[ad_1]
La situation s’enlise au Niger depuis le coup d’Etat. Ce jeudi, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a tenu un sommet crucial sur le putsch, a ordonné le déploiement d’une « force en attente » pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger. Elle devrait intervenir « dans les plus brefs délais ».
Quarante-huit heures après le coup d’Etat du 26 juillet, le général Abdourahamane Tiani s’est autoproclamé chef de l’Etat et président du nouvellement créé Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Dans la foulée, la Cedeao a lancé un premier ultimatum resté sans réponse, annonçant un possible recours à la force si les putschistes ne rétablissaient pas le président Bazoum à ses fonctions en sept jours.
Les dirigeants et chefs d’état-major ouest-africains doivent de nouveau se réunir ce samedi au Ghana, où ils discuteront « des meilleures options » quant à leur décision d’activer et de déployer cette « force en attente ». Que sait-on de cette force et quelle est la situation actuelle ? Eléments d’explications.
1. Que sait-on du déploiement de cette « force en attente » ?
A l’issue du sommet d’Abuja ce jeudi, le président du Nigeria Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Cedeao, a affirmé qu’un recours à la force « en dernier recours » n’est pas exclu. Mais la Cedeao espère toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise, et n’a pour l’heure précisé aucun calendrier, ni le nombre ou l’origine des militaires composant cette « force en attente ».
Le président ivoirien Alassane Ouattara a tout de même précisé que la Côte d’Ivoire « fournira un bataillon » de 850 à 1.100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que « d’autres pays » les rejoindront. Les chefs d’état-major de la Cedeao s’étaient déjà réunis vendredi dernier pour définir les contours d’une possible intervention militaire .
« Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux », a martelé Alassane Ouattara. Mais le Mali et le Burkina Faso ont affiché leur solidarité avec les militaires du Niger, affirmant que si le pays était attaqué par la Cedeao, ce serait « une déclaration de guerre » pour eux.
2. Pourquoi cette décision ?
Juste avant le sommet, les militaires au pouvoir ont annoncé la formation d’un gouvernement à Niamey composé de vingt ministres et dirigé par Ali Mahaman Lamine Zeine. Ceux de la Défense et de l’Intérieur sont des généraux du CNSP, respectivement le général Salifou Mody et le général Mohamed Toumba. Cette annonce apparaît comme un signe de défiance à l’égard des dirigeants de la Cedeao, et marque l’assise du régime.
Jusqu’alors, la junte militaire au Niger est restée fermée aux tentatives de négociations. Une délégation conjointe de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations unies avaient tenté de se rendre à Niamey ce mardi, mais les putschistes leur ont barré la route en invoquant des raisons de « sécurité ».
3. Quel est le rôle de la France dans ce conflit ?
La France a de son côté apporté « son plein soutien à l’ensemble des conclusions » de la Cedeao et réitéré « sa ferme condamnation de la tentative de putsch en cours au Niger, ainsi que de la séquestration du Président (Mohamed) Bazoum et de sa famille ». L’Hexagone, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, ont annoncé la suspension de leur aide au développement et de leur coopération directe avec le Niger. Les programmes de RFI (Radio France Internationale) et de la chaîne de télévision d’information France 24 ont notamment été interrompus au Niger.
La France est la cible principale des putschistes. Les nouveaux maîtres de Niamey considèrent la Cedeao comme une organisation « à la solde » de la France, ancienne puissance coloniale. Le CNSP a accusé la France d’avoir violé l’espace aérien nigérien, fermé depuis dimanche , avec un avion de l’armée française venu du Tchad, et d’avoir « libéré des terroristes », ce qui constitue selon les putschistes « un véritable plan de déstabilisation de notre pays ». Ces accusations ont été aussitôt démenties par la France.
Les putschistes au Niger ont également dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec la France, qui concernent notamment le « stationnement » du détachement français et le « statut » des militaires présents dans le cadre de la lutte antidjihadiste. La France compte 1.500 soldats déployés pour la lutte antidjihadiste.
A Niamey, jeudi après-midi, des centaines de manifestants se sont rassemblées dans la capitale pour scander des slogans hostiles à la France et aux Etats-Unis, considérés comme des « ennemis du Niger », avant de se disperser dans la soirée. Face à l’hostilité envers le pays, la France a dû rapatrier 1.079 personnes , dont 577 Français aux côtés des ressortissants de 50 autres nationalités.
4. Quel avenir pour le président déchu ?
L’UE a exprimé sa « profonde inquiétude » face à « la détérioration des conditions de détention » du président nigérien Mohamed Bazoum, et réclamé de nouveau sa libération « immédiate et sans condition ». Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a également dénoncé « les déplorables conditions dans lesquelles vivraient le président Bazoum et sa famille », et « appelle une nouvelle fois à sa libération immédiate et sans condition, ainsi qu’à son rétablissement à la tête de l’Etat ».
Le président Bazoum et sa famille « seraient, selon les dernières informations, privés de nourriture, d’électricité et de soins depuis plusieurs jours », a indiqué sur X (ex-Twitter) le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell. Il aurait également affirmé dans une série de messages envoyés à un ami qu’il était privé de « tout contact humain depuis vendredi » dernier, sans que personne ne lui apporte de nourriture ni de médicaments.
Mohamed Bazoum peut compter sur quelques soutiens comme l’ancien rebelle touareg et ministre d’Etat nigérien Rhissa Ag Boula. Ce dernier a annoncé la création d’un nouveau mouvement, baptisé Conseil de la résistance pour la République, afin de rétablir à ses fonctions le président déchu.
[ad_2]
Source link