mercredi soir à Niamey entre le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, et l’ex-émir de l’Etat nigérian de Kano Sanusi Lamido Sanusi, un proche du président du Nigeria Bola Tinubu. « Nous sommes venus en espérant que notre arrivée va ouvrir la voie à de vraies discussions entre les dirigeants du Niger et ceux du Nigeria », a déclaré l’ex-émir, précisant cependant ne pas être un « émissaire du gouvernement » nigérian.
De leur côté, le Mali et le Burkina Faso ont affiché leur solidarité avec les militaires du Niger. Ils ont affirmé que si le pays était attaqué par la Cedeao, ce serait « une déclaration de guerre » pour eux. Mardi, ils ont adressé des lettres conjointes à l’ONU et à l’UA en appelant à leur « responsabilité » pour empêcher « toute intervention militaire contre le Niger dont l’ampleur des conséquences sécuritaires et humanitaires serait imprévisible ».
Dans ses efforts pour rétablir le président Bazoum, la Cedeao peut quant à elle compter sur le soutien des puissances occidentales, en premier lieu les Etats-Unis et la France qui avaient fait du Niger un pivot de leur dispositif antijihadiste au Sahel.
Inquiétude sur les conditions de détention du président Bazoum
Les Etats-Unis ont exprimé ce mercredi leur inquiétude à propos des conditions de détention du président Bazoum, détenu depuis le coup d’Etat du 26 juillet dans sa résidence présidentielle. La numéro deux de la diplomatie américaine était venue ce lundi à Niamey pour rencontrer les auteurs du coup d’Etat, réunion à laquelle n’avait pas participé le général Tiani.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui aussi dit sa préoccupation, exigeant la libération de Mohamed Bazoum et dénonçant « les déplorables conditions dans lesquelles vivraient le président Bazoum et sa famille ».
Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, la France a suspendu les accords de coopération militaire avec Niamey. Les militaires nigériens ont, eux, dénoncé la semaine dernière ces accords, ce que Paris a rejeté, au motif que ceux-ci avaient été signés par les autorités nigériennes légitimes.
Mercredi, les militaires ont accusé Paris d’avoir violé dans la matinée l’espace arien nigérien, fermé depuis dimanche, avec un avion de l’armée française venu du Tchad, et d’avoir « libéré des terroristes ». Des accusations aussitôt démenties par la France.
Le régime militaire forme un nouveau gouvernement
La junte au pouvoir a formé un gouvernement, selon un décret du nouvel homme fort du pays, le général Abdourahamane Tiani, lu à la télévision nationale dans la nuit de ce mercredi à jeudi. Ce gouvernement est dirigé par le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé ce lundi. Il comprend 20 ministres. Ceux de la Défense et de l’Intérieur sont des généraux du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir, respectivement le général Salifou Mody et le général Mohamed Toumba.
Avec AFP
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