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Pour Nestlé, réduire ses émissions dans ses propres activités est ce « qui fait le plus la différence » pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone. Le groupe a donc décidé de se détourner des compensations carbones, un mécanisme de plus en plus critiqué.
Le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé se détourne de la compensation carbone, de plus en plus accusée de n’être qu’une forme d’écoblanchiment, pour se concentrer davantage sur la réduction des émissions dans sa chaîne d’approvisionnement a-t-il confirmé mercredi.
Réduire ses émissions est ce « qui fait le plus la différence »
« Nous nous éloignons des investissements dans les compensations carbone afin d’investir dans des programmes et pratiques qui aident à réduire les émissions de gaz à effets de serre dans notre propre chaîne d’approvisionnement et dans nos activités », a déclaré une porte-parole du groupe à l’AFP, confirmant une information de l’agence Bloomberg.
Le groupe propriétaire notamment des barres chocolatées KitKat et des dosettes de café Nespresso considère que réduire ses émissions dans ses propres activités est ce « qui fait le plus la différence » pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone, a-t-elle ajouté.
Le groupe multiplie notamment les initiatives dans l’agriculture, reconnaissant que les deux tiers de ses émissions venaient de ses approvisionnements en matières premières agricoles.
Gucci, EasyJet… Nestlé n’est pas la seule
D’autres entreprises s’écartent des compensations carbone, note l’agence Bloomberg, qui prend en exemple la marque de luxe Gucci ou la compagnie aérienne Easyjet.
Dans un rapport publié en février, les ONG New Climate Institute et Carbon Market Watch avaient fustigé « un recours excessif à des mécanismes de compensation carbone » par une partie des grandes entreprises, alors que planter des arbres ne suffit pas à réduire les effets du réchauffement climatique.
Les entreprises sont toutefois de plus en plus « frileuses » à l’égard de cet instrument, observe Gilles Dufrasne, chef de projet à Carbon Market Watch.
« Il y a une prise de conscience de la part du public de l’impact réel des effets des crédits de compensation », explique-t-il.
Désormais, elles ne s’exposent pas uniquement à des critiques, mais aussi à des risques grandissants d’actions en justice « pour publicité mensongère ».
Certaines prennent donc leur distance par rapport à la compensation carbone alors que cet instrument « fini par se retourner contre elles », note-t-il.
Manque de transparence de Nestlé selon deux ONG
Dans le cas de Nestlé, l’entreprise n’a jamais vraiment eu recours à la compensation carbone, estime Gilles Dufrasne, qui lui reproche de faire non pas du « offsetting » (le mécanisme classique de compensation) mais du « insetting », qui consiste à utiliser les émissions négatives obtenues dans certains projets pour compenser ses autres émissions ailleurs, décrypte-t-il.
Or, ce concept mis en avant par Nestlé n’est pas universellement reconnu et rend sa stratégie en matière de neutralité carbone difficile à évaluer, souligne un rapport des deux ONG.
Ce rapport a passé en revue 24 grandes entreprises et a notamment pour cette raison classé Nestlé parmi les entreprises dont la transparence est faible concernant leur stratégie de neutralité carbone.
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