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Publié le 27 déc. 2023 à 12:55Mis à jour le 27 déc. 2023 à 19:31
Il était l’homme de la rigueur en Allemagne, la terreur des Grecs durant la crise de la zone euro mais aussi l’un des artisans de la réunification allemande et un ami de la France. Wolfgang Schäuble est mort mardi soir à 81 ans après une longue maladie. « Avec lui, l’Allemagne perd un fin penseur, un homme politique passionné et un démocrate pugnace », a commenté le chancelier Olaf Scholz .
Peu d’hommes politiques ont autant marqué l’Allemagne de l’après-guerre que l’ancien ministre d’Helmut Kohl et d’Angela Merkel. Tous les Allemands ont en tête l’image de l’homme qui se déplaçait en fauteuil roulant depuis qu’un déséquilibré avait tiré sur lui durant la campagne électorale de 1990. Une balle de calibre .38 dans la colonne vertébrale l’a laissé paraplégique. Ses adversaires politiques se souviennent aussi de son ton parfois charmant, souvent mordant durant les débats.
Homme à tout faire d’Helmut Kohl
Député de la CDU sans interruption depuis 1972, il a longtemps été l’homme à tout faire d’Helmut Kohl. Il a notamment négocié la réunification avec ses homologues de l’ancienne Allemagne communiste, la RDA. Cette proximité a failli mettre fin à sa carrière lors d’une affaire de caisse noire pour le financement de la campagne de la CDU, qui a entraîné la chute du géant Kohl.
Le coup fatal a été porté en 1999 par Angela Merkel, alors secrétaire générale de la CDU, dans un article du « Frankfurter Allgemeine Zeitung » appelant à la réforme du parti. Les derniers espoirs de Wolfgang Schäuble d’arriver un jour à la chancellerie étaient douchés.
Celle qui se reconnaît aujourd’hui comme une élève politique de Wolfgang Schäuble est arrivée au pouvoir en 2005. Loyal malgré leurs nombreuses divergences, Schäuble a été un pilier de ce règne de seize ans. « En tant que ministre de l’Intérieur et ministre des Finances, il a été l’un des points d’ancrage de mes trois premiers cabinets », reconnaît Angela Merkel, dans un communiqué publié mercredi.
Bête noire des Grecs
« Européen passionné », selon l’ancienne chancelière, son âpreté dans les négociations en a pourtant fait une légende à Bruxelles, pour le meilleur comme pour le pire.
Les Grecs gardent un souvenir amer de ces années de crise de la dette après 2010 , lorsque le ministre allemand de l’Economie envisageait que la Grèce quitte la zone euro, contre l’avis d’Angela Merkel. La France et l’Italie s’étaient alors unies contre lui. « Je dis à l’Allemagne qu’assez est assez », martelait le Premier ministre italien Matteo Renzi à son attention.
La presse de boulevard a fait ses choux gras de ses passes d’armes en 2015 avec son homologue grec, l’économiste de gauche Yanis Varoufakis, son opposé d’esprit comme d’allure. Loin d’enterrer les armes, l’ancien politicien grec a signé mercredi sur X une nécrologie au vitriol contre « l’austérité violente » imposée par Wolfgang Schäuble et que « l’histoire jugera durement ».
Ο Βόλφγκανγκ Σόιμπλε ήταν η προσωποποίηση της πολιτικής στήριξης (με μέσα βίαιης λιτότητας και κατάλυσης των δημοκρατικών θεσμών) μιας νομισματικής ένωσης στην οποία ο ίδιος δεν πίστευε. Προσωποποιούσε δηλαδή την εκρηκτική αντίφαση που γέννησε την Κρίση του Ευρώ και τις…
— Yanis Varoufakis (@yanisvaroufakis) December 27, 2023
Stabilité budgétaire des années Merkel
En Allemagne, Wolfgang Schäuble est reconnu comme l’artisan de la stabilité qui a marqué les années Merkel. Il a laissé en héritage l’introduction d’un « frein à la dette » dans la constitution allemande en 2011. L’un de ses grands principes était de maintenir la confiance, parce que « l’évolution économique dépend très fortement de l’état psychologique des investisseurs comme des consommateurs », expliquait-il alors.
De fait, les efforts du gouvernement de coalition d’Olaf Scholz pour boucler un budget en contournant le « frein à la dette » ont non seulement été bloqués par la cour constitutionnelle allemande mais ils minent aujourd’hui la confiance des citoyens envers leur gouvernement.
Wolfgang Schäuble n’était pas avare non plus de critiques envers les dérapages budgétaires français, malgré sa proximité avec des leaders politiques de droite comme de gauche, de Michel Sapin, ministre de l’Economie de François Hollande, à Nicolas Sarkozy, qu’il a côtoyé directement comme ministre de l’Intérieur. Il était « un ami de la France », a souligné mercredi Emmanuel Macron. Il était « un ami, un partenaire loyal et sûr, un artisan inlassable de l’amitié franco-allemande », a rappelé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Né tout près de la frontière alsacienne, il était francophone et francophile. Il a raconté cet été encore, dans un entretien avec le groupe de presse RND, à quel point il avait été marqué par le « discours à la jeunesse allemande » du général de Gaulle à Ludwigsburg.
Son écho résonnait encore dans sa « lettre à mes amis Français », publiée lors de l’anniversaire du Traité de Rome en 2017. Il mettait alors les Français en garde contre les tentations populistes. Il avait employé ces dernières années à la présidence du Bundestag, dont il était le doyen, à contrer le poids croissant du parti d’ extrême droite , l’AfD.
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